samedi 28 février 2009

Chronique accompagnante, samedi 27 février 2009

Elles sont les deux là: deux femmes, deux générations, deux styles, deux pays. Et pourtant défendant LEUR maison. Denisa, jeune fille de bientôt 18 ans. Elle s'occupe de ses frères et soeurs quand ses parents sont absents. Mais elle ne veut pas se marier "ni enfants, ni mari, faut trop s'en occuper!" Nerveuse, pétillante, elle s'énerve contre les gens de passage au centre. Ce centre, c'est chez elle, c'est SA maison, une maison comme elle n'en n'a jamais eue. A côté d'elle, placide, tranquille, une maman mariée alors qu'elle était jeune. Elle aussi défend SA maison: depuis plus de cinq ans qu'elle vit dans les centres du canton, elle pourrait en tenir une chronique. Elle aussi est parfois découragée face à ces gens de passage qui ne prennent pas suffisamment soin des lieux communs. Tout les sépare et pourtant elles se retrouvent dans cette dignité partagée "on n'est pas des animaux". Elles s'encouragent et la plus âgée explique à sa cadette quelques trucs de nettoyage. Elles partagent aussi comment trouver de quoi manger. Elles évoquent la lessive, les habits qui disparaissent si elles ne restent pas à côté de la machine qui tourne. Des tristesses, de multiples vexassions balayées par des rires qui s'accordent sur une réalité: vivement que l'hiver cesse et qu'elles puissent aller un peu dehors sans avoir froid. Parce que les murs ça serrent la tête et parfois ça fait si mal.
Witness

jeudi 26 février 2009

mardi 17 février 2009

chronique accompagnante, mardi 17 février 09

Il explique le bruit de son centre. Il  parle des gens côtoyés qu'il ne connaît pas. Il évoque la nourriture, pas toujours très chaude. 
NEM, il est NEM.
Et il reçoit des factures : l'EVAM parfois se trompe et il doit rembourser les erreurs des autres.
Et il m'interroge: avec quel argent payer?

Il décrit sa fatigue, la fuite de son pays. Son espoir de travail ici en Suisse. La perte de son livret N, donc du droit au travail. Il broie son envie de dormir entre ses doigts fatigués. Depuis quelques nuits, déjà changés trois fois de centre, il n'a droit qu'à un lit dit de passage dans son centre.
Parce qu'il a trouvé un copain qui l'héberge une nuit sur deux, il ne peut plus prétendre à SON lit. Juste un lit de passage où les bruits, les odeurs, la déshumanisation est encore plus violente.

Il ne veut pas revenir au pays, avoir si peur de se retrouver dans une explosion. Il ne veut pas encore se cacher parce que son père est décédé avant que la faction rivale puisse le tuer. Et de cette mort volée aux ennemis de son père, il n'en veut pas.

Il pleure. Quoi faire d'autre de ce gâchis de vie?

chronique accompagnante, mardi 17 février 09

Ils sont partis. Toutes la famille est partie. Un jour, un matin, ils n'étaient plus là. Les onze membres de cette famille ont disparus. Vous souvenez-vous de la grand-maman du 27 novembre? disparue avec son fils, sa belle-fille et les enfants. Je pense à sa peur, à ses craintes du lendemain. Les a-t-elle emportées dans cette fuite insensée ? 
Insensée... qui suis-je  pour évoquer un sens là où ils n'en n'ont pas trouvé? qui suis-je pour évoquer un sens aux multiples refus essuyés? 

Combien sont-ils à sortir des statistiques chaque mois et ainsi d'évanouir dans la nature?

Ils sont partis, les onze sont partis. Me restent quelques photos. Et des souvenirs qui s'estomperont à leur tour. 

Witness

chronique accompagnante, mardi 17 février 09

Elle est venue à la permanence. Elle se tient assise au bout de la table et profite de cette chaleur humaine. De la chaleur tout court aussi: elle avoue avoir froid dans sa chambre.
Elle se tient assise, au bout de la table, sans rien demander. Elle est juste là. Et comme il y a un espace dans les personnes qui se succèdent, elle se met à parler. Elle raconte un peu sa vie. Son mariage forcé. La fuite. La faim. La peur.
Elle se tait et se tient assise au bout de la table, discrète. Elle reparle de son fils. Il vient de commencer l'école. Elle est si contente qu'il puisse fréquenter l'école, chose qu'elle n'a jamais pu faire.
Elle se tient assise au bout de la table et quand nous rangeons les chaises, elle se lève et retourne "chez elle". En nous remerciant de tout ce que nous avons fait pour elle. 
Je regarde la chaise vide et m'interroge: qu'ai-je réellement fait pour elle? Elle seule le sait... peut-être... Nous finissons de ranger, fermons les portes à clef. Je la vois au loin, marcher difficilement. 
Witness

mercredi 4 février 2009

Bleiberecht à Lausanne

Rencontre nationale de Droit de rester - Bleiberecht ce samedi 7 février, Maison de quartier sous-gare, av. Dapples 50, Lausanne, 14h-17h.

Ordre du jour provisoire
- Analyse de l'occupation de la Predigerkirche
- Comment reprendre le message des occupant-es de la Predigerkirche dans les autres cantons?
- Etats Généraux suisses de la migration
- Divers


Venez nombreuses-eux!