Une réaction suite à l'article paru dans le journal 24 Heures du 7-8 septembre 2019, "Mis sur la sellette, des cadres de l'Evam dénoncent leur direction"*
Toute
notre sympathie à ces courageu-s-es chef-fe-s anonymes, contraint-e-s
« du jour au lendemain » de « repostuler »
à une autre fonction « sans aucune garantie d’embauche ».
« Sinistre jeu de chaises musicales », quand on est
responsable de l’accueil de réfugié-e-s contraint-e-s de quitter leur foyer du
jour au lendemain, sans aucune garantie de ne pas mourir noyé-e-s en
Méditerranée.
Ces
cadres de l’EVAM n’auront pas la lâcheté d’Amanil, 22 mois, qui, il y a une
année au foyer EVAM d’Ecublens, s’est révélé incapable d’articuler le moindre
mot cohérent aux policiers qui l’arrachaient aux bras de sa mère enchainée,
pour les expulser. Face à l’injustice, ces chef-fe-s parleront, car la « violence
institutionnelle » qui les frappe est « inouïe ».
Amanil et les réfugié-e-s mineur-e-s, gardé-e-s par des agents de sécurité
armés de gants de frappe et de spray au poivre, ne subissent, en effet, que des
violences institutionnelles banales.
Ce qui
n’est pas normal, c’est d’avoir pris soin durant des années de gérer les
mirgant-e-s comme un stock de marchandises sans, y mettre la moindre humanité,
de les avoir déplacé-e-s au quatre coins du canton sans leur demander leur avis
- c’est la loi - et de se retrouver aujourd’hui à risquer « une
évolution professionnelle », voir « des mesures
d’accompagnement ». Sans même avoir pu voter.
Le pire,
c’est le « flou », le « couperet » prêt à
tomber. Les requérant-e-s d’asile qui se plaignent d’attendre de longs mois une
réponse à une question de vie ou de mort feraient bien de s’inspirer du
stoïcisme de ces chef-fe-s. Leur lutte promet d’être belle mais rude. Réputé de
longue date pour ses décisions administratives incompréhensibles, l’EVAM est
passé maître en « problème de transparence ».
Et ce
n’est même pas une question d’argent. L’EVAM a déjà gaspillé des fortunes pour
pourrir la vie des réfugi-é-s à l’aide d’’urgence et continuera à le faire.
Pour ses cadres « sur le balan », c’est cependant encore pire
: être sacrifié-e-s sur l’autel des coupes budgétaires, ça aurait une certaine
noblesse, elles et ils n’auraient rien dit. Mais maltraiter ainsi,
gratuitement, leur petite personne impose la prise de parole. Que ces cadres
organisent quotidiennement la « maltraitance »
institutionnelle, d’un degré infiniment plus grave, infligée aux migrant-e-s
”accueilli-e-s” par l’EVAM, n’y change rien !
Nous
encourageons donc la direction de l’EVAM et les chef-e-s rebelles à continuer
chacun leur héroïque combat respectif. Perdez-y autant de temps que possible à
cette « nouvelle organisation ». Peut-être laisserez-vous
ainsi tout-e-s les réfugié-e-s vivre enfin en paix dans le canton de Vaud.
Droit de
Rester, Lausanne
* l'article en question peut être lu sur le site du journal: