lundi 27 mai 2013

"Même si nous n'avons pas de visage, pas d'identité, nous pouvons aussi organiser la fête" – Migrant-e-s en lutte

Le samedi 20 Avril 2013, Droit de Rester a organisé une fête de migrants à la Frat. Les principaux buts et objectifs de cette fête étaient d'éclairer le public sur les projets de durcissement de la politique d’asile et d’immigration en Suisse.

Droit de Rester a profité de cette occasion pour renforcer ce message aux gens présents. En plus de cela, il y avait d’autres activités comme la projection d'un film (Mare chiuso), une table ronde de discussion avec André Kuhn, criminologue et Professeur à l’Université de Lausanne, Stefano Liberti, réalisateur du film «Mare chiuso» notamment. 

Droit de Rester a également fait une surprise aux participants lors de la soirée en leur offrant  de délicieux plats Indiens (Riz et Curry), suivis par des spectacles de musiques tels que des concerts par Joel Woguia, Nya and Raggumbians .



 
Enfin, la fête qui a été organisée par Droit de Rester a offert aux migrants une chance et l’opportunité pour rencontrer des gens et de partager leur expérience personnelle avec eux. 





C'était pour nous un plaisir et un privilege de pouvoir participer à cette fête dans le cadre de Droit de Reste. Ca nous a donné également l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes et la possibilité de discuter de notre experience personnelle avec les participants. A la suite de la cette fête, très réussie et encourageante, Droit de Rester a l'espoir d'organiser une autre fête très bientôt.

Ecrit par
Solomon et Vinoj


vendredi 17 mai 2013

Lettre ouverte à Simonetta Sommaruga


Lausanne, le 16 mai 2013  


Concerne : « Tout cela est arrivé, et rien de tout cela ne doit jamais plus se produire »[1]

Tout à fait, madame la conseillère fédérale ministre de la Justice. Aussitôt dit, aussitôt fait, il ne vous reste plus qu’à prendre une feuille et un stylo, et à inscrire la fermeture définitive de tous les centres  de détention administrative du pays. QUOI ?! Il reste encore de tels centres ? Alors il y a encore des gens qui sont « placés sans protection, sans explication, dans un foyer étranger, méprisés, abaissés, humiliés » ? Pourtant, « on a de la peine à croire que ça s’est passé chez nous » (24heures).

Quelle hypocrisie. Alors que les centres se remplissent de migrant.e.s sans papiers, indésirables, « souillés » et « considérés comme des déchets »[2], la suisse demande pardon aux humiliés d’un autre temps. Leur crime ? Hier, « être enceinte ». Aujourd’hui, être en Suisse.

Quand vous excuserez-vous pour les « souffrances qui sont infligées aux détenu.e.s administratifs » d’aujourd’hui ? Quand est-ce que les renvois forcés et les « mesures de coercition », que dans votre novlangue vous nommez « aide d’urgence », seront considérés comme une « violation de la dignité humaine », si chère à vos yeux aveugles ?

Dans votre discours, vous feignez que ces milliers de femmes et d’hommes sans papiers et sans droits n’existent pas. Nous, nous « ne détournons pas le regard ». « Nous sommes tous concernés » par ces zones de non-droit, qui font des migrant.e.s des sous-êtres humains et qui institutionnalisent l’apartheid.


Soyez cohérente, fermez les centres de rétention.

Salutations,


Collectif Droit de rester


[1] Toutes les citations sont extraites du discours de Simonetta Sommaruga lors de la cérémonie de commémoration des victimes de détention administrative, Berne, 12 avril 2013
[2] Sentiments d’une ex-internée administrative de Hindelbank

mardi 7 mai 2013

Pas de panique!




A retrouver sur http://panique.amnesty.ch/

Bonne nouvelle !


« Je le dis en tant que votre concitoyenne. Je l’affirme en tant que ministre de la justice. Et je le répète en tant que membre de notre gouvernement national : rien n’a plus de prix que la dignité humaine» (Simonetta Sommaruga, Berne, le 11 avril 2013)

Voici donc, 22 jours après, un petit conte de la vie ordinaire.

Le 2 mai, au petit matin, la police débarque au sleep-in de Morges. Elle menotte A. et l’emmène à la prison de Morges. Quelques heures plus tard, il est transféré à l’aéroport de Genève, toujours menotté et sans aucun effet personnel.

De quoi est-il coupable ? D’avoir quitté le Burkina Faso et transité par la Belgique avant d’arriver en Suisse. La Belgique est ainsi responsable de traiter sa demande d’asile, et sa demande lui ayant été refusée, son renvoi définitif.

De crainte de se voir renvoyé dans le pays qu’il a quitté, A. décide de venir en Suisse où il dépose une demande d’asile. Le règlement de Dublin fait de lui un renvoyable en Belgique, sans que sa demande soit analysée par le autorités suisses. Après trois mois de « sleep-in » à Morges et des errances quotidiennes dans les rues de Lausanne, avec ses affaires sur le dos, l’heure du renvoi est arrivée. 

A Genève, A. fait part de son refus de monter dans l’avion. La police l’informe qu’il a le choix : partir ou aller immédiatement en prison. Dans ce cas, on utilisera la force pour le renvoyer dans un vol spécial.

Sous le coup de cette menace, A. prend l’avion pour Bruxelles, accompagné de 2 policiers. Il est pris de violentes nausées pendant le voyage. A son arrivée, il est libéré sous condition qu’il se présente au commissariat le lendemain. Donc laissé seul, à la rue, sans argent, sans habits de rechange. La nuit arrive, A. a froid et doit se trouver une veste et de la nourriture. Sa longue mésaventure en Europe continue.

La Suisse a renvoyé un jeune homme dans un pays qui ne le veut pas et qui ne lui offre aucune aide. Quid de la dignité humaine ?

Les motifs d’asile ne sont pas pris en compte, l’individualité des personnes est niée.
Comment expliquerons-nous ces déportations à nos descendants dans quelques décennies ? Comment justifierons-nous le fait que des démarches administratives ont traumatisé des milliers d’êtres humains et les ont condamnés à vivre dans des conditions inhumaines, au mieux cachés, au pire enfermés dans des centres de détentions administratifs ?     
Lausanne, le 7 mai 2013