Ce matin un groupe de personnes en colère a pris
possession du nouveau siège de l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants),
à la route de Chavannes 33 à Lausanne.Par cette occupation pacifique et symbolique, nous avons
affirmé que la violence d'Etat exercée à l'encontre des requérants d'asile ne
peut plus durer. l'EVAM abuse régulièrement de son pouvoir et ses pratiques
choquent nombre de professionnels de la santé et du social actifs sur le
terrain. Ainsi l’EVAM entasse des personnes vulnérables dans des abris de
protection anti-atomiques insalubres, au mépris des avis médicaux ; il
jette à la rue des requérants d’asile en guise de punition ; des familles
sont continuellement déplacées au mépris de la scolarité des enfants.
Interpelé par notre présence, le directeur de l’EVAM,
Erich Dürst, est venu justifier ces mesures sans nous donner d’argument
acceptable. Nous réclamons un accueil respectueux de toutes et de tous, pour le
droit de tout le monde à vivre dignement. Nous demandons au canton de Vaud
d’enquêter sur les abus de l’EVAM.
Nous allons continuer à dénoncer les traitements que
réserve l’EVAM aux migrants et nous vous appelons à manifester votre
solidarité. Vous pouvez notamment rejoindre le collectif droit de rester, qui a
organisé cette manifestation.
***
Parce que les
personnes qui viennent demander l’asile en Suisse sont traitées comme des
criminels ; parce que des débouté-e-s de l’asile vivent ici depuis des
années dans des conditions inacceptables ; parce que les chicaneries
administratives, les contrôles policiers incessants, les humiliations et les
emprisonnements se multiplient : nous sommes ici pour toutes ces raisons,
et nous dénonçons ces pratiques scandaleuses et réclamons une véritable
politique d’accueil des migrant-e-s.
La Suisse n’est pas encerclée de barbelés électrifiés, mais elle
l’est pas ceux de la Loi sur l’asile qui empêchent les migrant-e-s d’accéder à
leurs droits fondamentaux. L’Office fédéral des migrations exerce un pouvoir
absolu sur leurs vies et ce même pouvoir est conféré aux autorités cantonales.
Le Service de la population vaudois et l’Etablissement vaudois d’accueil des
migrants exercent impunément ce pouvoir sur les migrant-e-s.
Le droit à l’asile est devenu une question purement
administrative de contrôle des flux migratoires et non une politique d’accueil.
Et nos autorités politiques s’accommodent parfaitement des diktats de Berne.
La société civile, trahie par des initiatives populistes,
n'a plus aucun contrôle sur les pratiques de l’ODM, les migrant.e.s mis.e.s à
l'écart sont devenu.e.s les otages d'une administration toute puissante.
Nous réclamons un droit de regard sur les agissements de
l’administration en charge des migrants.
Le moment est venu de montrer par les faits que le canton de
Vaud a dit non à la dernière votation du 9 février et qu'il ne veut pas d'un
nouveau durcissement de la loi sur l'asile : non aux contingentements des
migrant.e.s
Nous exigeons de la part des autorités du canton de Vaud un
changement dans la politique d’asile et une preuve d’indépendance face à Berne.
Nous exigeons :
1.
de refuser
d’appliquer les contingents prévus par l’initiative UDC
2.
la mise en oeuvre d’une politique de régularisation
collective des sans-papiers
3.
l’abolition du régime d’aide d’urgence et la fin
de l’interdiction de travailler et de se former pour les requérants déboutés de
l’asile
4.
la garantie d’un véritable accès aux soins pour
toutes et tous les requérants d’asile
5.
des logements décents pour les requérants
d’asile et la fermeture immédiate des abris PC
6.
nous exigeons la fin de la détention
administrative. Il faut arrêter de financer les prisons de la honte.
Nous proclamons le canton de Vaud
TERRE D’ACCUEIL DES MIGRANTS
***
LETTRE OUVERTE à l’intention du Service de la population, SPOP, avenue
de Beaulieu… ou plutôt avenue de cauchemar pour les requérants et requérantes d’asile
appelés affectueusement « sans papiers ».Nous, requérant-e-s d’asile, vous
remercions pour les abris pc, à l’intérieur desquels même nos natels n’ont plus
de réseau.
Nous, requérant-e-s d’asile, vous
remercions pour l’interdiction de travailler et de nous assister socialement, alors
que nous sommes des bras valides et pouvons contribuer au franc fort de ce
pays.
Nous, requérant-e-s d’asile, vous
remercions pour le renouvellement à tous azimuts de l’aide d’urgence, un statut
ambigu et précaire.
