vendredi 15 mai 2009

Communiqué de presse, Fribourg

Fribourg, le 14 mai 2009

La grève de la faim comme ultime recours

Younes a été hospitalisé ce matin à la suite d'un malaise. Depuis 8 jours, Younes, incarcéré à la prison centrale en vue de son expulsion, a cessé de se nourrir. Il a entrepris cette action désespérée pour protester contre les mauvaises conditions d’emprisonnement auxquelles il est soumis et demander sa libération immédiate. Il demande également à pouvoir se présenter devant le Président du tribunal des Prud’hommes avant son expulsion.

Des conditions dégradantes
Depuis son incarcération, à la fin mars, l’état de santé de Younes n’a fait que de se détériorer. Le médecin, qui l’a vu à plusieurs reprises, ne prend pas en compte ses demandes et lui refuse la médication que Younes a eu l’habitude de prendre. Malgré ses demandes, il ne lui est pas permis de consulter des spécialistes. Résultat : son état de santé se détériore rapidement, aussi du point de vue psychologique.

Cette situation est d’autant plus difficile à accepter que la durée de sa détention est indéterminée. En effet, la détention administrative peut se prolonger jusqu’à 24 mois ! Dans des conditions normales, tout condamné connaît sa date de sortie de prison. Pas Younes, de même que tous les immigré.e.s incarcérés pour les mêmes raisons. C'est le Service de la population et des migrants qui est en charge de gérer les conditions de détention des personnes en détention administrative. Ainsi, de manière générale, les personnes emprisonnées pour le seul motif qu'elles ont vécu et travaillé en Suisse sans autorisation de séjour n'ont jamais le droit de travailler, bien que la durée de leur détention puisse se prolonger sur deux ans. Pourtant, cette activité pourrait lui permettre une bouffée d’air, notamment d’un point de vue psychologique.

Des droits niés
En conflit avec son ancien employeur, Younes a saisi le Tribunal des Prud’hommes de la Sarine. Il y est convoqué le 17 juin pour exposer les faits, sauf que son expulsion est prévue pour la fin du mois de mai. Le SPoMi connaissait pourtant cette date avant de fixer le renvoi. De même, l’ODM a refusé une suspension de l’exécution du renvoi, argumentant de la possibilité pour Younes d’obtenir un visa d’entrée afin d’assister à sa procédure civile. C’est manifestement une attitude de mauvaise foi de la part de toutes les autorités et une négation dans les faits des droits de Younes.

Et les droits fondamentaux ! Les quoi ?
Par son acte, Younes met en lumière le processus dégradant que doivent subir des milliers de personnes chaque année en Suisse. Toutes les autorités, qu’elles soient politiques, de police ou judiciaires, devraient s’inquiéter un peu plus du respect des droits fondamentaux. Nous connaissons d’avance leur réponse : tout est légal, et par-là même, respectueux des droits de l’Homme. La réalité que vit aujourd’hui Younes nous démontre le contraire…
Le CCSI/SOS Racisme: (026 424 21 25/076 587 22 10)

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