Le collectif Droit de rester à Lausanne et la section Vaudoise de la ligue suisse des droits de l’homme vous invitent à une soirée d’information sur le référendum contre Frontex, et pour discuter de l’implication de la Suisse dans les violations massives des droits des personnes migrantes aux frontières externes de l’UE.
dimanche 28 novembre 2021
Referendum contre Frontex
lundi 22 novembre 2021
Feministasylum
Droit de rester participe à la campagne Feministasylum, pour une reconnaissance effective des motifs d'asile propre aux femmes, aux filles et aux personnes LGBTIQA+.
Nous voulons que les motifs d'asile spécifiques aux femmes et personnes LGBTIQA+ soient reconnus et qu'une protection particulière soient accordées à toute personne subissant des violences de genre.
Ce n'est pas le cas en Suisse. Il est temps que cela change!
Pour signer la pétition, c'est ici!
jeudi 18 novembre 2021
Jawid Y.: renvoyé de Suisse vers la Suède sous l'oeil hypocrite des autorités vaudoises
Il y a une semaine, ce que nous craignions est arrivé. Notre ami Jawid, arrivé en Suisse en octobre 2020 fuyant la Suède où il était en danger d’expulsion pour l’Afghanistan, après 5 ans de séjour, a été renvoyé. Son délai Dublin était pour le 10 décembre 2021. L'avion le transportant est arrivé en Suède le 10 novembre. Après un contrôle sommaire des autorités suédoises, Jawid s’est retrouvé à la rue, sans aucun soutien de l’état. Heureusement, il est à l’heure actuelle hébergé par des solidaires.
Nous sommes amené.es une fois de plus à dénoncer un renvoi violent et le régime Dublin qui traite les êtres humains comme de la marchandise pouvant être ballotée d’un pays à l’autre, sans considération pour le trauma que cela provoque pour les personnes exilées.
Voici un compte rendu des événements ayant menés au renvoi de Jawid.
Le 4 novembre 2021 Jawid a été arrêté par 4 policiers à 6h30 à Bex dans sa chambre. Il n’a pas opposé résistance et il a été transporté à la Blecherette, puis à Frambois. Il a pu avertir deux personnes par téléphone.
A Frambois, il a été mis en quarantaine car il n’était pas vacciné. Il ne pouvait pas avoir de contact avec d’autres détenus mais il a pu être visité par des aumônières. Il nous a dit que sa cellule était froide et les draps glaciaux. Il a eu droit à une avocate d’office qu’il n’a pas vu mais avec laquelle il a eu un contact téléphonique. Nous avons pu avoir contact avec lui en passant par le téléphone des gardiens. Lors de sa détention, il était très déprimé mais espérait encore pouvoir retrouver la liberté.
Le 7 novembre on lui a proposé un test covid. Il a refusé et on lui a dit qu’il avait la possibilité de refuser encore une fois. A la troisième demande, s’il persistait à refuser on l’aurait soumis au test sous contrainte.
Le 9 novembre il nous a informé.e.s qu’on le ramenait à Lausanne, au Spop. Puis pendant 24h plus personne n’a pu avoir de ses nouvelles malgré nos demandes de renseignements à la police et au spop.
Le 10 novembre, à la suite d’une intervention de l’avocate sur une demande de notre part, le Spop a informé du renvoi de Jawid en Suède depuis Zürich le matin tôt. L’avocate d’office n’a pas eu le temps de faire recours contre sa détention.
Arrivé à l’aéroport de Stockholm, la police l’a libéré après l’avoir contrôlé, sans lui fournir aucune aide.
Il a pu contacter la famille qui l’avait aidé pendant son premier séjour en Suède et depuis il est hébergé par cette même famille.
Il reste en contact avec nous et nous attendons un compte rendu écrit de sa déportation. Les 9 et 10 novembre, nous savons qu’il a été déplacé trois fois de cellule à Lausanne, réveillé à 3h du matin et mis dans un fourgon pour Zürich. Cette fois, fatigué et apeuré, il n’a pas résisté et il a accepté le test covid. En route vers l’avion, Jawid était menotté et accompagné de 10 policiers qui sont restés avec lui pendant la durée du vol. Sur l’avion, il y avait une autre personne afghane, qui était, elle, Dublinée Hollande.
Photo: remise de la pétition "Soutenons les Afghan-es réfugié-es dans le canton de Vaud" le 3 novembre au bâtiment du Grand Conseil vaudois à Lausanne. Jawid était parmis les Afghan-es présent-es.
mardi 9 novembre 2021
DANGER DE RENVOI IMMINENT
RISQUE DE TEST PCR PAR LA FORCE EN VIOLATION DES PRINCIPES ETHIQUES FONDAMENTAUX DE LA MEDECINE
Nous sommes très inquièt·es que Jawid soit renvoyé en Suède d’ici la fin de la semaine. Il a eu le courage de refuser une première demande de se soumettre à un test COVID. Ses gardes lui ont dit qu’ils lui demanderont encore deux fois. Si au bout de la troisième fois, il refuse toujours, ils le feront par la force. La commission centrale d’Éthique des Académies suisses des sciences (ASSM) et la conférence des médecins pénitentiaires suisses (CMPS) ainsi que l’organisation d’aide Suisse aux Réfugiés (OSAR) ont pourtant tous dénoncé le caractère invasive et contraire à la déontologie médicale des tests PCR obligatoires.
Jawid va mal. Détenu à Frambois depuis cinq jours, sa cellule est froide, ses draps de lit glaciaux. Il doit faire une quarantaine de 10 jours. Tiendra-t-il après tout ce qu’il a déjà dû endurer ? Nous le sentons fatigué et terrifié à l’idée d’être renvoyé en Suède, où il n’a ni famille, ni de possibilité d’un séjour légal.
Le cynisme de nos autorités n’a-t-il donc pas de limites ? Forcer un jeune Afghan à retourner dans un pays où il a vu sa demande d’asile refusée, l’exposer gratuitement à une précarité certaine alors qu’il a tissé des liens à Lausanne, que sa sœur et ses neveux et nièces se trouvent en Suisse, le contraindre à se soumettre à un test PCR ; toute cette violence pour quoi ? Pour que la Suisse se targue d’accueillir une personne en moins sur son territoire, au nom de l’État de droit. Écœurant.
jeudi 4 novembre 2021
Le canton de Vaud continue de renvoyer des réfugié·es afghan·es !
Jeudi matin 4 novembre, notre ami Jawid a été arrêté par la police vaudoise. Originaire d’Afghanistan, il a fui son pays de naissance en quête de protection en Europe. Il a d’abord atterri en Suède, avant d’atteindre il y a une année la Suisse, pour y rejoindre sa sœur qui y vit. Mais voilà, qui dit Suède dit accords Dublin, et les autorités ont décidé que c’est dans ce pays qu’il doit rester, alors même que la Suède n’accorde que très difficilement l’asile aux personnes afghanes.
