mardi 10 mars 2020

Le Non-asile ou la politique de rejet de la Suisse


Un jeune homme renvoyé de force dans un pays qui n’est pas le sien

Il vivait en Suisse depuis bientôt 10 ans, Abdoul, citoyen somalien arrivé seul à 19 ans, renvoyé en Guinée.
Et pourtant Abdoul avait tout fait juste en suivant un parcours d’intégration exemplaire dans notre pays. Orphelin de maman, il avait fui l’Afrique avec son papa, à la recherche d’un bout de monde pour s’installer, pour arrêter l’errance. Au cours de leur long périple, son papa est mort et c’est seul qu’Abdoul a demandé l’asile en Suisse.
Mais la Suisse n’a pas voulu lui accorder sa protection et tous les recours aux différentes voies juridiques pour faire changer la décision ont été un échec.

Malgré cela, Abdoul s’accroche à la possibilité de donner un sens à sa vie. Il  apprend le français et termine plusieurs formations. Il réussit brillamment un CFC de cuisinier et trouve un travail, malgré l’absence de permis de séjour. Il travaille au CHUV à grande satisfaction de son employeur.
Il dépose alors une demande de permis B pour cas de rigueur (art. 14 al.2 LAsi). Les autorités suisses refusent sa demande. Son intégration n’a pas un caractère exceptionnel pour Berne !  Malgré le fait qu’il a réussi à rembourser une grande partie de l’aide reçue et qu’il est financièrement autonome.
Et une fois de plus, le recours est négatif.

Abdoul continue de travailler, d’espérer jusqu’au jour où la police vient le prendre, l’arrête et le renvoie de force en Guinée.
Mais la Guinée n’est pas son pays.

Depuis qu’il y est, il a fait plusieurs démarches pour avoir un permis de séjour guinéen. Même avec l’aide d’un juriste, sa demande a été refusée. Il n’a pas de famille en Guinée, il doit se débrouiller tout seul, une fois de plus.
Et des questions se posent : pourquoi la Suisse ne lui a pas permis de continuer la vie qu’il s’était construit ici ? Qu’aurait-il dû faire de plus pour être accepté ?
La Suisse était devenue la patrie qu’il n’avait jamais eue, dans laquelle il croyait.
Aujourd’hui, il est malade en Guinée et les soins ne lui sont pas dispensés facilement. Son médecin suisse, qui l’avait suivi ici, est toujours en contact avec lui et il a pu constater qu’il manque des soins indispensables pour sa santé. Pas de permis de séjour, pas d’accès aux soins ou seulement si on paie... mais Abdoul n’a pas d’argent. Lors des différents contrôles de police qu’il a subi, on lui a soustrait tout son avoir.
Maintenant la Guinée menace de le renvoyer en Somalie. Abdoul est devenu un paquet qu’on envoie d’un pays à l’autre.

Au Collectif Droit de Rester nous ne nous posons plus de questions, nous accusons les autorités :
  • ·  le SEM (Secrétariat d’État aux Migration) de n’avoir jamais accepté la demande d’asile d’Abdoul ;
  • ·   le TAF (Tribunal Administratif Fédéral) de ne jamais avoir accepté les différents recours d’Abdoul et
  • · le SPOP  (Service de la population du Canton de Vaud) d’avoir ordonné l’arrestation, l’emprisonnement et le renvoi de force de ce jeune vers un pays qui n’est pas le sien et qui ne l’accepte pas.

 Avec ce renvoi inacceptable, le SPOP a non seulement cassé la vie difficilement construite par Abdoul ici, mais il a aussi, une fois de plus, montré le mépris vis-à-vis des personnes dont il a la charge.
Pour obéir à Berne, afin de ne pas être pénalisé financièrement, le Canton de Vaud éjecte Abdoul n’importe où avec la collaboration du consulat guinéen.
Ce n’est pas ça qu’on est en droit d’attendre des autorités du Canton de Vaud.

Avec sa mandataire, ses amis, ses médecins et toutes les personnes qui ont eu la chance de connaître Abdoul, nous demandons le retour immédiat de ce jeune homme pour qu’il puisse finalement occuper la place qui est la sienne en Suisse et où son employeur l’attend.
 10 mars 2020

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