jeudi 10 juillet 2014

Réaction face à une nouvelle tragédie de la migration

L’annonce faite hier du cas d’une Syrienne ayant perdu son bébé faute de soins est une illustration de plus du mépris dont la Suisse fait preuve à l’égard des migrants. L’enchaînement des faits, tel que présenté par 10vor10, est sidérant et plusieurs éléments choquants doivent être soulignés.
La non-assistance à personne en danger est grave. Dans le cas présent, les conséquences ont été particulièrement dramatiques puisqu’il s’agissait d’une femme enceinte dont le bébé est mort à suite à la négligence des gardes-frontières suisses. Malgré les appels à l’aide répétés du mari, aucune assistance n’a été fournie à la femme. Cela montre le mépris des autorités suisses face aux migrant-e-s en général. La rhétorique de l’abus, instillée par l’UDC et reprise en cœur par la plupart des politicien-ne-s et des médias, a tellement faussé la réalité qu’un migrant n’est généralement vu que comme un menteur ; ses plaintes sont disqualifiées, sa souffrance est niée.
On ne peut que s’insurger du ballotement subi par cette famille, à l’instar de tant d’autres, entre les frontières italiennes, suisses et françaises. Ce transfert des personnes comme des marchandises se fait au nom des lois migratoires européennes dont la Suisse est complètement partie prenante. Chaque Etat cherche à se débarrasser du plus grand nombre « d’indésirables » et, en vertu des accords Dublin, la Suisse renvoie à tour de bras en Italie des personnes venues chercher refuge. Ces renvois se font au mépris de l’humanité des personnes. Dans le cas présent, la famille cherchait à rejoindre Paris, où elle a peut-être des amis, des connaissances qui l’auraient aidée, mais toute autonomie dans son choix de refuge lui est niée, et le fait d’être passée par l’Italie rend caduque toute autre possibilité.
Est-il besoin de rappeler que cette famille a fui un conflit d’une violence et d’une cruauté extrêmes ? Il est inacceptable de ne pas accueillir celles et ceux qui demandent une protection. La Suisse ne fait que peu de cas des réfugié-e-s syrien-ne-s, et l’épisode douloureux auquel nous venons d’assister n’en est qu’une illustration de plus. Nous exigeons immédiatement un permis stable en Suisse pour ces personnes, si elles le souhaitent, et l'installation d'une cellule de crise pour l'accueil des réfugié-e-s qui, fuyant la guerre et la violence, se voient fermer les portes par un pays riche qui se targue d'humanitaire.
Le père Syrien témoigne de l’absurdité de la situation dans l’émission 10vor10 : « Nous avons quitté en Syrie la guerre et la mort, et qu’avons-nous trouvé ici ? Une autre guerre et la mort de ma fille.». Nous ne pouvons, malheureusement, que lui donner raison : c’est une guerre que l’Europe mène contre les migrant-e-s, barricadée derrière des frontières toujours plus infranchissables, comme le révélait hier encore un rapport d’Amnesty. Rien ne pourra ramener ce bébé à ses parents mais une enquête doit être ouverte immédiatement  et les coupables d'autant de négligence doivent être punis.
L'accueil des réfugié-e-s ne peut plus être laissé dans les mains de l'Administration ! Il est grand temps d’opter pour une politique d’accueil respectueuse qui prend en compte les droits de toutes et tous et qui défend les personnes les plus vulnérables.

10 juillet 2014