Nous ne savons à l’heure actuelle pas où est Jawid, s’il est
déjà dans un avion pour la Suède ou encore emprisonné en Suisse.
Ce que nous savons en revanche, c’est que les autorités
vaudoises, en particulier Philippe Leuba, en charge de l’asile, ne reculent
devant aucune hypocrisie dans la question des refugié·es afghan·es. Le 20
octobre 2021, Philippe Leuba se gargarisait dans la presse de son geste
humanitaire en faveur de vingt cyclistes afghanes, exfiltrées et arrivées en
Suisse pour obtenir l’asile. La préparation de l’arrestation de Jawid se
faisait en parallèle.
Comble de l’ironie, les député·es du Grand Conseil ont voté
le 12 octobre 2021 une résolution (21_RES_14) demandant
au Conseil d’Etat de soutenir les personnes réfugiées afghanes. Pour notre
part, mardi 2 novembre, nous avons déposé une pétition munie de 823 signatures
demandant aux autorités vaudoises de tout faire pour faciliter l’accueil des
réfugié·es afghan·es, y compris de suspendre tous les renvois prévus. Mais
apparemment le Conseil d’Etat et l’administration vaudoise restent de marbre.
Nous sommes inquiètes pour Jawid, fragilisé par des années
de procédures et de pression (comme il l’explique dans son témoignage en pièce
jointe) et demandons la suspension immédiate de son renvoi, ou son retour en
Suisse. Les autorités helvétiques doivent lui accorder la protection à laquelle
il a droit et arrêter de persécuter les réfugié·es afghan·es dont le sort émeut
tout le monde sans pour autant donner lieu à un accueil digne de ce nom.
Témoignage de Jawid Y. :
Jawid est débouté, Non entrée en matière
Dublin, à l’aide d’urgence depuis le 10 juin 2021. En Suisse depuis le 1er
octobre 2020, il est menacé de renvoi Dublin en Suède, d’où il est menacé de
renvoi en Afghanistan car il a été débouté en Suède où il avait demandé l’asile
à son arrive en Europe. Quand il a quitté l’Afghanistan mi-2015, il avait 21
ans. Aujourd’hui il a 27 ans .
I want to live like a normal person, I want to
have the same rights, I want to study, I want to work.
I want to speak to my family (in Tadjikistan
now) and not lie to them.
Since 6 years I’m lying to them because I don’t
want to tell them what I’m going through.
It would destroy them. My mom would be
destroyed if she knew what I’m going through.
I say that I’m fine, that I’m waiting for my asylum answer, that I’m ok, that I have French courses…
My dream is to have a normal life. I don’t
demand anything else, just to have a normal life. I don’t want to live in a
refugee camp anymore.
I just want to do things that I want.
I don’t want every night security guards knock
on my door and check if I’m here.
I don’t want to be forced to go to SPOP and EVAM offices every day, or every two days…and to wait there for the white paper and to get 9.- CHF per day to survive here.
My dream in Afghanistan was to get a diploma in
IT ingeniring. I was studying IT in Kaboul Technic University and I liked it. I
studied 2 and ½ years at this University.
But I was forced to live my country very
quickly.
I even could not say good-bye to my family before leaving Kaboul because they live in the countryside.
During all this years in Sweden, I was
studying.
I studied hard Swedish language. I passed the
Swedish test in 1 and 1/2 year. Usually people need 4 to 5 years to succeed
with this Swedish test.
I went to school in Sweden.
I was just ready to start University there.
I had every possibility to enter to University…expect the permit.
Now I don’t have the energy anymore to study.
I want to stop.
I question myself. Is this life really fair to
stress myself…and to try to survive here…
I don’t have hope anymore.
I even committed suicide while in Bex.
I see the doctor once a week and I see the psychologist from the hospital every day in Bex. It’s boring to see them, to talk to them, knowing that nothing will change.
And the doctor, what they can do? When they ask
me how I am feeling, I answer: « Well, I’m pissed of like all the other
days ».
I asked them not to come on Friday. But they
say “No”, because their boss took the decision that the doctor have to see me
every day.
I don’t see any light. For me, my life is like walking in a dark
room and I don’t know when I’ll crash the wall.
(AF, récit récolté le 4.10.21, Lausanne, pour DDR)
samedi 16 octobre 2021
Ayez le courage de rester seul·es!
Inutile de vous dire que j’aurais voulu être parmi vous, non seulement pour vous saluer, mais bien plus. Pour vous parler directement sans l’obligation de vous écrire, pour sentir cette spontanéité, pour ressentir l’émotion que les mots produisent, enfin pour vous remercier tous, chacun et chacune, pour nous embrasser tous ensemble, fortement, avec toute l’affection dont sont capables les être humains.
samedi 25 septembre 2021
Soutenons les Afghan-es réfugié-es
از پناهنده گان افغان در کانتون وو حمایت کنیم!
ما از مقامات وو می خواهیم که بلافاصله اجرای همه اخراج های مربوط به افغان ها را متوقف کنند ، خواه این اخراج ها به کشوری در منطقه شنگن باشد خواه نه.
ما از مقامات کانتون و شهرداری می خواهیم که نزد مقامات فدرال وارد عمل شوند:
برای تسهیل اخذ مجوز اقامت (ب) به دارندگان مجوز پذیرش موقت (اف).
برای تسهیل پروسه اعطا ی مجوز سفر به افغان هایی که پذیرش موقت دارند.
برای متوقف ساختن هرگونه بازگشت افغان ها و اعطای اجازه اقامت دائم سوئیس به آن ها .
برای این که سوئیس حق حاکمیت خود را تأیید نموده و بلافاصله همه ی افغان متاثرازموافقتنامه ی دوبلین را به پروسه ی سوئیس ادغام نماید.
برای اعطای وضعیت پناهنده گی به همه افغانهای سوئیس ،
به ویژه زنان.
این دادخواست را امضا کنید:
https://act.campax.org/petitions/soutenons-les-afghan-es-refugie-es-dans-le-canton-de-vaud
قرار مان روبروی شورای عالی وو
به تاریخ های ۲۱ سپتامبر، ۲۸ سپتامبر، ۵ اکتوبر و ۱۲ اکتوبر ساعت ۱۳:۳۰
Place du Château 6
لوزان
dimanche 19 septembre 2021
Soutenons les Afghan-es réfugié-es dans le canton de Vaud !
Nous nous ne pouvons pas faire grand chose pour celles et ceux qui risquent leur vie en Afghanistan, mais nous pouvons, devons, arrêter les tracasseries administratives que subissent celles et ceux qui sont déjà ici.
