mardi 7 août 2012

Menaces et expulsions… à quel jeu joue l'EVAM?


Lundi 6 août 2012, plusieurs personnes hebergées par l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants ont reçu une lettre les informant de la fin de l'aide d'urgence. Ces personnes, qui vivent ici pour la plupart depuis des années, ont été sommées de quitter la chambre collective qu'elles occupent dans le foyer de Vennes et ceci, du jour au lendemain, les sacs sur le dos, sous menace d’être délogées par la police et criminalisées (plainte pénale en cas de non-collaboration !).
Pour comprendre toute l'absurdité et la violence de ce courrier, voici quelques rappels:

 -l'aide d'urgence est un droit garanti par la constitution fédérale.
Art. 12 Cst : Quiconque est dans une situation de détresse et n’est pas en mesure de subvenir à son entretien a le droit d’être aidé et assisté et de recevoir les moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine.

 - cette aide est distribuée en nature (de la nourriture, un toit et des vêtements) ou en espèce pour les personnes dites vulnérables (9.50 par jour en tout et pour tout, ceci étant censé couvrir la nourriture, les vêtements, hygiène et transport).  Il s'agit de la moitié de ce qui est considéré comme la limite du seuil de pauvreté en Suisse et les personnes n’ont pas le droit de travailler.

- Nous ne connaissons personne pour qui l’aide d’urgence est confortable. Les personnes soumises à ce régime vivent dans des conditions matérielles très précaires et dans une grande détresse psychologique. Si elles restent ici à ces conditions depuis si longtemps (parfois depuis plus de 4 ans), c'est qu'elles ne peuvent pas faire autrement (risque vital en cas de retour au pays, retour matériellement impossible, racines  implantées ici)
L’aide d’urgence a pourtant été prévue pour durer un court laps de temps (quelques semaines).

-  L'EVAM n'est pas responsable de l’octroi de cette aide mais uniquement de fournir les prestations qui en découlent – c’est le SPOP, service de la population, qui renouvelle le droit à l’aide d’urgence. La lettre envoyée par l’EVAM est intitulée « Echéance de votre attestation d’aide d’urgence », instituant un doute pervers sur ses compétences. Elle s’abstient d’indiquer le droit des personnes à continuer de toucher l’aide d’urgence, leur faisant croire qu’elles n’ont plus d’autres solutions que la rue.

Jusqu’où ira l’EVAM dans la violation des droits fondamentaux? Qui s’inquiète de sa participation active à la violation des droits des personnes ? Quel rôle joue l’EVAM dans le passage des personnes dans la clandestinité et dans la rue ?

Qu’attendons-nous pour nous donner les moyens de répondre à ces questions et nous pencher sur le traitement inacceptable que l’on réserve aux personnes concernées ?

La durée passée à l’aide d’urgence devrait être pour nous le signe d’une impasse de notre politique migratoire, d’une nécessité à régulariser les personnes dont la vie est ici. Le constat de cet échec ne devrait pas être un motif pour violer les droits des gens au point de les mettre à la rue et de les pousser à disparaître !