samedi 20 décembre 2014

Eglise St-Laurent occupée!

Le 20 décembre, une 50' de personnes ont occupé l’Eglise St-Laurent à Lausanne, pour rappeler que pour beaucoup de migrant-e-s les fêtes de Noël se passeront dans la peur d’être expulsé-e-s. 
Nous demandons au Conseil d’Etat vaudois de tenir compte de l’arrêt de la CEDH du 4 novembre 2014 et de suspendre tous les renvois vers l’Italie, d’offrir des hébergements dignes aux personnes qui viennent demander protection en Suisse, et de renoncer à toute détention administrative. 
Nous demandons également aux autorités religieuses de faire acte de solidarité à l'égard des plus faibles, indépendamment de leur statut administratif et de leur provenance, et de protéger les migrant-e-s  menacé-e-s de renvoi. 


jeudi 27 novembre 2014

l'Article du Courrier sur remise du Prix des Droits humains à Droit de rester


LAUSANNE • Dans une salle comble, «Le Courrier» décernait hier soir son Prix des droits humains au collectif actif pour les requérants.

Hier soir, à peu près toutes les couleurs du monde étaient là pour la remise du Prix Courrier des droits humains, à l’Espace Dickens, à Lausanne. Une soixantaine de personnes pour la plupart membres du collectif Droit de rester, lauréat 2014, dont l’une des particularités est d’être composé de requérant-e-s autant que de personnes qui leur sont solidaires. Actif depuis 2008, le groupement vaudois défend inlassablement les demandeurs d’asile.
Elle le disait la semaine dernière dans nos colonnes, elle l’a répété hier: «Pour nous, c’est le Prix Nobel!» s’est réjouie Graziella de Coulon, l’une des figures phares du mouvement, avant de remercier les nombreuses personnes qui travaillent plus ou moins dans l’ombre pour le bien des requérant-e-s dans la région. Le Courrier en faisait partie: «Ce journal a suivi notre collectif depuis le début, c’était souvent le seul à donner écho à nos actions», a estimé une autre membre du collectif.

Avant une seconde partie de soirée récréative, l’ambiance était à l’émotion: après le visionnage de deux films, plusieurs témoignages de première main ont souligné la nécessité d’une structure comme celle récompensée. Melek, par exemple, a raconté comment elle est venue de Macédoine pour que sa sœur handicapée puisse être soignée en Suisse. Elle s’est non seulement trouvée une place ici, mais peut aussi y suivre une formation, grâce au soutien du collectif. Quant au Sri-Lankais Basin, il a finalement obtenu le droit de... rester, après un premier refus des autorités en 2012. Le jeune homme suit actuellement une formation à l’Ecole romande d’arts et communication.

Corédacteur en chef du Courrier, Philippe Bach a pour sa part rendu hommage à Pierre Dufresne, ancien timonier du journal, qui a lancé le prix il y a presque dix-huit ans. Avant de s’adresser aux nombreux migrants de l’audience: «Merci à vous tous de bien vouloir vivre avec nous!»

Décerné tous les deux ans, le Prix Courrier, doté de la somme symbolique de 1000 francs, récompense des personnes ou mouvements dont l’activité en faveur des droits humains a particulièrement marqué la rédaction. La lauréate 2012 était Géraldine Puig, coordinatrice du programme «Post Tenebras: Action», du Centre de conseils et d’appui pour les jeunes en matière de droits humains. Alors qu’en 2010, c’est l’organisation de défense des Roms Mesemrom qui était distinguée, dans la foulée de Françoise Kopf et de son association IGA-SOS racisme; ou encore, deux ans auparavant, de l’ONG TRIAL, qui met le droit au service des victimes des crimes les plus graves.

