dimanche 18 novembre 2012

Face à la révision de la loi sur l’asile : non, nous ne nous résignons pas !


La Loi fédérale sur l’asile (LAsi) vient de subir un noveau tour de vis. Désormais, il n’est plus possible de déposer une demande d’asile dasn une ambassade suisse ; plus possible non plus de demander protection en cas de désertion d’une armée en guerre ; le Conseil est autorisé à mener des « essais » dans les procédures, comme par exemple réduire les délais de recours. La révision, adoptée à une écrasante majorité par le Parlement le 28 septembre, est entrée en vigueur le lendemain, sous prétexte de l’urgence. 
Ce nouveau durcissement de la LAsi vide encore plus de sa substance un texte qui devrait pourtant servir à secourir les personnes qui viennent demander protection à un pays qui se targue d’être la Patrie des droits humains. Il est plus que jamais nécessaire de résister au démantèlement du droit d’asile et à la violation conséquente et bien réelle des droits fondamentaux des demandeurs d’asile.
Que faire face à cette spirale de durcissements subis depuis l’entrée en vigueur de la LAsi en 1981 ? Que faire pourtant face à un Parlement qui adopte en masse (à 122 contre 49 voix au Conseil national et 36 contre 9 au Conseil des Etats) cette nouvelle révision ? Les Parlementaires de gauche, que l’on attendait plus critiques, plus près des valeurs de justice sociale et d’égalité, n’ont pas répondu présent-e-s. Comment dès lors s’opposer à des lois déjà entrées en vigueur ?
Une coalition d’associations et de partis ont opté pour la voie référendaire. Face aux nouvelles dégradations du droit d’asile, ces militant-e-s n’ont pas vu d’autres réponse possible que la récolte des 50'000 signatures nécessaires pour faire se prononcer le « peuple », c’est-à-dire les citoyen-ne-s majeur-es et légaux, et non les habitant-e-s de ce pays. Cette coalition espère faire entendre la voix de la résistance et rassembler un large front de soutien durant la campagne référendaire. Les personnes qui désirent joindre le mouvement et signer le référendum peuvent le faire sur www.asile.ch.
Le Collectif Droit de rester a décidé de ne pas rejoindre le comité référendaire et ne participera pas à la récolte des signatures. Et pourtant nous ne nous résignons pas ! Au contraire, nous allons continuer, comme nous le faisons malheureusement depuis trop longtemps, à combattre sur le terrain l’application de ces lois iniques et à apporter concrètement notre solidarité aux refugié-e-s débouté-e-s, en désobéissant s’il le faut – puisqu’il le faut.
Notre décision de ne pas rejoindre le mouvement référendaire tient principalement en trois raisons :
1)       Nous rejetons en bloc la LAsi et pas uniquement les nouvelles modifications. Nous refusons de participer à la légitimation par le « peuple » de ces changements.
2)       Nous sommes présent-e-s par nos actions de solidarité auprès des migrant-e-s qui vivent actuellement dans des conditions indignes d’êtres humains. Les débouté-e-s de l’asile sont logé-e-s la nuit dans des abris de protections civiles froids et mal ventilés, sans espace privatif, et èrent le jour en comptant les heures, sans droit au travail, sans moyen de subsistance. Dans le canton de Vaud uniquement, on compte actuellement plus de 890 personnes (hommes, femmes et enfants) qui (sur)vivent à l’aide d’urgence.
La récolte des signatures pour un référendum nous éloigne de notre action sur le terrain. Or, après ce référendum, il faudra en lancer un second lorsque la loi sera à nouveau révisé en décembre, puis un troisième en 2013…
Il faut impérativement résister aux lois sur le terrain, par des actions de désobéissances civiles qui doivent prendre deux formes : des actions de protestations symboliques comme par exemple l’occupation de centres de détention administrative ; des actions de désobéissance civile menées par toutes les personnes qui, dans le cadre de leurs fonctions, sont amenées à exercer la LAsi : policiers, assistant-e-s sociaux, fonctionnaires, refusez de dénoncer, de renvoyer, de déloger des êtres humains sous le seul motif qu’ils ne sont pas ce qu’ils devraient être !
3)       Nous ne voulons plus être confiné-e-s sur le terrain que nous désigne le monde politique dominant. Non, nous ne voulons plus avoir à répondre encore et toujours aux discours d’abus, d’urgence, de surpopulation étrangère. Nous qui sommes des migrant-e-s, nous qui contoyons des migrant-e-s, nous avons un autre discours à tenir et un autre projet à défendre. Nous sommes toutes et tous des êtres humains avec des droits fondamentaux (droit à la dignité, droit au logement, droit à la vie privée, droit à la formation, droit au travail, etc) et nous refusons d’être enfermé-e-s dans un débat stérile entre « nous » et « eux », entre « les légaux » et les « illégaux », les « bons étrangers » et les « mauvais étrangers ».
Par conséquent, nous ne participerons pas à la campagne référendaire. Nous ne pouvons qu’encourager nos camarades dans leur combat politique et souhaiter qu’effectivement cette nouvelle lutte éveille quelques consciences et vienne renforcer le front de résistance à la xénophobie montante. Les personnes qui désirent signer le référendum sont invitées à le télécharger depuis www.asile.ch.
Le collectif Droit de rester continue à dénoncer l’application du droit d’asile, qui n’en est plus un et qui s’est transformé en machine à broyer la dignité.
Nous demandons :
- la fin de la détention administrative et des vols spéciaux
- la fin du régime d’aide d’urgence qui prive les requérant-e-s d’asile débouté-e-s du droit au travail et à la dignité
- la fin des déplacements forcés d’un centre à l’autre pour les requérants d’asile débouté-e-s
- la régularisation de tou-te-s les habitant-e-s de Suisse la reconnaissance de nos droits
- une nouvelle loi sur l’asile qui tienne compte des engagements internationaux de la Suisse

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