La prise de pouvoir des Talibans en Afghanistan a profondément choqué et suscite une inquiétude légitime pour les populations restées sur place, en particulier les femmes. Nous ne voulons et ne pouvons rester impuissant·es face à ce drame !
Des dizaines de personnes originaires d’Afghanistan se trouvent déjà dans le canton de Vaud. Ces
personnes ont fui un pays gangréné par la violence et la corruption, mais rares
sont celles à avoir obtenu l’asile ici. Elles
souffrent aujourd’hui de voir leur famille en danger
sur place. La plupart ont reçu des admissions provisoires (permis F). Ce
statut, précaire, ne leur permet pas de faire venir leur famille proche ni de
sortir de Suisse pour les visiter. Il est illusoire de penser que la démocratie
va se rétablir prochainement en Afghanistan et donc injuste de maintenir ces
personnes avec ce statut précaire. Il est urgent de tenir compte de cette
réalité dramatique et de faciliter les démarches pour obtenir un permis de
séjour durable, de faciliter les regroupements familiaux et de permettre aux
Afghan·es admis·es provisoirement de rendre visite à leurs proches en dehors de
l’Afghanistan.
Or, au lieu d’œuvrer à faciliter la vie et l’intégration des
Afghan-es qui sont parvenu-es en Suisse, les autorités vaudoises multiplient
les actes de coercition et les tracasseries administratives à leur encontre :
Pour faciliter
le renvoi de familles afghanes en Croatie au nom des accords Dublin, des
enfants de moins de moins de 12 ans sont assigné-es à résidence. Traumatisé-es
par les mauvais traitements subis en
Croatie, ielles vivent chaque jour dans la terreur d’une descente de police.
Nous exigeons des autorités vaudoises :
à L’arrêt immédiat de l’exécution de tous les renvois Dublin concernant des
Afghan-es
Alors qu’ielles remplissent absolument tous les critères demandés pour
une régularisation (autonomie financière, excellente intégration), de nombreux afghan-es titulaires d’une admission provisoire attendent
depuis plus d’une année leur permis B, sans que les autorités n’apportent la
moindre justification à cette lenteur. Nous exigeons des autorités vaudoises :
à Une
procédure rapide et facilitée pour l’obtention de permis B pour les Afghan-es
titulaires d’une admission provisoire.
Les autorités
font tout pour empêcher ou interdire les voyages à l’étranger des Afghan-es
titulaires d’une admission provisoire, alors que cela leur permettrait de
renouer avec leur famille. Nous exigeons des autorités vaudoises :
à Une procédure rapide et facilitée pour les autorisations de voyage des Afghan-es
Nous demandons
également aux autorités cantonales et
communales d’intervenir auprès des autorités fédérales pour :
à Que la Suisse fasse valoir son droit de souveraineté et réintègre
immédiatement dans la procédure suisse tout-es les Afghan-es frappé-es par les accords Dublin.
à Accorder le statut de réfugié à tout-es les Afghan-es présent-es en
Suisse, en particulier aux femmes.
Nous demandons
aux autorités vaudoises d’agir maintenant pour soutenir tou·tes les Afghan·es
venu·es trouver refuge dans le Canton de Vaud !
Signez la pétition en ligne (avant le 10 octobre svp!)
Soirée d'information pour les Afghan-es réfugié-es dans le canton de Vaud
Vous avez manqué la soirée d'information? La voici en video
lundi 6 septembre 2021
soirée information Afghanistan diffusée aussi en life
Si vous ne pouvez pas venir:
mardi 31 août 2021
6 septembre: information pour les Afghan-e-s réfugié-e-s dans le canton de Vaud
Soirée d’information pour les Afghan-e-s réfugié-e-s dans le canton de Vaud
Lundi 6 septembre 2021
19h-21h
Maison du Peuple, place Chauderon 5, Lausanne
Avec des interventions :
· de l’OSAR : Organisation suisse d’aide aux réfugié-e-s
· du SAJE : Service d’Aide Juridique aux Exilé-e-s
Avec interprète
Places limitées
Organisation : Droit de rester pour toutes et tous
Pour s'informer et réagir malgré l'impuissance face à la situation en Afghanistan:
https://asile.ch/2021/08/27/
mardi 15 juin 2021
Victoire d'étape: le Grand Conseil vaudois soutient notre demande de permis humanitaire pour Solomon!
mercredi 9 juin 2021
Le scandale des renvois vers le Sri Lanka continue!
Nous avons appris le départ d’un vol spécial frontex pour le Sri Lanka! Il vient d’Allemagne et transite à Genève ce soir (mardi). Au moins 4 ressortissants sri lankais ont été arrêtés à Genève cette nuit et emprisonnés à Frambois en vue du renvoi et 3 à Zurich.
lundi 7 juin 2021
Il faut un permis humanitaire urgent pour Solomon Arkisso!
Il faut délivrer un permis humanitaire à Solomon Arkisso en danger suite à son renvoi en Ethiopie.
Solomon Arkisso est en danger ! Renvoyé de Suisse par la force le 27 janvier 2021 en Ethiopie, il est actuellement dans une situation extrêmement alarmante.
Solomon vit depuis plusieurs mois caché chez des ami.e.s. Il ne reste jamais au même endroit par crainte qu'on ne le trouve. En effet, la police fédérale éthiopienne est déjà venue à plusieurs reprises chez sa mère, résidence principale de Solomon, afin de l'arrêter sous prétexte qu'elle voulait avoir des informations concernant le déroulement de son expulsion de Suisse.
Les policiers ont également menacé la mère de Solomon et les personnes présentes sur place de prendre des mesures contre eux en les accusant de complicité et de manque de collaboration avec le gouvernement éthiopien si Solomon ne se présentait pas rapidement au bureau de la police fédérale. La situation actuelle ne met pas seulement en danger la vie de Solomon mais aussi celle de sa famille. Son retour provoque un climat d'angoisse et de peur au sein de celle-ci.
Avant de s’exiler en Suisse, Solomon Arkisso jouait au football pour plusieurs clubs connus d'Addis-Abeba et son renvoi forcé n'est pas passé inaperçu à son retour en Ethiopie. Dès son arrivée, il a été contacté par les médias de l'opposition au gouvernement actuel. Il a accepté d'être interviewé par un de ces médias : une vidéo du 8 mars 2021 circule sur YouTube où on l'entend critiquer ouvertement le gouvernement éthiopien actuel.
Solomon est de l'ethnie Oromo par son père et Guragie par sa mère. L'ethnie Oromo est discriminée par le gouvernement en place en Ethiopie (non reconnaissance linguistique et culturelle). De plus, il est proche du parti Oromo Liberation Front (OLF), cible de persécutions de la part du parti au pouvoir. En Suisse, Solomon n’a pas arrêté son engagement auprès de la communauté Oromo et a soutenu les actions et manifestations de contestation du gouvernement éthiopien. Il craignait que son retour ne l’expose à une persécution directe de la police fédérale ; ses craintes ont malheureusement été confirmées.