http://www.lecourrier.ch/125789/le_collectif_droit_de_rester_recompense

mardi 18 novembre 2014

mercredi 12 novembre 2014

Les renvois ne se feront pas en notre nom

Le 10 octobre 2014, la famille Grabanica a été renvoyée au Kosovo, après 6 années passées en Suisse. Malgré le rejet de leur demande d’asile, la famille s’est intégrée parfaitement et aurait été autonome financièrement si les parents avaient reçu l’autorisation de travailler.
L’Illustré a publié mercredi 5 novembre l’histoire de leur retour au Kosovo, choquant de nombreuses personnes. Car c’est vers la misère et le dénuement le plus complet que la famille a été renvoyée. 
Nous avons dénoncé cette violence, mais les autorités cantonales rejettent toute responsabilité.
Personne n’est jamais responsable de rien : c’est Berne qui donne les ordres, c’est le peuple qui a voté, c’est le canton qui exécute, c’est toujours les autres, ou une administration sans nom, sans visage…
Mais il y a pourtant des personnes qui votent, des personnes qui signent des plans de vol, des personnes qui menacent, des personnes qui arrêtent, des personnes qui renvoient. Et il y a aussi des personnes qui se taisent.
Et il y a nous, qui faisons aussi partie du peuple, qui n’acceptons pas que des hommes, des femmes et des enfants soient maltraités, renvoyés comme des parias, traités comme des moins que rien. Nous, nous refusons de nous cacher derrière des autres qui seraient responsables à notre place ; nous estimons que nous sommes tous responsables du monde dans lequel on vit ; nous refusons de nous taire, et nous refusons d’obéir à des lois iniques sous prétexte qu’elles ont été acceptées par le peuple. 
C’est pourquoi nous allons continuer à soutenir la famille Grabanica, au nom de toutes les autres personnes qui ont été renvoyées de Suisse dans le silence et l’indifférence, souvent dans la violence. Nous allons continuer à lutter pour le droit de rester en Suisse de toutes les personnes menacées de renvoi, en les aidant à se cacher si nécessaire.
Nous appelons toutes les personnes qui ont été touchées par le sort de Nexhad, Liridona et leurs trois petites filles nées en Suisse à écrire aux autorités fédérales et cantonales pour demander le rapatriement urgent de la famille. Les personnes qui désirent faire également un geste financier pour soutenir la famille peuvent verser un don à : Coordination Asile Lausanne, CCP 17-549478-7 Mention grabanica.

dimanche 9 novembre 2014

Manifestation Stopbunker, Lausanne, 28 octobre 2014



Depuis le mois d'août 2014, plusieurs dizaines de demandeurs d'asile protestent contre leurs conditions de logement dans des abris de la protection civile, sous terre depuis des mois. Mardi 28 octobre, ils sont descendus dans les rues de Lausanne pour faire entendre leurs revendications.

mercredi 5 novembre 2014

Pétition en faveur de la famille Cil

Voici une pétition à signer et renvoyer au plus vite. Merci beaucoup pour votre soutien!

M. Kemal Cil est arrivé en Suisse en 2008. Kurde de Turquie, il a déposé une demande d'asile dans notre pays. Il souffre d'une grave maladie pour laquelle son médecin estime que sa vie est en danger en cas de retour dans son pays, où il ne pourrait pas bénéficier du suivi adéquat. Par ailleurs il n'a pas fait l'armée avant de quitter la Turquie, il est donc assuré d'être emprisonné et torturé s'il retourne dans ce pays.
Mme Hatun Cil est arrivée en Suisse en 2006, pour un mariage arrangé dont elle ne voulait pas. Elle a divorcé de son premier mari et de ce fait est rejetée par sa famille. Le Centre culturel du Kurdistan à Lausanne estime qu'il existe pour elle un risque sérieux d'assassinat en cas de retour dans son pays et dans son milieu familial. Kemal et Hatun se sont connus en 2009. Berat et Havin sont nés en Suisse, en 2012 et 2013.
La famille vient par ailleurs de la région frontalière avec la Syrie, proie à d'importants troubles en ce moment du fait de l'opposition de l'armée turque à ce que les kurdes de Turquie portent assistance aux kurdes persécutés par l'Etat Islamique à Kobale. 
Enfin, la famille Cil est très bien intégrée dans notre pays, après presque 10 ans de séjour, ils ont toujours eu comportement irréprochable. Après plusieurs emplois divers, Kemal a trouvé un travail fixe cet été, avant de devoir y renoncer à cause des décisions négatives des autorités qui le privent du droit de travailler.

Par notre signature, nous signifions :

– Notre incompréhension que les autorités refusent d'accorder une protection à cette famille qui en a manifestement besoin
– Notre indignation face au refus d'accorder un statut à une famille présente depuis de nombreuses années dans notre pays et bien intégrée
– Notre opposition au renvoi de la famille Cil en Turquie

Nous demandons aux autorités de réviser leur appréciation de la situation et de régulariser le statut de la famille Cil dans notre pays.

lundi 27 octobre 2014

Lettre ouverte au directeur du SPOP, M. Maucci

Concerne : renvoi famille Grabanica -   Lettre ouverte

Monsieur le Directeur,

Vous, vous saviez dans quelle détresse vous plongiez Liridona, seule avec ses trois filles lorsque, dans un premier temps, vous emprisonniez Nexhad.
Vous, vous saviez que Liridona était à l’hôpital lorsque Nexhad a été dans un deuxième temps liberé et vous imaginiez le soulagement de la famille fragilisée lors de leurs retrouvailles.
Vous, vous saviez en libérant Nexhad que sa sortie de la prison administrative de Favra, n'était pas une libération mais une porte grande ouverte vers l'avion. Lui, il ne le savait pas! Vous, vous avez donc accepté la libération de Nexhad pour ensuite mieux profiter de leur vulnérabilité avérée afin de les renvoyer!
Ses geôliers lui ont dit "Vous êtes libre" et il a cru à ces paroles. Rentré chez lui à nouveau plein d'espoir, il a été menotté et expulsé de force,48h après,  avec toute sa famille.
Vous, vous saviez, quand au Spop, après sa sortie de Favra, vous lui avez renouvelé son papier blanc pour 12 jours qu'il n'en aurait plus besoin. Avez-vous vu son espoir, son soulagement dans ses yeux quand il s'est présenté? Personne, par contre, n’a vu son regard quand à 6h du matin le lendemain la police a débarqué chez lui pour le jeter avec sa famille hors de ce pays qui ne le voulait pas. "Respirez tranquillement" lui a dit la police "Tout va bien se passer. Il y a un médecin dans l'avion qui va prendre soin de vous"! A l'aéroport, il s'est défendu, il a dit qu'il venait d'être libéré deux jours auparavant de prison. 10 policiers l'ont immobilisé et violemment ligoté mains et pieds,ainsi que sa femme,  sans aucune retenue vis à vis des petites filles témoins de la violence sur leurs parents. C'est ligoté et attaché au siège de l'avion qu'ils sont arrivés au Kosovo, comme l'ont été tous et toutes les expulsé.e.s de Suisse.
Vous, vous saviez que toute la famille serait expulsée ce jour-là. Mais pour Nexhad, pour sa femme Liridona, pour Suela (5 ans) Sumea (3 ans) et pour la petite Esma (3 mois), toutes les trois nées en Suisse, ce départ avait été effacé de leurs soucis 48h avant. Ils pensaient pouvoir à nouveau espérer rester en Suisse. "Vous êtes libre"...ils n'ont pas voulu lui dire que c'était une liberté de 48h et vous, vous n'avez rien dit non plus. Vous avez juste continué à accomplir votre "devoir envers Berne", comme vous dites, et cela, quitte à le faire dans une forme extrême d'inhumanité.

L'ensemble des personnes connaissant la famille, leur parcours et ayant eu écho de cet événement a été extrêmement choqué de ces agissements alarmants.

Nous vous accusons d'avoir tendu un piège à cette famille, d'avoir trahi leur confiance en profitant de leurs retrouvailles pour les arrêter tous ensemble, par surprise.
Nous vous accusons d'avoir employé des méthodes perverses, manipulatrices et dénudées d'humanité à l'encontre de cette famille et d'avoir usé d'une sérieuse forme de maltraitance psychologique. Nous vous accusons d'un dangereux manque d'humanité et et d'une violation du respect et de la dignité auxquels chaque être humain a droit. Nous vous accusons d'user d'une violence institutionnelle traumatisante sur la famille et ses trois enfants. Quelles seront les séquelles psychologiques sur Suela, Sumea et Esma ? Avez-vous seulement un instant pensé aux conséquences de ces actes sur la famille ?

