lundi 24 février 2014

Rentrée parlementaire et colère rentrée


A l'heure où vous faites votre rentrée parlementaire, d'autres rentrées vous ont échappé.


Celles d’enfants vivant ici mais privés de rentrée scolaire.
Celles, forcées, de plusieurs familles roms dans des pays qui ne les veulent pas et qui les mettent à la rue.
Celles de réfugié.e.s, fatigué.e.s de lutter, qui rentrent sous-terre dans les abris PC.
Celles de réfugié.e.s qui, pour échapper à l'envie d'autodestruction
rentrent, une fois de plus, à l'hôpital psychiatrique.
Celles journalières des réfugié.e.s qui rentrent dans leur chambre le soir avec l'angoisse que la police arrive pendant la nuit.
Celles des réfugié.e.s noir.e.s qui rentrent et se cachent de peur de tomber, une fois de plus, sur des contrôle policiers au faciès.
Et puis il y a celles de tous ces enfants réfugié.e.s qui rentrent aujourd'hui à l'école et qui ne savent pas s'ils pourront finir l'année scolaire.


Toutes celles et ceux pour qui la rentrée dans leur pays est impossible et qui attendent que le parlement du canton de Vaud se penche sérieusement sur leur sort pendant cette nouvelle session.


Vous ne pouvez plus fermer les yeux sur la situation de milliers de personnes qui vivent dans le canton de Vaud dans des conditions inhumaines. C'est aussi votre responsabilité de citoyen.ne.s et de parlementaires.


Notre colère est rentrée mais elle ne perd pas sa force.

tract du 27 août 2013

Manif à Berne pour une Suisse ouverte et solidaire, 1er mars

Suite au Oui à  l’initiative contre « l’immigration de masse », les droits des 1,8 millions de personnes sans passeport suisse risquent de se dégrader. Pourtant, les habitants immigrés ont fortement contribué à la prospérité, la qualité de vie et la diversité culturelle de la Suisse. La sécurité de séjour et le droit de pouvoir vivre en famille sont essentiels pour une intégration réussie. Il s’agit de défendre ces droits fondamentaux avec tout notre engagement. Nous voulons de bonnes relations régulées avec nos voisins européens et nous ne souhaitons pas devenir une île réservée aux riches qui s’isole et est discriminatoire envers les pauvres.

Nous appelons donc à toutes et tous de défendre ces droits le 1er mars sur la Place fédérale à Berne. Nous voulons :
  • Être solidaires avec tous les êtres humains indépendamment de leur passeport
  • Résister à toute érosion additionnelle des droits des migrants
  • Prévenir avec tous nos moyens la réintroduction du statut indigne de saisonniers
  • De bonnes relations régulées avec l’Union européenne qui préviennent entre autre une discrimination des Suisses émigrés au sein des Etats membres de l’UE
  • Atteindre un développement économique mesuré, la conservation d’un environnement vivable et la protection des salaires et des conditions de travail par des mesures de la politique intérieure
  • Lutter contre l’initiative Ecopop qui est encore plus radicale dans ces demandes et qui sera mise en votation prochainement

-- Entente pour une Suisse ouverte et solidaire --
Soutenu par (20.2.)
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Un couple séparé par un renvoi en Italie

20 février 2014    Les autorités ont refusé de tenir compte du certificat de mariage d’un couple de tibétains en exil, qui se sont mariés au Népal. L’ODM a ordonné le renvoi de Madame en Italie, tandis que Monsieur pourrait poursuivre le traitement de sa demande d’asile en Suisse. A propos du certificat de mariage, le Tribunal administratif fédéral a affirmé dans un arrêt du 13 septembre 2013, grâce à des informations récoltées sur internet, que la conception du mariage bouddhiste diffère de la nôtre. Ce n’est « ni un sacrement, ni un contrat » et par conséquent, il n’y a pas lieu de reconnaître la validité de ce mariage. Le Tribunal ajoute que le couple vit en commun depuis moins d’une année de sorte que la relation ne paraît ni suffisamment intense, ni suffisamment stable (E-3418/2013). Le Tribunal a ainsi nié l’existence d’une vie familiale et considéré que si le couple était déterminé à poursuivre la vie commune, rien n’empêchait Monsieur de suivre Madame en Italie. La protection de la famille n’est donc pas une question qui concerne les autorités suisses et il appartient à l’Italie de s’en occuper.
On notera que selon les accords de Dublin, si Monsieur dépose une demande d’asile en Italie pour y rejoindre son épouse, il serait selon toute vraisemblance renvoyé en Suisse qui est, pour lui, l’Etat de premier asile !
Le respect de l’unité de la famille est l’une des priorités essentielles du nouveau règlement Dublin III, dont les dispositions renforcent les droits des différents membres de la famille de demeurer dans le même Etat, dès lors qu’ils en formulent le souhait. Les autorités suisses n’en ont cure manifestement et n’entendent pas respecter le souhait des époux de fonder une famille et de vivre en commun. La séparation forcée des couples par le renvoi de l’un d’entre eux est une intervention brutale et arbitraire dans la vie privée des gens, dont les conséquences sur leur identité et leur capacité à faire leurs choix de vie les plus importants sont dévastatrices. En exécutant le renvoi de Madame en Italie par la force hier, les autorités ont porté une grave atteinte à la vie privée de ce couple. Il faut contester la légitimité de telles mesures, quelles que soient les raisons par ailleurs que les autorités peuvent invoquer pour se justifier. 