Nous, requérant-e-s d’asile, vous
remercions pour la pression quotidienne et la torture psychologique à notre égard,
qui viennent s’ajouter à des conditions de vie dégradantes et humiliantes.
Nous, requérant-e-s d’asile, vous
remercions pour cette prison à ciel ouvert.
Que pouvons-nous faire ? ma
foi c’est la Suisse! Autant pour moi c’est la vie.
Nous, migrants et migrantes, subissons la déshumanisation de la politique
d’asile au point de perdre nos droits les plus fondamentaux.
Nous nous demandons pourquoi vous
acceptez de l’argent de nos dirigeants, nos matières premières et vous rejetez
aveuglement les vrais héritiers de ce qui précède ??
Que pouvons-nous faire ? Une
fois de plus c’est la Suisse ! Autant pour moi c’est la vie.
Etranges nous sommes
Etranger-e-s nous sommes
Immigré-e-s nous sommes
Acteurs et actrices de nos vies
nous serions avec un peu d’humanité de votre part.
Les migrant-e-s du
collectif Droit de rester
11 juin 2014
***
LETTRE A
L’INTENTION DU SPOP
Chères
compatriotes de notre univers, vous qui
travaillez aux bureaux du SPOP et de l’EVAM, comment allez-vous ? De notre
coté, on ne vous cache rien, on est anxieux « LA BOULE AU VENTRE » comme
on le dit.
Voila que
nous nous retrouvons en face du SPOP, dans un lieu public, parce qu’on a besoin
de votre aide pour être considérés, non pas comme des dossiers, mais comme des
humains.
Vous êtes là
parce que vous avez les compétences pour nous aider. On vous demande de faire équipe
avec nous. On est conscients que vous avez besoin de savoir plus de choses sur
nous. On répond à vos questions, mais on vous demande de ne pas trop gratter.
On aimerait
aussi du respect, probablement comme vous. On a traversé beaucoup de choses
dans la vie, des moments de bonheur, de douleurs probablement comme vous.
L’univers
appartient à toutes et à tous, on aimerait bien le partager avec vous malgré la
domination.
Ce qui est
dur, c’est le regard des autres…
Lorsqu’on
vient chez vous, on est vite marginalisés, considérés comme des fautifs, des personnes qui n’auraient pas
fait les choses comme il faut, mais on n’a rien fait de travers, probablement
comme vous.
Peut être
qu’on ne fréquente pas le même univers.
On vous
demande de faire équipe ensemble, pour que nous trouvions le chemin pour
construire un avenir plus humain, c’est la honte du 21 ème siècle.
Ne restez
pas bloqués entre vos envies et une machine administrative, parfois ça doit
vous décourager un peu, probablement comme nous.
Ceci est un
appel à toutes et tous, AU SECOURS L’HUMANITE ; AU SECOURS !!!!
***
Est-ce que vous pourriez
vivre chaque mois avec seulement 1 bon Migros de 10 CHF, et 4 bons Caritas de 5
CHF ?
Nous, nous le pouvons pendant des années.
Est-ce que vous pourriez
vivre en mangeant des sandwich tous les jours pendant des mois ?
Nous, nous le pouvons pendant des années.
Est-ce que vous pourriez
tous les jours faire le trajet Morges-Lausanne avec toutes vos affaires sur le
dos pour obtenir le droit de retourner au sleep-in le soir ?
Nous, nous le pouvons pendant des années.
Est-ce que vous pourriez
venir au SPOP tous les trois jours et attendre chaque fois une heure le
prolongement de votre papier?
Nous, nous le pouvons pendant des années.
Est-ce que vos amis sont
d’accord de vous héberger chez eux sans payer de loyer, puisque vous n’avez pas
d’argent, car vous refusez de dormir dans un abri de Protection civile ?
Nos amis le peuvent pendant des années.
Est-ce que vous seriez prêt
à courir le risque de faire de la prison et payer une amende de 3400 francs
pour quitter le canton auquel vous êtes attribué ?
Nous, nous le pouvons pendant des années.
Est-ce que vous pourriez
rester en Suisse et refuser de quitter ce pays, malgré toutes ces conditions,
sans pouvoir partager vos souffrances avec votre famille et vos proches ?
Nous, nous le pouvons pendant des années.
Parce que nous sommes venues
ici pour sauver nos vies. Ces conditions terribles dans lesquelles vous ne
pourriez pas vivre, nous les subissons quotidiennement car nous ne pouvons pas
vivre dans nos pays.