La famille Grabanica était en Suisse depuis 6 ans, ils avaient suivi une intégration parfaite: deux promesses d'embauche pour Nexhad, l'école et l'avenir pour les filles. C'est bien vous, le Spop et non Berne qui a dit non à sa demande de régularisation. Pourquoi?
 Aujourd’hui, ils sont au Kosovo, dans une chambre unique et sans fenêtres et sans avenir dans cet autre pays. Les menaces, motifs de leur exil en Suisse, sont toujours présentes.
Nexhad et sa famille, Fatmir et tous et toutes les autres expulsé.e.s ne sont pas des marchandises à déplacer comme des surplus incommodants. Ces personnes ont le droit de connaître une vie familiale sereine en Suisse, là où ils ont déployés déjà tant d'efforts pour se forger une place légitime et ils ont droit à une dignité d’être humain.
Leur seule désignation comme des personnes illégales, ne vous permet pas, à vous, ni aux autorités suisses, de les traiter avec une telle violence et un tel mépris.


Au vue de tout ce qui précède, nous vous demandons, Monsieur le Directeur, vous qui saviez, le rapatriement immédiat en Suisse de la famille Grabanica pour que leur dignité d'êtres humains puisse être rétablie et que réparation leur soit faite.

Collectif Droit de rester

jeudi 16 octobre 2014

Manifestation pour un logement décent, ici et maintenant! On n'est pas en guerre, pas de bunker!

On est pas en guerre, pas de bunker 
Un logement décent, ici et maintenant! 

Manifestation 
Mardi 28 octobre 2014
17 h 30
Place Chauderon - Lausanne

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Depuis le mois d’août 2014, un collectif de demandeurs d’asile est entré en lutte pour exiger de bonnes conditions d’hébergement dans le canton de Vaud. 
Epuisés par des conditions de vie profondément dégradées dans les abris PC de l’EVAM, ils ont entrepris plusieurs actions et ont exigé du Président du Conseil d’Etat et de la direction l’EVAM une négociation. Ces demandes, malgré l’urgence, sont encore aujourd’hui restées sans réponse. 
Plus de 400 requérants d’asile sont logés dans les abris de la Protection Civile gérés par l’EVAM. Ils sont contraints de vivre dans des locaux sous terre, sans fenêtre, dans des dortoirs collectifs parfois insalubres, sans intimité. L’accès à une cuisine leur est interdit. 
Ces personnes sont obligées de partir chaque jour à 10h de l’abri sans possibilité d’y retourner avant le soir. Dans ces conditions, la santé mentale et physique des personnes est dégradée, le sommeil difficile. Le droit de vivre décemment et dignement leur est refusé. 

Ce collectif exige d’être logé décemment, c’est-à-dire dans un lieu de vie non souterrain. 
Dans l’attente de la réalisation de cette revendication légitime, ils exigent la mise en œuvre immédiate de mesures concrètes visant l’amélioration de leurs conditions de vie : l’ouverture 24h sur 24 des abris, l’accès à une cuisine qui leur assure l’autonomie et un hébergement non surpeuplé. 
Nous appelons toutes et tous à soutenir la lutte exemplaire de ce collectif et à être solidaires de leurs revendications, en participant la manifestation du 28 octobre 2014. 
La politique menée ici est un laboratoire de réduction des droits fondamentaux qui frappe toujours les plus faibles d’abord et qui est amenée à se généraliser. 
Nous refusons que des personnes soient contraintes de vivre dans un abri PC. Un logement décent, ici et maintenant! 

Collectif Droit de Rester

Soutien (23.10.14): Droit de rester, Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers et de la côte, Solidarité sans frontières, Fédération syndicale SUD, Association de défense des chômeurs/euses, L’autre syndicat, SSP Vaud, Parti Ouvrier Populaire, Jeunes POP NE, SolidaritéS Vaud, Gauche Anticapitaliste, Organisation Socialiste Libertaire, SOS-Asile, Collectif Vaudois de Soutien aux Migrant-e-s, Unia Vaud

Un renvoi est un renvoi de trop


Le collectif Droit de rester fait part avec tristesse et colère du renvoi forcé de
Fatmir Krasniqi, en Suisse depuis 18 ans, 
ainsi que de
Nexhad et Liridona Grabanica et de leurs trois enfants (Suela 5 ans, Sumea 3 ans, Esma 3 mois), en Suisse depuis 6 ans,
le vendredi 10 octobre 2014 par vol spécial au Kosovo.