Solomon avait dû s'exiler en Suisse car il subissait déjà des persécutions politiques en raison de ses engagements. Après son renvoi en Ethiopie, malgré le changement de pouvoir, Solomon est perçu comme un terroriste et la pression de la police fédérale contre lui n’est que plus forte puisque son engagement au sein de l’OLF ne s’est pas affaiblie et qu’il a témoigné contre le gouvernement dès son entrée sur le sol éthiopien.
A l'approche des élections, qui ont été repoussées pour la troisième fois, plusieurs dirigeants de l’OLF et d'autres partis d'opposition ont été emprisonnés et retirés des listes électorales. Les arrestations de masse de militant.e.s et de sympathisant.e.s de l'opposition se poursuivent. Plusieurs organisations internationales de défense des droits humains dont Amnesty International, Human Rights Watch et l’OSAR sonnent l’alarme depuis des mois sur les graves violations actuellement perpétrées en Ethiopie. Aujourd’hui, les tensions ne sont plus confinées à la région du Tigré comme c’était le cas en janvier 2021, elles se sont généralisées dans tout le pays. Solomon Arkisso n’est pas en sécurité.
Très apprécié des personnes qui l’ont côtoyé, Solomon est un exemple d'intégration. Travailleur assidu, il a contribué pendant plusieurs années à l’entretien des foyers de l'EVAM. Sportif, il a joué au football au CS Chavannes et au FC Morges. Il a mis sur pied plusieurs équipes éthiopiennes de football. Juste avant son expulsion, il était sur le point de mettre en place une équipe de foot pour les participant.e.s de la mesure d’insertion professionnelle Embellimur. De plus, son projet de création de vélos électriques à partir de matériaux recyclés a impressionné toutes les personnes qui ont travaillé avec lui.
Le 21 mai, le Grand Conseil genevois a adopté une résolution demandant au Conseil d’Etat genevois de plaider auprès du Conseil fédéral pour que Tahir Tilmo, ressortissant éthiopien déporté le même jour que Solomon, obtienne un visa humanitaire.
Nous demandons que le
Grand Conseil vaudois entreprenne la même démarche pour sauver la vie d’un être
humain mis en danger suite à la décision d’expulsion prononcée par le SEM. Si
l’intégrité physique, voire la vie de Solomon Arkisso devait être atteinte, les
autorités vaudoises et suisses en porteraient en partie la responsabilité.
mercredi 12 mai 2021
Violences dans les centres d'asile: témoignages
Deux témoignages des violences subies par les personnes qui habitent au centre d'asile de Giffers, récoltés par Voix d'Asile.
jeudi 29 avril 2021
mardi 9 mars 2021
Des familles sous pression
La vie des Érythréen-ne-s est une longue suite de dangers, d’oppression et de souffrance. La politique d’asile en Suisse est un maillon de cette chaîne de l’enfer sur terre, qui les maintient dans des formes de répression totale, c’est-à-dire qui tendent à les détruire. Ils sont assujettis aux décisions des autorités dans tous les aspects de leur existence, jusque dans leurs droits familiaux bafoués. L’aide d’urgence et la vie dans les centres collectifs de l’EVAM, où ils sont répartis par dortoirs et où la nourriture est distribuée, sont des mécanismes qui désagrègent leur identité, leur personnalité ou leur résistance morale, ainsi que leurs liens familiaux, car la vie de famille est impossible dans ces lieux sans espace de vie propre. L’insécurité, la misère sociale, l’absence de perspectives et l’impossibilité de seulement vivre sa vie, sont leur quotidien.
Mentionnons que l’EVAM ne donne pas non plus accès aux cours de langue française en raison de leur statut, et les prive non seulement d’activités de base pour occuper son temps, mais conséquemment aussi de la possibilité de s’exprimer et de faire connaître leur situation dans leur entourage. Leur isolement et leur dépendance de survie à l’autorité d’assistance les empêchent de mener une vie sociale normale.
La souffrance des Érythréen-ne-s est aussi une souffrance de toutes celles et ceux qui les accompagnent et luttent de manière désespérée contre l’autoritarisme de la bureaucratie de l’asile, installée dans une position dominante, qui mène une politique de démantèlement des liens sociaux et de l’engagement citoyen. Le SEM est une autorité antidémocratique, imbue de son propre pouvoir de coercition, déployé contre les droits humains, contre la protection des personnes vulnérables, contre la protection des familles, d’une manière générale, contre les populations.
La tâche de l’administration est d’examiner les demandes de protection et d’octroyer cette protection à celles et ceux qui en ont besoin, ainsi que de respecter leurs droits fondamentaux. Cette tâche est oubliée et enterrée. Elle s’est muée en l’exercice d’une répression dont on ne distingue pas les limites, qui ne cesse de s’aggraver, et dont la force et l’impact réel sur les populations concernées, tant suisses qu’étrangères, sont sidérants. En ce sens, elles provoquent un état de sidération, une incapacité d’envisager des solutions pour surmonter l’oppression gouvernementale et accéder à la vie libre.
Pour illustrer tout cela, voici le parcours de combattants d’une famille, prise dans le tourbillon de la négation de leurs droits et le mépris de leur personne. L’autorité est sèche et abrupte et n’a cure de leurs souffrances.
Madame explique qu’elle a vécu pendant 5 ans en Grèce, depuis 2012. Le père de son premier enfant l’a abandonnée alors qu’elle était enceinte. Elle vivait dans un centre pour réfugiés dans des conditions très précaires, pendant 4 ans, avec son nouveau-né. La vie y était très difficile, en dessous des minimas. Les locaux étaient surpeuplés et insalubres. Il y avait beaucoup de dépression, de bagarres et de maladies. Quand son bébé est tombé malade et qu’elle s’est rendue chez le médecin, celui-ci lui a dit qu’elle devait payer. Elle n’avait pas droit à la protection sociale sanitaire et, comme elle n’avait pas d’argent, elle ne pouvait pas payer les soins médicaux et devait y renoncer, au péril de la santé de son enfant. Cette situation était extrêmement anxiogène.
Elle ne recevait aucun argent pour vivre. La nourriture était distribuée, comme ici dans l’aide d’urgence, ce qui est une condition de survie insupportable, qui isole socialement les familles, les humilie, et les expose à la grande pauvreté, use leur résistance morale et affaiblit potentiellement de manière durable leurs compétences sociales.
