mardi 11 septembre 2018

Le canton de Vaud sera-t-il le premier à renvoyer vers l’Ethiopie ?


En avril, on apprenait avec une certaine stupeur la signature d’un nouvel accord migratoire avec l’Éthiopie: désormais il sera possible de renvoyer des personnes déboutées de l’asile vers cette dictature. Le canton de Vaud, soi-disant à la traine des renvois selon Berne, a-t-il décidé d’être cette fois un exemple en renvoyant le premier des Éthiopien∙ne∙s vers une destination où ils et elles risquent la torture et la détention arbitraire?
Les opposant∙e∙s politiques sont en Éthiopie durement réprimé∙e∙s. Amnesty International comme Human Rights Watch ont souvent dénoncé la situation. Et pourtant, la Suisse a signé ce printemps un accord qui facilite les expulsions vers ce pays. Un accord qui prévoit la transmission aux services secrets éthiopiens des données personnelles des personnes renvoyées de force. Ces services secrets participent activement aux actes de tortures que dénoncent les ONG. Ils sont à la solde du régime au pouvoir dont les forces spéciales ont exécuté plusieurs centaines de personnes, parmi elles des bébés. Des milliers d’Éthiopien∙ne∙s sont encore détenu∙e∙s arbitrairement, parmi elles des militant∙e∙s politiques et des manifestant∙e∙s pacifiques. Non contentes de renvoyer des êtres humains vers la torture, la Suisse et l’Union européenne facilitent le travail de leurs bourreaux !
Cet accord inique, qui éloigne encore plus la réputation du pays des droits humains de la réalité, n’a pourtant été signé que pour environ 300 personnes qui sont sur la sellette d’un renvoi. Mais près de 1500 autres Éthiopien∙ne∙s attendent dans l’angoisse une décision à leur demande d’asile.
Dans le canton de Vaud, une trentaine de personnes vivent dans la crainte d’être renvoyées directement dans les bras des services secrets éthiopiens. Plusieurs personnes sont déjà assignées à résidence et sous la menace d’une expulsion imminente. Est-ce pour répondre aux critiques de Berne que les autorités mettent désormais la pression sur ces personnes?
Le collectif Droit de rester s’inquiète du sort des opposant∙e∙s politiques qui seront renvoyé∙e∙s. Le canton de Vaud n’a pas à participer à cette violation des droits humains ! Le Conseil d’État présentera-t-il platement ses excuses lorsque nos ami∙e∙s renvoyé∙e∙s auront été torturé∙e∙s? Le SEM devra-t-il les ramener en Suisse, comme il avait dû le faire avec deux Sri Lankais en 2014?
Nous demandons que les autorités vaudoises cessent immédiatement de collaborer à un tel déni des droits et fassent tout leur possible pour que le SEM accorde aux ressortissant∙e∙s éthiopien∙ne∙s un droit de séjour. En attendant, les renvois doivent être suspendus !

Voir le rapport d’Amnesty International sur l’Ethiopie, 2017/2018 :
https://www.amnesty.org/fr/countries/africa/ethiopia/report-ethiopia/

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