Arrivés à Pristina, Nexhad a été arrêté par la police et son épouse Liridona s’est retrouvée seule, avec trois enfants en bas âge, dans un pays qu’elle a quitté il y a 6 ans. Nexhad a été libéré le jour même et a pu la rejoindre. Quant à Fatmir Krasniqi, renvoyé au Kosovo alors qu’il venait d’Albanie, il a dû trouver par lui-même une solution pour rejoindre son pays. Lundi 13 octobre, il nous a appelé depuis l’Albanie.
Vendredi, les autorités suisses ont montré une fois de plus leur mépris des personnes, de leurs situations particulières, de leurs projets individuels. Elles n’ont que faire des protestations de citoyen-ne-s indigné-e-s par l’arrestation de leurs amis ; elles n’ont que faire de l’avenir d’enfants nées ici ; elles ne tiennent pas compte des avis des médecins, inquiets pour la santé de la famille.
La machine bureaucratique a broyé une fois de plus, avec l’aide active des employé-e-s du Service de la population (SPOP), de l’Office des Migrations (ODM) et des policier-e-s, des vies innocentes qui avaient leur place en Suisse.
Un renvoi est un renvoi de trop !

Collectif droit de rester

vendredi 3 octobre 2014

Renvoyé en Italie et séparé de sa sœur jumelle

2 octobre 2014         Olivier et Shamsa sont jumeaux. Ils sont âgés de 17 ans. Ils ont perdu leur père à l’âge de 6 ans et leur mère à l’âge de 12 ans. Eux-mêmes sont séparés depuis des années. Ils se sont retrouvés par hasard en Suisse avec l’aide de la Croix-Rouge. Les autorités restent sourdes à leurs demandes désespérées de pouvoir rester ensemble en Suisse. Ils sont l’un pour l’autre leur seule famille.

Olivier a été placé en détention administrative et il va être renvoyé en Italie en application des accords de Dublin pour le traitement de sa demande d’asile. Il sera ainsi définitivement séparé de sa sœur, les demandeurs d’asile n’ayant aucune possibilité de voyager au sein de l’Union Européenne.

Olivier est originaire du Congo où il était enfant des rues pendant deux ans, après la mort de sa mère. Puis il a été recueilli par une œuvre de charité et avec de l’aide, il est parvenu à venir en Suisse où il espérait trouver son père. C’est sa sœur jumelle qu’il a retrouvée et qui a dû lui apprendre le décès de leur père en 2005, en Suisse, des suites d’une grave maladie.

Depuis août 2013, toutes les procédures tendant à l’annulation du renvoi en Italie pour permettre aux deux jeunes de rester ensemble ont échoué. Les autorités sont restées intraitables. Elles ont pour principal argument qu’Olivier n’ayant pas déposé de documents d’identité, il n’a pas prouvé son âge et il n’est donc pas prouvé qu’il est mineur.

Les autorités n’ont pas tenu compte de tous les autres éléments du dossier plaidant en sa faveur. Sa sœur jumelle a elle-même produit sa carte d’identité originale. A son arrivée en Suisse quelques années plus tôt, elle a déclaré avoir un frère jumeau et elle a donné son identité. La Croix-Rouge a pu les retrouver et les mettre en contact sur la base de leurs déclarations qui étaient concordantes. Une expertise ADN a montré qu’il existe une probabilité de 99.83% que Shamsa et Olivier soient de la même fratrie. L’autorité d’assistance a placé Olivier dans un centre d’accueil pour requérants d’asile mineurs non accompagnés, compte tenu de sa maturité et de son comportement d’adolescent. Il s’est vu attribuer un éducateur et il a été intégré à l’OPTI, qui accueille des jeunes de plus de 14 ans, pour y poursuivre leur scolarité dans le but de les préparer à un intégrer un apprentissage. Selon un rapport médical psychiatrique, de janvier 2014, d’un service spécialisé dans la prise en charge des adolescents, les contacts réguliers qu’Olivier entretient avec sa sœur ont un effet bénéfique sur sa santé. En raison de sa maturité affective et de son apparence, il est considéré par son entourage comme un mineur. Il est très vulnérable et sa santé psychique a été profondément ébranlée. Un autre certificat médical atteste qu’Olivier « présente toutes les caractéristiques biologiques et psychosociales d’un adolescent ».

