mercredi 23 septembre 2015

Une violence administrative ordinaire… mais pas sans conséquence

L’administration fédérale, c’est bien connu, a de multiples bras, mais pas de visage, ce qui lui permettrait de traiter les dossiers avec équité et diligence. Vraiment? Au SEM (Secrétariat d’État aux migrations, anciennement ODM), l’aveuglement confine avec l’absurdité, comme le confirme le témoignage ci-joint. 
R. M., originaire de Russie, est arrivé en Suisse en 2009, où il a déposé une demande d’asile qui a été immédiatement rejetée. Il a demandé à être transféré en Hongrie, où il pourrait continuer sa profession de médecin, mais le SEM n’y a donné aucune suite. Berne veut renvoyer monsieur M. en Russie, où il a pourtant été vraisemblablement torturé par les forces de police et où il n’est pas à l’abri d’une arrestation. 
La non-prise en considération des risques d’arrestation et de mauvais traitements en cas de retour dans le pays fui est fréquente de la part du SEM qui a une vision très restrictive de l’asile. Ce qui ici nous choque particulièrement est plutôt le traitement qui a été réservé à R. M par l’administration fédérale. Chaque échange de courrier fait preuve d’erreurs si grossières que l’on est en droit de se demander si la demande d’asile de M. M. a même été lue. 
D’abord médecin-stomatologue, reconnu par un diplôme conforme, R. M est devenu dans le dossier du SEM vague guérisseur spirituel; les dates de ses demandes et ajouts aux dossiers varient d’un courrier à l’autre; et le SEM ne sait pas très bien si c’est M. R. M qui demande l’asile, son épouse ou son avocate. 
Mais les fonctionnaires du SEM ne font pas que preuve d’incompétence dans ce dossier, ils montrent aussi un cynisme à toute épreuve. Alors que son médecin témoigne d’un état dépressif sévère accompagné de risque suicidaire élevé, le SEM estime que son appréciation de la situation ne sera modifiée que par une péjoration de l’état de santé du demandeur. Qu’est-ce qui peut péjorer un risque suicidaire élevé, à part un passage à l’acte?
R. M souffre de troubles psychiques dus aux tortures subies en Russie. Le traitement dont il est l’objet de la part du SEM renforce son état de stress post-traumatique et sa dépression. Aujourd’hui, R. M demande que l’on écoute et que son dossier soit étudié avec équité. Il faut que le SEM reconnaisse ses erreurs et traite sa demande avec compétence. 
Le labyrinthe kafkaïen dans lequel M. R. M est enfermé est le résultat de l’absurdité du fonctionnement du SEM. Les réformes de l’asile visent à accélérer ces procédures, mais c’est les humaniser qu’il faut. Car derrière chaque dossier il y a une personne qui demande à être entendue. Les négligences graves, telles que celles qui frappent R. M  sont le résultat du mépris que certain.es fonctionnaires étalent face aux étrangers; et ces négligences peuvent avoir de graves conséquences. Ces trois derniers mois, le corps de R. M  a  tout simplement refusé de s’alimenter, épuisé par une procédure absurde et truffée d’injustices. Si aujourd’hui M. R. M a recommencé à manger, sa souffrance reste la même.
Le collectif Droit de rester veut rompre le silence qui entoure R. M et dénonce le traitement irrespectueux qu’il reçoit. Il demande que le SEM reconnaisse les erreurs commises et répare ses erreurs en accordant au dossier de M. R. M l’attention qu’il demande. 

Collectif Droit de rester, 23 septembre 2015

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