Pour recevoir la nourriture, il fallait faire la queue chaque jour, trois fois par jour, comme en état de guerre et de pénurie. Cela était oppressant et pénible avec le bébé dans les bras. La requérante recevait des couches et du lait pour bébé toutes les trois semaines. Les quantités étaient insuffisantes. Il n’y avait pas de nourriture pour les nourrissons à la cantine et le bébé devait manger la même chose que sa mère, de la nourriture de mauvaise qualité, inadaptée, le plus souvent du riz, parfois des pommes de terre.
Madame vivait avec trois autres femmes, chacune avec un enfant, dans une chambre trop petite. C’était invivable. Il y avait constamment des disputes, et nulle part où s’échapper et aller vivre ailleurs, nulle part où se reposer. L’enfer c’est les autres a écrit un célèbre philosophe. Le besoin d’espace privé est aussi vital que la nourriture. Ce sont les prisonniers et les esclaves que l’on entasse dans des lieux trop étroits, dans le but de leur rendre la vie intenable et de leur donner l’envie de se suicider. C’est comme cela que l’on traite les demandeurs d’asile dans toute l’Europe aujourd’hui, en Suisse aussi, où le partage de chambres trop petites dans les centres de l’EVAM à Ecublens, Valmont, Bex ou Leysin, est le quotidien de nombreuses personnes laissées-pour-compte, maltraitées du fait de ces mauvaises conditions de vie qu’elles doivent endurer pendant des années parfois, et qui vivent constamment sous la pression d’une administration policière qui veut qu’elles « quittent la Suisse ». Comprenez « peu importe par quel moyen », même la mort sociale ou la mort tout court.
En 2015, les trois autres femmes se sont enfuies et des policiers sont venus dans la chambre pour dire à Madame de partir avec son petit enfant. Elle a refusé d’aller vivre dans la rue comme le proposaient les policiers. Des gens d’une association de solidarité sont intervenus et après maintes discussions, elle a pu rester. Cet événement a été très déstabilisant et menaçant pour sa sécurité.
Après la reconnaissance de sa qualité de réfugiée et l’octroi d’une autorisation de séjour, rien n’a changé dans sa situation. Madame est restée dans le même centre, toujours dans des conditions précaires et insalubres. Elle n’a jamais reçu de cours de langue et elle ne parle pas ni ne comprend le grec. Il n’y avait jamais d’interprète et elle ne pouvait pas s’exprimer dans son environnement, ni expliquer ses besoins, ni créer des liens, ni même s’exprimer tout simplement. Les gouvernements occidentaux méprisent la Convention relative au statut des réfugiés, qui fait figure de droit ancien et périmé. Nombre de réfugiés ne reçoivent aucune protection de leur statut et en Suisse, beaucoup survivent sous le statut précaire de « l’admission provisoire ». Ils peinent à accéder aux cours de langue, à la formation, au logement suffisant, aux mesures d’intégration et à l’emploi.
Lorsque leur famille est restée en arrière, dans un autre pays ou dans le pays d’origine, les obstacles bureaucratiques au regroupement familial ne cessent de s’aggraver. Des procédures éreintantes, où il faut fournir des tonnes de documents souvent de manière répétitive, durent des années, trois ans, quatre ans, avec au bout du tunnel encore une réponse négative ! Or, le droit d’être avec sa famille devrait être le premier des droits des réfugiés. En situation d’exil, on a besoin de sa famille comme soutien moral et affectif et pour aller de l’avant. Les mères dont les enfants sont bloqués à l’étranger sont les premières victimes de cette indifférence du SEM à la souffrance humaine. Sans eux, impossible de dormir, de prendre un repas en toute quiétude, de se sentir revivre, et il n’est pas un jour sans pleurer. Aucune mère séparée de ses enfants par la guerre et la dictature ne peut surmonter ses angoisses tant qu’ils ne sont pas ici, avec elle.
Mais revenons à notre affaire. Madame est parvenue à fuir la Grèce et à déposer une demande d’asile en Suisse. La voilà à l’aide d’urgence parce qu’elle devrait retourner vivre en Grèce où elle a le statut de réfugiée. Ce n’est pas ce que dit la Convention relative à la reprise de la responsabilité à l’égard des réfugiés, qui stipule que la qualité de réfugiée reconnue dans un pays est reconnue par les autres États signataires. La répression est l’art de n’user du droit que s’il sert les intérêts et les objectifs de l’administration, et de piétiner celui qui accorderait un avantage aux personnes.
En Suisse, Madame rencontre un homme et ils ont un enfant. Ils ont dû entreprendre de nombreuses démarches auprès de l’EVAM avant que cette autorité concède de leur allouer une même chambre dans un centre collectif dans la même ville. Longtemps ils ont vécu l’un sur Lausanne, l’autre à Vevey. Le père devait se déplacer chaque jour sans argent, parce que les titres de transport ne font pas partie de l’aide d’urgence, pour aller voir son enfant.
Maintenant le couple cherche une stabilité. Ils essayent de s’occuper des deux enfants au mieux dans les conditions de précarité infernale où ils sont, dans un centre collectif de l’EVAM, que les résidents appellent à juste titre « le camp ». C’est un camp. Un camp d’isolement, d’appauvrissement, destiné à soumettre, à rabaisser, à réduire à un état d’infrahumain, d’humain inutile et parqué en marge de la société et de la vie.
La famille est recomposée depuis 2017. L’enfant né en Grèce a un nouveau père qui fait de son mieux dans les circonstances pour s’occuper de lui. L’enfant né en Suisse a maintenant presque deux ans. La famille attend toujours sa régularisation. Dans un préavis sur la réponse à la demande, le SEM propose que toute la famille aille vivre en Grèce où Madame a le statut de réfugiée. Voilà où on en est : prévisiblement une réponse négative selon la proposition du SEM d’aller voir ailleurs, et au-devant de plusieurs années de lutte, le retour en Grèce n’étant pas envisageable.
Monsieur a de la famille en Suisse, sa mère et sa sœur. Ni l’une ni l’autre ne souhaitent son départ dans un autre pays européen, ce qui signifierait qu’elles ne le reverraient plus jamais et ne pourraient pas voir grandir leur petit-fils et neveu. Elles sont titulaires d’une « admission provisoire » et n’ont donc pas le droit de voyager. Dans tous les cas ils ont besoin les uns des autres, car à eux trois, ils sont la famille, les proches pour les un-e-s et pour les autres.
Le SEM n’en a cure. Le bien-être des gens et les besoins socio-familiaux de base des titulaires d’une admission provisoire ne sont pas des critères administratifs pertinents. La bureaucratie « en marche » est une cause majeure de destruction des liens sociaux et de la cohésion sociale.