L’intervenante sociale du centre d’accueil où séjourne Shamsa, qui se trouve dans un canton alémanique, atteste que le frère et la sœur se téléphonent plusieurs fois par semaine. Ils se sont rencontrés pour la première fois au centre en novembre 2013. Shamsa a décrit ces retrouvailles de manière très positive. Ils ont passé les fêtes de fin d’année ensemble et ils se retrouvent très souvent les week-end. L’état psychique de Shamsa s’est fortement dégradé lorsqu’elle a appris la détention administrative de son frère. Elle a pleuré durant tout l’entretien. Elle ne supporte pas l’idée que son frère risque d’être renvoyé en Italie. Pendant de nombreuses années, elle ne savait pas où il était ni ce qu’il était devenu. Depuis qu’ils se sont retrouvés, ils se voient souvent et se téléphonent souvent. Quelqu’un a trouvé la jeune fille avec un couteau à la main dans la cuisine. Elle était dans un état de crise et il a fallu appeler immédiatement les urgences. Elle a été hospitalisée en milieu psychiatrique en raison d’un état de détresse intense. Olivier de son côté a aussi tenté de se suicider en détention, en avalant le contenu d’une pile.

Ces deux frère et sœur, qui entretiennent des liens affectifs étroits compte tenu de leur parcours de vie difficile et de leur jeune âge, et qui n’ont aucune autre famille sur qui compter, vont être séparés par les autorités qui ont décidé que la demande d’asile d’Olivier devait être traitée en Italie. Il s’agit d’une décision administrative digne de la plus haute bureaucratie, laquelle n’a que pour objet l’application des règlements de police, qui définissent ce qui est bon pour la Suisse, c’est-à-dire qu’il y ait le moins de requérants d’asile possible sur le territoire helvétique. Les autorités sont demeurées sourdes à la situation de détresse et d’humiliation dans laquelle les deux jumeaux se retrouveront après avoir été séparés de force, contre leur volonté. Le processus de l’asile est censé prendre en compte les besoins de protection des gens. Ici, le traitement administratif a prévalu, qui rompt les liens de famille d’Olivier et de Shamsa et les prives de la liberté de vivre ensemble selon leurs besoins affectifs et identitaires respectifs. Le traitement administratif détruit l’individu, sa famille, ses libertés et son identité.


lundi 29 septembre 2014

arrestation de Fatmir!

Ce matin notre ami Fatmir Krasniqi a été arrêté à son domicile en vue de le renvoyer au Kosovo, Fatmir affirme être ressortissant de Macédoine et non du Kosovo. Il vit en Suisse depuis 18 ans! Il a appris rapidement le français, a fait diverses formations et travaillé successivement dans l’agriculture, comme traducteur pour l'EVAM, puis pour une entreprise de transports. Un grave accident de travail en 2005 l’a forcé cependant à cesser de travailler pour une longue période.
Fatmir a cherché plusieurs fois à être régularisé. Mais malgré son long séjour en Suisse, son intégration avérée et sa volonté de vivre de manière autonome, les autorités ont toujours refusé de le soutenir, et ont régulièrement exercé des menaces de renvoi. 
Depuis plusieurs années nous accompagnons Fatmir dans ses démarches. Nous avons vu comme la procédure d’asile et les menaces proférées régulièrement par le Service de la population l’ont marqué, l’ont fragilisé. Sa vie a été rythmée durant des années par la peur du renvoi, la crainte que la police ne vienne le chercher, comme elle l’a fait ce matin.
Et pourtant, malgré cette situation très pénible, Fatmir est déterminé à rester ici. Après 18 ans de vie en Suisse, il est impossible de retourner dans son pays d'origine!
Nous sommes scandalisés par l’arrestation de Fatmir et exigeons sa libération immédiate et sa régularisation, pour lui permettre de continuer à vivre légalement dans ce pays qui est devenu son lieu de vie. 

dimanche 21 septembre 2014

Stop bunker! Solidarité avec les personnes en lutte pour leurs conditions de vie et leurs droits!