jeudi 13 février 2014

Résistons au rouleau compresseur raciste et xénophobe !

L’establishment politique helvétique, en rang serré derrière Economiesuisse, association faîtière du patronat, a combattu l’initiative de l’UDC «contre l’immigration de masse» avec des positions quasi identiques à celles mises en avant par ses partisans. De part et d’autre, il s’agissait de défendre la prospérité de la Suisse, les uns en donnant un tour de vis supplémentaire à l’immigration en revenant à la préférence nationale, les autres en poursuivant une politique d’immigration «choisie», fondée sur la préférence européenne.  La campagne menée par le Conseil fédéral et Economiesuisse  ne  répondait en aucun cas au désarroi des milieux populaires face aux conséquences de la crise. Elle ne constituait en tout cas pas une réponse un tant soit peu convaincante pour celles et ceux qui ne bénéficient pas de cette «prospérité», ne trouvent pas de logement à loyers abordables, craignent le dumping social et salarial lié à l’utilisation par les employeurs des immigré-e-s pour faire pression à la baisse sur leurs conditions de travail, ou enfin qui sont inquiets pour leur retraite, vu les attaques annoncées contre l’AVS et le 2e pilier, pilotée par le conseiller fédéral socialiste Alain Berset.
Le mécontentement social a trouvé un bouc-émissaire : les travailleuses et travailleurs étrangers. La gauche gouvernementale et les appareils syndicaux ont développé une argumentation en concordance avec Economiesuisse: nous avons besoin des migrant-e-s pour continuer à vivre bien. En d’autres termes, la main d’œuvre étrangère est une main d’œuvre exploitable et corvéable à merci; elle profite à tous, autrement dit, nous sommes sur le même bateau…Cette prétendue «union nationale» ne résiste pas au constat des inégalités sociales qui se creusent; elle s’inscrit par contre dans la longue histoire nationaliste, et parfois ouvertement raciste, des positions des directions syndicales relatives à l’immigration. Rappelons, par exemple, que le comité de l’Union syndicale suisse (USS) déclarait en 1956 : « Le nombre actuel des travailleurs immigrés devrait constituer une limite supérieur à ne pas dépasser ». Willi Ritschard, ancien président du syndicat FOBB (des ouvriers du bois et du bâtiment, devenu SIB puis UNIA, après la fusion avec la FTMH), ancien conseiller fédéral socialiste, affirmait que, grâce aux travailleurs immigrés, « nous possédons une soupape qui permet de régler la marché du travail (…) c’est un principe inaliénable que les travailleurs indigènes se soient pas prétérités par l’existence de travailleurs immigrés» (Correspondance syndicale suisse, 20 mars 1958). La politique du contingentement de la main d’œuvre étrangère était prônée par une très grande majorité du mouvement syndical suisse. C’est celle qui est inscrite aujourd’hui dans la Constitution, après l’acceptation de l’initiative UDC!
L’acceptation de cette initiative n’a hélas rien de surprenant, même si peu d’entre nous l’avaient pronostiquée: elle s’inscrit dans le courant des multiples propositions qui ont marqué la période dite des «trente Glorieuses» à la suite de la seconde guerre mondiale: 15 initiatives ou référendums déposés par l’Action Nationale, les Démocrates suisses, le Mouvement national d’action républicaines de James Schwarzenbach. De 1996 à 2013, l’UDC a lancé 6 initiatives contre les étrangers. Deux d’entre elles, pour le renvoi des étrangers criminels et pour l’interdiction des minarets, avaient également été plébiscitées. L’approbation de l’initiative «contre l’immigration de masse» trouve ses racines dans la culture politique helvétique, qui a fait de la lutte contre l’«Überfremdung» - traduit improprement par « surpopulation étrangère », alors qu’il s’agit d’une formule raciste liée à l’altération de l’identité suisse - un des piliers de la «démocratie helvétique». Cette lutte a constitué et reste le socle de référence pour la politique migratoire helvétique.
Au lendemain de l’acceptation par 50,3% de l’initiative de l’UDC, d’autres échéances se profilent: d’une part, celle du débat autour de l’initiative ECOPOP, demandant que le solde migratoire annuel ne dépasse pas 0,2% de la population résidente permanente en Suisse, Cette initiative propose qu’au moins 10% des dépenses de la coopération au développement soient affectés à la planification familiale volontaire et qu’aucun traité international contraire à ces dispositions ne soient conclus. L’application de cette initiative impliquerait de réduire l’immigration de plus de 80% par rapport à ces dernières années. Autre échéance de votation, celle d’un éventuel vote référendaire sur l’adhésion de la Croatie à l’Accord de libre circulation des personnes (ALCP), avec sa clause «guillotine» par rapport aux autres traités avec l’Union européenne.
La résistance au rouleau compresseur xénophobe s’articule aujourd’hui autour de la défense des droits des migrant-e-s, les grands absents du débat public, en particulier par une affirmation de principe, celle de leur droit d’être là, avec une égalité de droits sans exception aucune, droits politiques et sociaux. Cela implique qu’il est nécessaire de se battre pour l’abolition de tous les régimes discriminatoires liés aux statuts de séjour, pour une régularisation collective de tous les sans-papiers, pour la dénonciation des accords Schengen-Dublin. Face au mécontentement social qui a conduit au succès de l’initiative contre l’immigration de masse, la première échéance est celle de faire gagner le 18 mai prochain l’initiative populaire pour  le droit à un salaire minimum de fr.22.- l’heure. Au-delà, il s’agit surtout de reconstruire un front social et syndical de gauche qui refuse toute collaboration avec les partis bourgeois pour engager le combat dans les entreprises, dans les quartiers et dans la rue, contre « la préférence patronale » et le démantèlement de l’Etat social.