Être victime de torture, même cela n’est pas un critère. Ce que l’on appelle « asile » aujourd’hui, n’est pas ce que vous croyez. Une politique de renvoi et de répression des demandeurs d’asile n’est pas une politique « d’asile ». Il faut dénoncer cette loi fédérale « sur l’asile » dont elle n’a de ce concept que le nom, mais dont l’application bureaucratique a un tout autre sens, où l’idée même d’asile n’a pas cours.
Monsieur a été victime de tortures. Les conditions dans lesquelles il a été arbitrairement détenu, sans raison et sans jugement, rendent son retour dans son pays inenvisageable. Il raconte qu’il était emprisonné dans la prison de K., dans une très grande pièce, longue comme un hangar. Environ 200 prisonniers s’y trouvaient, en situation de surpeuplement. La prison renfermait environ 2'000 prisonniers. Le requérant dormait par terre à même le sol. Certains prisonniers avaient quelques vêtements ou une natte qu’ils étendaient par terre. Le sol était en béton et les prisonniers dormaient l’un contre l’autre faute de place, sur le côté. Il n’était pas possible de s’étendre sur le dos. Il y avait aussi des couches superposées, mais elles étaient occupées par les prisonniers dominants. Monsieur a dormi par terre enfermé pendant 8 mois. Il n’y avait pas de fenêtre, seulement une porte d’entrée avec une ouverture grillagée au-dessus de la porte. Le matin, les prisonniers étaient sortis de la cellule pour les toilettes, et restaient dans la cour commune à ciel ouvert, entourée de hauts murs où les gardiens faisaient la ronde en continu. Les prisonniers passaient leurs journées là jusqu’au soir vers 17h, où ils étaient à nouveau enfermés dans leurs cellules respectives après un appel. C’est dans l’espace commun que les repas étaient distribués. Les gardiens donnaient le pain et le thé le matin, et l’injera, le plat traditionnel : une crêpe, deux fois par jour, et les lentilles une fois par jour. Les locaux étaient insalubres et il y avait beaucoup de vermine, qui causait des démangeaisons sur tout le corps. Les violences et les bagarres faisaient partie du quotidien. Des prisonniers perdaient la raison. Il n’y avait pas d’activités à part un espace pour la prière et une télévision.
Si ce n’est pas la mission du SEM d’accorder une protection aux personnes qui ont traversé une telle horreur, quelle est alors sa mission ? Accorder l’asile aux victimes de tortures ne relève pas d’une politique migratoire. C’est affirmer l’attachement de notre société aux valeurs démocratiques, contre les dictatures et la répression des populations par une caste au pouvoir qui manipule la police et l’armée dans son propre intérêt. Ces valeurs sont le reflet de nous-mêmes et de notre propre société. Si l’administration suisse ne les reconnaît pas, elle contribue à la répression des populations. Elle accable les victimes de nouvelles souffrances, les maintient dans un isolement qui achève de briser leur dignité et leur existence, et qui empêche la société de se constituer normalement autour des réfugiés, de les absorber et de leur faire une place.
La bureaucratie, c’est l’administration contre la société, contre les gens, contre l’intérêt commun, et même contre la loi comme on l’a vu avec les droits bafoués à mener une vie autonome et décente et à la protection des liens de famille. Cette bureaucratie est le signe d’un sur-pouvoir politique, qui use de la police pour se maintenir en place et imposer ses décisions même les plus choquantes. Tant le SEM que l’EVAM font usage de l’autorité de police, soit par le biais des polices cantonales, soit par l’attribution de mandats à des milices privées, lesquelles se multiplient pour s’approprier les marchés publics et prennent de plus en plus d’assurance dans leurs missions de contrôle et de répression des gens. Le danger ne vient pas des requérant-e-s d’asile, mais bien d’une désintégration de la société démocratique au profit d’une division en castes supérieures et inférieures, où l’administration s’approprie une mission de domination et de manipulation des groupes de population sous sa juridiction, au besoin par la force.
jeudi 4 mars 2021
Interpellation déposée!
L’interpellation au Conseil fédéral intitulée "Le SEM
renvoie malgré le préavis positif de régularisation des cantons. Pourquoi
?" a été déposée:
https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20213031
La publication du faire-part relatant des circonstances de
la mort d’Abdoul Mariga après son renvoi absurde et forcé de la Suisse, avait
déjà suscité un grand émoi sur les réseaux sociaux. Dès lors, nous remarquons
que les questions que nous avons soulevées concernant les pratiques du SEM en
matière de régularisation au sens de l’article 14 LAsi suscitent également un
intérêt large au niveau de la politique partisane. L’interpellation déposée par
Léonore Porchet (Verts, VD) est cosignée par des députés de la gauche (Verts,
Ensemble à gauche/Solidarités, PS) mais aussi du centre et de la droite
parlementaire (Verts Libéraux, PDC-Le Centre, PLR). Ceci est la preuve que
l’indignation face aux pratiques abusives du SEM pointées du doigt par les
groupes de base de défense des droits des personnes exilées est partagée par un
spectre large politique !
Il faudra attendre quelques mois pour une réponse du Conseil
Fédéral.
mercredi 10 février 2021
Rassemblement 24 février 12h: stop aux renvois vers l'Ethiopie!!
dimanche 31 janvier 2021
Des nouvelles de Solomon
de la faim et de la soif, les protestations et la grande mobilisation, les prises de position et
les résolutions de l’ONU en Suisse, vous trouverez ci-dessous des nouvelles de Solomon et
la manière dont les derniers jours avant son expulsion ce sont déroulés.
Ce témoignage soulève de nombreux incidents qui méritent des investigations
supplémentaires et qui doivent être dénoncés !
Contact
collectif at stoprenvoi.ch
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Mardi 19 janvier 2021. Au matin, Solomon va renouveler son papier d'aide d'urgence (action qu'il devait faire régulièrement pour garder son droit au logement à l'EVAM entre autres). La personne au guichet lui demande de patienter dans la salle d'attente. 10 minutes plus tard, deux policiers pénètrent dans les locaux du SPOP et l'embarquent. Menottes aux poignets, sans aucune explication. Solomon se sent traité comme un criminel. Sans que personne ne lui explique ce qui lui arrive, il est emmené en voiture. Pendant le trajet, Solomon demande à joindre son patron pour le prévenir qu'il ne sera pas au travail l'après-midi. C'est la seule demande qui lui est consentie. Il va changer plusieurs fois de véhicule - voitures et fourgonnettes - il est complètement déboussolé et ne comprend pas pourquoi tout ce cirque pour le transporter qui sait où. Ce n'est qu'en arrivant sur place qu'il apprend qu'il a été emmené à Genève, à la prison de Frambois, où il passera la nuit.
Mercredi 20 janvier. Solomon est ramené à Lausanne pour comparaître devant le tribunal des mesures de contrainte et d'application des peines. Là, Solomon rencontre pour la première fois, et qui fut aussi la dernière, l'avocat qui lui a été attribué (qui était, en fait, le stagiaire de l'avocate censée s'occuper de sa situation), accompagné d'un interprète anglais, langue que Solomon ne parle pas. Lorsqu'il le fait remarquer au procureur, ce dernier lui répond : "On va faire avec". Sous-entendu par-là que Solomon ne connaîtra pas le contenu du jugement, à part quelques éléments qu'il a compris en français et de bribes d'anglais. Oui, malgré le fait qu'il ait précisé qu'il ne parlait pas anglais, l'ensemble du jugement lui a été traduit dans cette langue.
Ensuite, Solomon est ramené à Frambois, au sous-sol, dans une pièce avec toilettes et lavabo. Il y est placé en isolement jusqu'au mardi suivant. Il n'est autorisé à voir personne, mesure COVID. Il reçoit les appels seulement quand le personnel de la prison est disponible pour les lui transférer. Impossible non plus de lui rendre visite.
Plus aucune nouvelle de sa supposée avocate jusqu'au lundi 25 janvier, date à laquelle il reçoit un appel pour lui dire qu'elle passera mardi. Or, mardi, personne ne vient.
Dans la nuit de mardi 26 à mercredi 27, ses ami.es, son équipe de foot, viennent devant la prison de Frambois depuis Lausanne, pour être là au cas où Solomon serait emmené de nuit à l'aéroport. Iels veillent toute la nuit jusqu'au petit matin, avant de retourner à Lausanne pour le travail. Deux heures plus tard, on apprend que la police vaudoise est arrivée à Frambois avec l'intention de ramener Solomon dans le canton de Vaud. Il est dit aux personnes encore postées devant la prison en soutien aux incarcérés, que le vol n'aurait "peut-être pas lieu".
Les ami.es de Salomon appellent Frambois pour savoir où il a été transféré. Les gardiens leur répondent qu'ils ne peuvent pas donner cette info, qu'ils doivent appeler le service de la population (SPOP) vaudois. Lorsque ses ami.es appellent le SPOP, on leur dit que seule l'avocate peut avoir accès à ces informations. Sa sœur ne compte pas. Son avocate n'en a rien à faire de lui, mais plusieurs personnes essaient de l'appeler tout de même puisqu'elle semble être la seule à avoir droit à cette information si confidentielle. On pense qu'il a été emmené à nouveau dans les locaux de la police cantonale de la Blécherette. Le pourquoi du comment les policiers ont procédé ainsi reste un mystère. L'avocate attend la journée du mercredi 27 janvier, le jour du vol spécial, pour faire une demande de réexamen, qui bien sûr arrivera trop tard. Elle laisse encore cette journée s’écouler avant de lâcher qu’elle ne sait pas où se trouve Solomon, sans avoir pris la peine de passer un coup de fil à la réception de la police cantonale.
Mercredi 27 janvier. Dans la soirée, Solomon est transféré depuis Lausanne vers l'aéroport de Genève (matin à Frambois, après-midi à Lausanne, retour à Genève le soir). Il aura dû d’abord subir la torture psychologique de la police de la Blécherette. Affaibli par sa grève de la faim et cherchant à trouver du repos, Solomon est réveillé à maintes reprises par les policiers qui entrent dans sa cellule, lui enlèvent la couverture, puis repartent. Il est ensuite déshabillé, et plaqué contre le mur pour une fouille intégrale - lors de laquelle les policiers se foutent de lui.
"Ils m'ont humilié jusqu'au bout"
A nouveau menotté, il est embarqué dans une voiture. Personne ne lui dit où il va. Une fois arrivé à l'aéroport de Genève, il est contraint de se diriger vers l'avion, encadré par deux policiers. Quand Solomon monte dans l'avion, les policiers précisent qu'il a un certificat médical. Dans l'avion, ils étaient 7 Ethiopiens de Suisse, 3 des cantons romands et 4 des cantons germanophones, plus de 40 policiers. Pendant le trajet, un des policiers lui tend une enveloppe en lui disant que c’est de l’argent auquel il a droit, une somme d’un peu plus de 1000 .-. Solomon signe une sorte de reçu, attestant qu’il a bien reçu l'argent, un papier écrit à la main. Arrivé à Addis Abeba, il ouvre l'enveloppe dans laquelle il n'y a plus qu’une centaine de francs, le policier lui a donc dérobé 1000.-. « J'aimerais comprendre pourquoi il a fait ça ».
Solomon a pu sortir de l’aéroport et il va « bien », il atterrit.
jeudi 28 janvier 2021
Le renvoi de la honte vers l'Ethiopie a eu lieu!!
Nous relayons le communiqué des ami-e-s de Tahir et nous associons à leur colère!
Communiqué de presse – 28 janvier 2021
Tahir expulsé: les autorités genevoises exécutent un renvoi inqualifiable!
Une mobilisation large d’ami·e·s de Tahir a organisé une présence jour et nuit du 25 au 27 janvier devant le Centre de détention administrative de Frambois pour dénoncer le renvoi de Tahir et de 2 autres personnes vers l’Ethiopie, un renvoi organisé par vol spécial Frontex.
Depuis plusieurs jours, Tahir était en grève de la faim et de la soif. Mardi matin 26 janvier, la police l’a contacté pour lui proposer 1'000 CHF en échange de l’acceptation de son renvoi, ce à quoi Tahir a répondu que sa vie n’était pas à vendre. Il s’agit d’une pratique inacceptable et que nous dénonçons.
Mercredi 27 janvier vers midi, l’état de santé de Tahir s’est dégradé et il a été transféré aux urgences des HUG. Vers 18h, nous avons appris qu’il serait emmené à l’aéroport. Plusieurs dizaines de personnes se sont postées devant différentes sorties des HUG afin de lui dire au revoir, et de former une chaîne humaine symbolique contre son renvoi.
Alors que nous étions masqués et respections les distances physiques sanitaires, les forces de police ont procédé à des contrôles de papiers et menacé de dresser des amendes. C’est à ce moment que Tahir a été sorti de son lit aux urgences pour être emmené à l’aéroport. Le mouvement s’est alors déplacé devant le Terminal 2, d’où le vol spécial devait partir. De nombreuses démarches ont été menées en parallèle pour demander aux autorités genevoises, en charge de l’exécution du renvoi, d’empêcher ce renvoi inacceptable. L’espoir a persisté jusqu’au bout, l’avocate de Tahir, Maitre Buser, ayant fait un dernier recours ce 27 janvier en fin de journée auprès du Tribunal Administratif Fédéral avec mesures d’urgence.
