Les sans-papiers et sans-papières européens ont entamé une marche internationale le 2 juin pour réclamer la liberté de mouvement pour toutes et tous. La marche passsera en Suisse du 21 au 25 juin.
Vous pouvez marquer votre solidarité...
- en signant la pétition de soutien
- en participant à des étapes et en allant manifester à Berne samedi 23 juin
- en faisant un don à : Coordination Asile Lausanne, CCP 17-549478-7, mention « marche »
vendredi 15 juin 2012
Marche européenne des sans-papiers
Pétition urgente
Les
amis et connaissances d’Aram et Armine Sardaryan ainsi que de leurs enfants
Vahé et Gor s’élèvent contre le refus de la Confédération d’accorder l’asile à
cette famille.
Aram
est arménien. Sa femme Armine est azérie et, à cause de cela, elle a été
torturée à Erevan en 2009 ; Vahé et Gor l’ont été aussi, en raison de leur
mixité arméno-azérie. Aram a également subi des violences en tentant de
protéger les siens.
Tous
les quatre ont dû fuir un pays dans lequel leur existence est gravement menacée
et vivent maintenant dans la terreur d’être forcés à y retourner.
Les renvoyer là-bas les exposerait à un
risque mortel car bien qu’un conflit ouvert entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ne
soit plus d’actualité, des tensions existent encore entre les deux pays (voir
les incidents de 2008 sur la ligne de cessez-le-feu), et la haine entre ethnies
y est, quant à elle, toujours vivace.
Cette réalité n’est malheureusement pas
reconnue par nos autorités.
Les signataires
de cette pétition demandent au Grand Conseil du Canton de Vaud de soutenir
cette famille en détresse afin qu’elle puisse trouver durablement refuge notre
pays.
Signez la pétition et renvoyez la au plus vite même incimplète à Collectif droit de rester, CAMIV, case postale 5744, 1002 Lausannemardi 5 juin 2012
Le sleep-in de Morges : des conditions de vie indignes et contre-productives
La nouvelle
structure « d’accueil » ouverte par l’EVAM à Morges le 21 mai dernier
n’a pas fini de faire parler d’elle… L’ancien centre carcéral « Le
Tulipier » a été reconverti pour offrir chaque soir 24 lits à des hommes
mis à l’aide d’urgence. Les déboutés de l’asile qui veulent y dormir doivent
aller chaque matin à Lausanne chercher un bon par leurs propres moyens (alors
qu’ils n’ont pas le droit de travailler et ne reçoivent pas d’argent), en
espérant y trouver de la place. Ces migrants sont ici et leur rendre la vie la
plus insupportable possible pour les inciter à partir relève de l’absurdité et
du mépris.
Nous avons
dénoncé le projet de sleep-in en novembre 2011 déjà. Philippe Leuba nous avait
alors répondu qu’il en étudierait la constitutionalité. Qu’en est-il
donc ?
L’EVAM a décidé
d’ouvrir le centre de Morges qui pourrait, selon son communiqué du 15 mai 2012,
servir d’essai pour un autre sleep-in à Lausanne. Il s’agit là d’une
dégradation progressive des conditions d’hébergements que l’EVAM réserve aux
requérants d’asile.
Pour rappel, le
20 mai 2008, une délégation du Grand conseil vaudois avait visité les centres
de Vennes, toujours en activité en 2012, et du Simplon (celui-ci est désormais fermé),
destinés à accueillir les requérants d’asile déboutés. La délégation était
revenue choquée des conditions de vie précaires des habitants de ces centres.
La libérale Elisabeth Ruey expliquait ainsi dans la presse que ces conditions
sont « inhumaines sur la durée » (dépêche ATS 20.5.8). On est en
2012, et on y retrouve aujourd’hui encore les mêmes personnes. En 2009, l’EVAM
ouvre le premier abri PC pour loger des requérants d’asile déboutés. Ces abris
se sont désormais multipliés, à Orbe, Pully, Gland, au Mont-sur-Lausanne, etc.
et il est devenu banal de faire dormir des gens sur une longue durée dans des
dortoirs étouffants, sans fenêtre, et de les obliger à se rendre la journée
dans des structures de jour.
L’EVAM pousse
désormais la déshumanisation plus loin avec le centre de Morges puisqu’il n’est
même plus possible d’y conserver des affaires personnelles, ni d’avoir de
garantie de dormir deux nuits de suite dans le même lit.
Ces conditions
sont telles que des employé-e-s de l’EVAM ont décidé de briser le silence et
d’exprimer publiquement leur désaccord avec les méthodes d’une institution
publique qui a théoriquement comme mission première l’ « accueil »
des migrant-e-s. Dans une lettre ouverte envoyée au journal Le Temps (édition du 5.6.12), que nous
nous sommes aussi procurée, sept personnes qui travaillent régulièrement avec
des hommes à l’aide d’urgence dénoncent une mesure « qui n’a d’autre but
que de provoquer une souffrance humaine inutile, voire contre-productive ».
Ces professionnel-le-s
tirent la sonnette d’alarme : il est temps d’arrêter cette spirale de
dégradation de la vie des migrant-e-s !
Nous exigeons la fin du régime de l’aide
d’urgence et la réintégration des personnes déboutées de l’asile dans le régime
de l’aide sociale, ce que font plusieurs cantons. Ce régime leur permettrait de
travailler et de se prendre en charge de manière digne et n’est pas plus cher
pour le canton. Nous exigeons la fermeture des hébergements collectifs qui
nuisent à la santé psychique des migrant-e-s.