Piquet de protestation mardi 23 septembre, 13h30 à 14h devant le Grand Conseil, sur les marches du palais de Rumine, place de la riponne à Lausanne. 
Depuis le mois d’août 2014, un collectif de demandeurs d’asile érythréens est entré en lutte pour exiger de bonnes conditions d’hébergement dans le canton de Vaud. Epuisés par des conditions de vie profondément dégradées dans les abris PC de l’EVAM, ils ont entrepris une première action de grève de la faim. Ce collectif a exigé une rencontre avec la direction de l’EVAM durant laquelle ils ont exposé leurs revendications. Face à l’urgence de la situation et la réponse insatisfaisante de l’EVAM, un premier piquet de protestation s’est tenu devant le Grand Conseil.
Aujourd’hui, de nombreux requérants d’asile sont logés dans les abris de la Protection Civile gérés par l’EVAM. Ils sont contraints de vivre dans des locaux sous terre, sans fenêtre, dans des dortoirs collectifs parfois insalubres, sans intimité. L’accès à une cuisine leur est impossible. Ces personnes sont obligées de partir chaque jour à 10h de l’abri sans possibilité d’y retourner avant le soir. Dans ces conditions, la santé mentale et physique des personnes est dégradée, le sommeil difficile. Le droit de vivre décemment et dignement leur est refusé.
Ce collectif exige un logement décent, c’est-à-dire un lieu de vie non souterrain et accessible 24h sur 24. Ils revendiquent un hébergement non surpeuplé, où l’accès à une cuisine est donné, et leur assure l’autonomie qui leur est indispensable. Nous refusons que des personnes soient contraintes de vivre dans un abri PC.
Nous sommes solidaires de la lutte exemplaire de ce collectif et nous soutenons pleinement leurs revendications. La politique menée ici est un laboratoire de réduction des droits fondamentaux qui frappe toujours les plus faibles d’abord et qui est amenée à se généraliser.
Nous appelons toutes et tous à soutenir cette lutte par des déclarations et des actions. Un nouveau piquet de manifestation se tiendra le mardi 23 septembre 2014, à 13h30, devant le Grand Conseil vaudois, Palais de Rumine, Pl. de la Riponne.

 Collectif Droit de rester, SOS Asile Vaud, Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers, Collectif des Sans-Papiers de La Côte, Solidarité sans frontières, Fédération syndicale SUD, Association de défense des chômeurs/euses, L’Autre Syndicat, UNIA Vaud, Jeunes socialistes Vaudois, Parti Ouvrier Populaire & GM, Jeunes POP (NE), La Gauche Vaud, Organisation Socialiste Libertaire, Mouvement pour le socialisme (MPS), SolidaritéS Vaud, Jeunes VertEs Vaudois, Verts Vaudois, Gauche Anticapitaliste, Syndicat des services publics - Région Vaud

vendredi 12 septembre 2014

Stop Bunker!

Nous avons fui l’Erythrée pour échapper à de graves persécutions en espérant pouvoir ensuite avoir une vie paisible, travailler, vivre en famille. Nous avons accompli un voyage long et dangereux pour arriver en Suisse. Nous étions tous heureux d’être arrivés dans ce pays dont nous connaissions la tradition d’accueil et d’humanisme. Lorsque nous avons été attribués au canton de Vaud nous avons été hébergés dans des abris de protection civile.
Les conditions de vie dans ces bunkers sont pratiquement insupportables : Nous manquons de sommeil, il est impossible de s’y reposer. Nous n’y sommes pas en sécurité et nous ne pouvons nous y nourrir normalement.
Nous appelons les autorités politiques vaudoises à tout mettre en œuvre pour mettre fin dès que possible à l’hébergement de migrants en abris de protection civile.
Dans cette attente, nous avons transmis à l’EVAM (Etablissement Vaudois d’Accueil des Migrants) des propositions de mesures permettant de rendre notre hébergement en abris d’avantage supportable :
·       Ouverture des abris 24h/24 pour que nous puissions y rester nous reposer si nous sommes malades ou fatigués.
·       Moins de personnes hébergées dans le même bunker. Nous voulons habiter avec des personnes qui, comme nous, cherchent à vivre paisiblement.
·       La possibilité de cuisiner dans le bunker. Nous voulons pouvoir préparer et choisir nous-mêmes notre nourriture.
A ce jour, si la direction de l’EVAM a pris note de nos demandes, elle n’a donné aucune réponse concrète.
Nous appelons les autorités politiques vaudoises à faire pression sur la direction de l’EVAM pour que soient immédiatement mises en place des mesures améliorant drastiquement les conditions d’hébergement en abris PC.

Des migrants hébergés en abris PC dans le canton de Vaud, avec le soutien de Droit de rester

J’ai été emprisonné 6 mois en Erythrée. Ils m’ont torturé avec de l’électricité parce que je refusais de faire mon service militaire. Dans mon pays, on ne sait jamais quand ça va finir, ça peut durer toute la vie. Ma famille a dû payer beaucoup d’argent pour me faire sortir. J’ai pu fuir par le Soudan. Des passeurs m’ont abandonné dans le désert, je n’avais que très peu d’eau et j’ai cru mourir de soif. En Lybie, des gens m’ont fait payer très cher un passage en bateau en nous disant qu’il y avait de l’eau et de la nourriture à bord. Mais il n’y avait rien. Je suis resté presque trois jours en mer sans boire ni manger avant d’arriver en Italie. Des Italiens nous ont dit qu’on ne nous aiderait pas ici et de partir au Nord. Cela fait maintenant neuf mois que je suis logé dans un abri de protection civile de la région lausannoise. Je n’arrive pas à dormir la nuit, il y a toujours du bruit et la gale me démange terriblement. Je l’ai attrapée en Lybie, on m’a soigné, mais comme le bunker est très sale, je l’ai attrapée de nouveau. La nuit dans ma tête je n’arrête pas de penser à la prison et au désert. Je me sens très mal. Tous les matins, le samedi et le dimanche aussi, on nous réveille vers 7h.30. Le pire c’est quand je réussis à m’endormir juste avant. 
Efrem*, 19 ans

Je suis parvenu à déserter l’armée érythréenne et à fuir au Soudan, en laissant ma femme et mes deux enfants. Des hommes armés m’ont capturé. J’ai essayé de fuir, mais j’ai reçu une balle dans la jambe. Ma famille a dû payer beaucoup d’argent pour me libérer. En Lybie j’ai trouvé un bateau pour l’Europe. Il y avait beaucoup trop de gens sur le bateau et pas assez à boire. Certains sont tombés à l’eau durant le trajet et se sont noyés. En Italie il n’y a presque rien. Souvent on dort dans la rue. Alors je suis venu en Suisse. Cela fait une année que je suis dans un bunker. Tous les jours le personnel de l’EVAM nous dit de sortir du bunker. Si on a pas l’école on peut aller à la structure de jour. Il faut marcher et ma jambe me fait mal. Cela met très longtemps pour voir un docteur. Une fois je suis tombé malade. Je vomissais et j’avais la diarrhée. J’aurais voulu manger juste une soupe ou un fruit, mais tous les jours je reçois les mêmes sandwich et plats tout préparés à réchauffer au micro-onde. L’hiver passé, je me suis acheté une veste chaude. On a forcé mon armoire dans le bunker et on me l’a volée. J’envoie presque tout l’argent que je reçois de l’EVAM à ma famille et je ne sais pas comment en acheter une autre. Souvent la nuit, il y a des bagarres dans le bunker. Plusieurs de mes amis se sont fait frapper. J’ai peur pour moi et ma famille.
Ammanuel*, 33 ans

distribué le 9.9.14