A 22h, le vol spécial Frontex, mutualisé avec l’Allemagne, s’envolait vers Addis Abeba, avec escale à Athènes pour embarquer d’autres personnes déboutées. Au vu de tous les éléments questionnant la légitimité du renvoi de notre ami, nous sommes extrêmement choqués que le Canton n’ait pas usé de son pouvoir pour renoncer à l’exécution de ce renvoi.
Nous dénonçons tout particulièrement que:
- Tahir ait été arraché de son lit d’hôpital aux urgences pour être mis de force dans l’avion
- Aucun test PCR n’a été effectué au départ de la Suisse, alors que cette dernière doit le réaliser avant tout départ
- Les autorités genevoises n’ont rien fait pour empêcher ce renvoi, alors que son exécution relevait de leur compétence
Nous avons appris ce jeudi matin que Tahir est bien arrivé à Addis Abeba.
Le contact avec lui ne sera pas rompu.
Les ami·e·s de Tahir
samedi 23 janvier 2021
Appel de Migrant Solidarity Network: non aux déportations vers l'Ethiopie!
Communiqué de presse:
Nous demandons à Karine Keller Suter, Cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP) et Mario Gattiker, Secrétaire d’Etat aux Migration (SEM), ainsi qu’aux autorités compétentes la suspension du vol spécial vers l’Ethiopie prévu le 27.01.2021 et l’annulation du renvoi forcé des requérant.e.s d’asile éthiopien.ne.s résidant en Suisse
NON aux déportations vers l’Éthiopie ! Non au vol spécial du 27 janvier !
Lundi S.A. a été arrêté et placé en détention à la prison de Frambois en vue d’une expulsion vers l’Éthiopie alors qu’il se rendait au Service de la population vaudoise (SPOP) pour renouveler son papier d’aide d’urgence. En période de COVID, de telles interventions se font loin des regards et loin du bruit !
Dans le contexte de cette arrestation, on apprend que le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) organise une expulsion collective par vol spécial[1] de Suisse vers l’Éthiopie le 27 janvier 2021, et ceci malgré la guerre, la crise et la pandémie qui frappent ce pays.
En Éthiopie, la situation ne fait qu’empirer !
Alors même que la situation politique se détériore en Éthiopie, nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour dénoncer cette pratique et demander « un arrêt immédiat des renvois forcés en Éthiopie »[2] , dont l’OSAR – Organisation Suisse d’Aide aux Réfugiés –, la Confédération en profite pour y organiser un vol spécial. De manière plus cynique, pourrait-on dire, qu’elle en profite justement avant que des mesures diplomatiques ne soient prises qui l’en empêcherait ?
Selon des haut-e-s-responsables de l’ONU et de l’UE, il existe des « rapports concordants à propos de violences ciblant certains groupes ethniques, d'assassinats, de pillages massifs, de viols, de retours forcés de réfugiés et de possibles crimes de guerre »[3] (Josep Borrell, Haut représentant de l'Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, 15/01/2021).
En avril 2018 déjà, on apprenait que le gouvernement suisse avait signé un accord secret de réadmission avec l’Ethiopie prévoyant la transmission aux services secrets éthiopiens des données personnelles des personnes renvoyées de force[4] les jetant droit dans la gueule du loup. Cet accord avait déjà été dénoncé à l’époque par Amnesty International et Human Rights Watch. Mais le gouvernement persiste et signe !
Pourtant, depuis l’entrée en fonction du premier ministre Abiy Ahmed en 2018, et la mise en œuvre de nombreuses réformes, les tensions entre son gouvernement et le Front de libération du peuple du Tigré (Tigray People's Liberation Front TPLF), le parti au pouvoir dans la région du Tigré n’ont cessé d’augmenter. En septembre 2020, le gouvernement central a pris la décision d’annuler les élections régionales en raison du COVID 19, mais celles-ci ont eu lieu malgré tout dans la région du Tigré. Le conflit s’est alors amplifié entraînant des centaines de morts et blessés - suite aux attaques aériennes lancées par l’armée éthiopienne - et, selon Amnesty International, des massacres de civils[5].
Lors d’un reportage audio de la RTS[6], les experts interrogés compare cette guerre ethnique actuelle avec le génocide d'ex-yougoslavie, expliquant que celui-ci sera long et violent, les soldats étant entraînés au combat. Les réseaux internet sont coupés rendant l'accès aux informations impossible dans certaines regions du pays, tout comme l’accès de l’aide humanitaire.
S.A. n’a pas pu accepter de retourner volontairement en Éthiopie
Les autorités vaudoises et fédérales sont aveugles aux vies humaines touchées par l’exécution mécanique d’ordres et envoient sans sourciller des personnes au cœur d’une guerre civile naissante. Ces expulsions vers l’Éthiopie mettent délibérément en danger l’intégrité des personnes concernées, elles doivent être impérativement empêchées !
Cela fait plus de 7 ans que S.A. vit dans le canton de Vaud. Jusqu’à ce jour il partageait une chambre dans un foyer d’aide d’urgence avec sa sœur - et son enfant - elle aussi en Suisse depuis près de dix ans. Malgré ces difficultés, c’est ici qu’S.A. tisse des liens et exerces ces activités depuis de nombreuses années. Or, selon les informations qui nous sont parvenues, S.A. se trouve actuellement dans un état critique. Déjà traumatisé, affaibli psychiquement et affecté physiquement, la violence de son arrestation et l’absurdité de cette décision d’expulsion ne font qu’aggraver sa situation, le confrontant encore une fois aux décisions « administratives » aberrantes des autorités vaudoises et fédérales et à leurs conséquences bien réelles et destructrices. Quand cet acharnement de l’État et ces procédures d’expulsion meurtrières s’arrêteront-t-elles ?
Nous ne cesserons de dénoncer cet entêtement absurde, irresponsable et inhumain des autorités et exigeons la libération immédiate de S.A. et de tous ses compatriotes de Frambois et d’ailleurs ! Nous ne cesserons d’exiger l'arrêt total des expulsions et un droit de rester pour toutes et tous.
A lire également l’Appel de Migrant Solidarity Network : Le vol spécial prévu pour l’Éthiopie ne doit pas décoller https://migrant-solidarity-
[1] Par vol spécial on entend des déportations forcées, sous la contrainte, lors desquelles les personnes concernées se font ligoter de la tête (casque) aux pieds et aux mains. Elles restent entravées ainsi durant un long vol, encadrées par une dizaine de policier par personne, avant d’être remises par les autorités suisses et européennes aux autorités policières/migratoires du pays vers lequel l’expulsion est opérée.
[3] https://www.mediapart.fr/
https://eeas.europa.eu/
[5] https://www.amnesty.org/en/
[6] https://www.rts.ch/info/monde/
[7] Afin de contacter l’Appel de Migrant Solidarity Network, vous pouvez leur adresser un mail à l’adresse suivante : info@migrant-solidarity-