Nous exigeons la création d’une commission d’enquête
sur le fonctionnement de l’EVAM, institution publique qui trahit sa mission
d’accueil des migrant-e-s.
Nous demandons aux député-e-s du Grand Conseil de se
saisir de la question et d’aller visiter les centres d’hébergement des
migrant-e-s.
Nous demandons au Conseil d’Etat de faire respecter le
droit inaliénable à la dignité humaine.
Evam, dont't sleep
C'est sous ce titre que sept employé-e-s de l'EVAM ont adressé hier une lettre ouverte au journal Le Temps qui en rend compte dans son édition du mardi 5 juin 2012. Nous nous sommes procuré cette lettre que nous reproduisons ici en intégralité de manière anonyme pour respecter la volonté des signataires.
EVAM, don't sleep
EVAM, don't sleep
Le 21 mai
2012, l’EVAM (Etablissement Vaudois d’Accueil des Migrants) a ouvert à Morges
une nouvelle structure fonctionnant sur le mode « sleep-in ». Les
personnes hébergées n’auront pas de place attribuée et aucune structure
d’accueil de jour n’est prévue. Chaque jour ils devront retourner à Lausanne
pour obtenir un lit pour le soir. Le trajet Morges - Lausanne ne sera pas pris
en charge. Cette structure est prévue pour des hommes seuls ayant demandé
l’aide d’urgence.
Nous sommes
des employé(e)s de l’EVAM qui travaillons régulièrement ou occasionnellement
avec cette population. Ce mode de fonctionnement nous apparaît comme une grave
erreur et nous heurte profondément sur le plan éthique. Ce « sleep-in »
constitue pour nous une trahison de la mission de l’EVAM qui reste l’accueil des migrants. C’est donc par
loyauté à cette mission, que nous avons décidé de prendre la parole.
L’aide
d’urgence a pour vocation constitutionnelle de garantir le minimum de la
dignité humaine. Nous estimons que pouvoir bénéficier d’un abri durant la
journée pour se protéger des intempéries en fait partie. Sans argent pour
s’offrir un café, chassées par les vigiles des supermarchés, il sera
pratiquement impossible aux personnes hébergées de s’abriter de la pluie, de se
réchauffer en hiver ou simplement d’aller aux toilettes durant la journée.
Outre la violation manifeste de ces droits humains fondamentaux, on peut
prévoir des rassemblements dans les rues, les halls de gare, les espaces
couverts, qui pourraient accroître des tensions avec la population. Les
structures du canton destinées aux SDF sont déjà surchargées, il est à craindre
qu’elles ne pourront absorber cette nouvelle population.
Ne pas
prendre en charge le trajet quotidien Morges – Lausanne, ne leur laisse d’autre
choix que voyager sans ticket. Pour assurer leurs besoins fondamentaux, ces
hommes n’auront d’autre choix que de commettre des incivilités – resquiller,
uriner sur l’espace public… Cela contribuera à dégrader encore davantage
l’image des migrants. Mettre des êtres humains dans cette position et
multiplier les obstacles à l’obtention de prestations constituent une
maltraitance administrative. Il nous désole qu’elle soit assumée au point de
frôler le sadisme.
Selon M.
Leuba : « Le but est de les
convaincre à partir d’elles-mêmes plutôt qu’au travers de mesures de
contrainte »[1].
Notre expérience professionnelle quotidienne nous fait fortement douter de ce
postulat.
Premièrement,
car le système actuel d’hébergement en abri PC avec des structures d’accueil pour
la journée est déjà très dur. Pratiquement toutes les personnes hébergées
voient leur santé physique et psychique se détériorer, se plaignent du manque
de sommeil. Les vols et les violences entre migrants y sont malheureusement
fréquents. Si ces conditions ne parviennent pas à « les convaincre à partir d’elles-mêmes », ce nouveau modèle
n’aura pas plus d’effet. Car les conditions – comme le reconnaît l’EVAM[2]
- seront meilleures : fenêtres et chambres à deux. Cela nous apparaît
d’autant plus regrettable que de nombreux migrants - dont certains titulaires
d’un permis N - sont actuellement dans l’attente d’un transfert dans des
structures hors-sol pour raisons médicales.
Deuxièmement,
il nous semble que les contraintes administratives et les conditions de vie
imposées aux hommes seuls à l’aide d’urgence ont tendance à les briser, à les
inscrire dans une démarche de survie au jour le jour. Cela limite leur capacité
à faire des choix réfléchis et à se projeter dans l’avenir, et donc à
construire un éventuel projet de retour.
Le mode
fonctionnement sleep-in n’a donc d’autre but que de provoquer une souffrance
humaine inutile, voire contre-productive. Il accroîtra sensiblement la
stigmatisation des migrants et les tensions avec la population. Enfin, il ne
permettra aucune économie budgétaire, les coûts de fonctionnement (nourriture
en barquette, prise en charge du trajet Lausanne-Morges, blanchissage quotidien
des draps…) étant finalement assez lourds.
Nous prions
donc l’EVAM, le SPOP et le Conseil d’Etat de faire preuve d’ouverture et de
responsabilité et de renoncer à ce projet inutile, incohérent et violant la
dignité humaine. Nous demandons que le bâtiment du Tulipier soit dédié à
l’hébergement des cas médicaux actuellement logés en abri PC et les hommes seuls
à l’aide d’urgence hébergés dans des conditions décentes.
Signée: des employé-e-s de l'EVAM (anonymisé pour la publication en ligne, noms connus)
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