samedi 8 mars 2014

Les punitions au centre d’enregistrement

3 mars 2014  La loi oblige les demandeurs d’asile à déposer leur demande dans un centre d’enregistrement. Ces centres sont gérés par l’Office fédéral des migrations (ODM) qui organise et contrôle le séjour des intéressés directement et par l’intermédiaire de sociétés privées mandatées, notamment Securitas et ORS Service. Ce sont des lieux interdits au public où règne la discipline. Les intéressés sont logés dans des dortoirs de 16 personnes meublés de lits métalliques superposés. Les sanitaires sont spartiates : WC turcs et grandes salles de douches communes, sans rideaux ni séparations. Le réfectoire est une longue salle, résonnante et bruyante aux heures des repas. Il faut faire la queue avec un plateau et malheur à celui qui aura le mauvais ton de réclamer une tranche pain supplémentaire. Si le cantinier la lui refuse et qu’il proteste, l’intéressé aura un « rapport » et sera sanctionné pour son mauvais comportement. Les sanctions sont prononcées par le personnel sans aucune transparence, pour toutes les raisons qui plaisent aux employés. Il y a bien un règlement du centre qui prévoit certains motifs de sanction et une certaine procédure, mais ce règlement n’est pas respecté et aucune procédure n’a jamais lieu. Les sanctions vont de l’exclusion du centre avec obligation de passer la nuit dans la salle d’attente à l’extérieur du centre, qui est une salle vitrée, toute en béton et très mal chauffée, notamment pour être arrivé au centre avec quelques minutes de retard sur l’horaire prescrit, à la privation de repas à midi pour le même motif ou pour avoir contesté une Xème fouille à l’entrée du centre ou la saisie de ses biens, en passant par la suppression du droit de sortie du centre pendant un jour, ou la suppression de l’argent de poche qui se monte à 21 frs par semaine. Une autre pratique est la confiscation des téléphones portables afin que les intéressés ne puissent pas prendre d’images de ce qui se passe à l’intérieur du centre.

On entend aussi des familles raconter comment les agents de sécurité jettent à la poubelle le yaourt ou le paquet de biscuits qu’ils avaient acheté pour leurs enfants, parce que les denrées alimentaires qui ne sont pas distribuées par la cantine, sont interdites dans le centre. Les enfants peinent à accepter la nourriture distribuée, essentiellement calorifique et insipide. Spécialement les petits enfants ne se nourrissent pratiquement que de pain blanc pendant leur séjour au centre qui peut durer plusieurs semaines. Actuellement, une famille avec deux enfants de moins de 2 ans et de 6 ½ ans, accompagnée de leur grand-mère âgée, séjourne depuis le 26 décembre 2013 au centre d’enregistrement soit depuis près de deux mois. Le plus jeune enfant refuse de se nourrir, il souffre des bronches et passe ses nuits à tousser. Les parents sont épuisés. Ils souffrent du manque d’espace privé et de la promiscuité. La famille est logée dans un dortoir avec trois autres familles dont 8 enfants, sur des lits métalliques superposés. Il n’y a ni table ni chaise dans le dortoir, aucun espace de jeu et on ne peut pas se tenir assis sur le lit du bas. Quelle est leur punition ? Ils ont déposé un recours auprès du Tribunal administratif fédéral contre la décision négative de l’ODM. On leur a dit qu’ils seraient transférés uniquement s’ils ne déposaient pas de recours. Mais ils n’ont pas obéi. Ils ont contesté la décision par un recours et l’autorité a décidé de prolonger leur séjour au centre d’enregistrement pour une durée inconnue, car aucune information à ce sujet ne leur sera communiquée. Ils doivent attendre et endurer.

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