                                                                                             Jean-Michel Dolivo

dimanche 2 février 2014

solidarité avec les grévistes de la faim Iranien-nes

Depuis le 29 janvier 2014, des Iranien-ne-s font une grève de la faim à Berne. La protestation a démarré devant l'ODM, avant d'être évacuée par la police vendredi à 4h du matin. Depuis, les grévistes ont trouvé le soutien de la Reithalle. Une manifestation de soutien est organisée lundi 3 février, à 18h, à Berne, Waisenhausplatz. Infos sur la page facebook et sur http://hungerstreik2014.tumblr.com.

Voici leur manifeste:
La République Islamique d’Iran est bien connue de différentes organisations internationales pour ses violations des droits humains. Les actions inhumaines de ce régime ont convaincu les organisations humanitaires et les gouvernements européens de condamner l’Iran à plusieurs reprises. Il y a beaucoup de cas extrêmement préoccupants au bilan de la République Islamique: nombreuses exécutions sans procès, exécutions d’adolescents, tortures, discriminations contre les femmes, lapidations, amputations, entraves au travail des journalistes, étudiants, ouvriers, etc. En même temps la République Islamique ignore totalement les avis internationaux et neutralise tous les efforts de la société pour améliorer les conditions de détention et le respect des droits humains. Des milliers prisonniers politiques et de conscience croupissent dans les cellules des prisons, uniquement à cause de leurs opinions divergentes et de leurs critiques de la structure politique et des violations systématiques des droits humains. 
Plus de sept millions d’Iranien-ne-s ont dû quitter leur terre d’origine pour chercher refuge dans les pays signataires de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Nombre d’entre eux sont des activistes inconnus dont on n’apprend le nom que lorsqu’ils sont tués ou condamnés à de longues peines de prison comme les activistes et militant-e-s en Iran.
Nous, les Iranien-ne-s qui participons à cette grève de la faim demandons au gouvernement suisse, au Parlement et à toutes instances concernées de donner suite à nos revendications indiquées ci-dessous.
Nous organisons cette grève de la faim dans un cadre calme et paisible. Nous ne la terminerons qu’après avoir obtenu satisfaction sur les buts et objectifs suivants:
  1. La Suisse est en train de réfléchir à lever ses sanctions contre la République Islamique. Nous demandons que la Suisse reconnaisse politiquement le fait que la République Islamique viole systématiquement les droits humains et qu’elle devienne active pour éviter ces violations par l’Iran.
  2. Nous avons des permit F, N ou sommes des demandeurs et demandeuses d’asile débouté-e-s. Etant donné les conditions politiques et sociales en Iran et les souffrances qui nous ont été infligé-e-s, nous revendiquons une réponse positive à nos demandes d’asile dans les plus brefs délais. Nous voulons pouvoir revenir à une vie sociale normale, être utiles à la société et jouir des droits humains dont nous avons été exclu-e-s en Iran.