samedi 19 février 2011

Rejetons le racisme et la discrimination envers les migrant-e-s

Pendant près de 4 mois, nous avons tenu un refuge pour des requérant-e-s d'asile menacé-e-s de renvoi. Cette action de solidarité a fait avancer le dossier de quelques personnes et les a protégés de l'expulsion. La fermeture du refuge ne signifie pas pour autant l’arrêt de notre résistance vis-à-vis de la politique de refus d’asile aux personnes qui en font la demande.
Nous dénonçons une fois de plus la situation des personnes déboutées de l'asile soumises au régime de l'aide d'urgence (privation de toute aide sociale, hébergement collectif contraint, en principe aucun argent). Depuis des années, ces personnes croupissent dans des centres, sont privées des droits de base et de toute dignité, sont déplacées comme des marchandises d’un bout à l'autre du canton et d'un centre à l'autre, quand elles ne sont pas enfermées dans des abris PC sous-terrains. Condamnées à l’inactivité par l’interdiction de travail, ces personnes, hommes, femmes et enfants, vivent constamment dans l’angoisse d’une arrestation, d’un renvoi forcé. Cette angoisse leur enlève toute force de vie et les rende malades. Seule leur détermination à ne pas quitter la Suisse reste intacte, dictée par l’impossibilité d’un retour dans le pays d’origine dans la dignité.
Néanmoins l’Etat reste sourd et aveugle face à cette réalité et persiste à vouloir les expulser par la force en leur refusant protection et respect de leurs droits. Mais les autorités sont-elles conscientes de l’aberration d’une telle politique ? Se rendent-elles compte qu'elles ne cessent de multiplier des outils de répression coûteux et honteux contre des êtres humains à qui on refuse de plus en plus de droits?
La Suisse et le canton perdent une occasion de construire une vraie politique d’accueil, en reconnaissant des droits à ces personnes qui vivent ici depuis des années et font la richesse et la diversité de notre société. Avec cet aveuglement, la Suisse et le canton vont droit dans le mur : cette politique coûte très cher au canton, sépare les citoyens en « bons » et « mauvais », criminalise les personnes à l’aide d’urgence et crée un climat d’insécurité et de peur inadmissible. Ceci ne fait que qu'intensifier les forces déjà trop présentes dans le canton qui poussent vers toujours plus de fermeture, de renfermement et de discrimination raciste. Rien n'arrêtera l’arrivée inévitable de refugié-e-s des pays appauvris et déstabilisés. L’arrivée importante de ressortissant-e-s de Tunisie en Italie est la preuve.


Nous demandons un vrai changement: une politique qui octroie des droits aux migrant-e-s venu-e-s chercher un refuge et une vie digne et qui favorise la régularisation de leur statut de séjour. Nous demandons également que les débouté-e-s de l'asile ne soient plus soumis-e-s au régime discriminatoire et inhumain de l'aide d'urgence, et qu'elles et ils ne soient plus interdit-e-s de travail.


La politique du siège éjectable et le refrain de l'abus
Les lois actuelles sur l’asile n’ont fait que criminaliser les migrant-e-s et instaurent un climat de suspicion, qui renforce le racisme. Cette politique instaure l'image de l'étranger synonyme de problème et d'abus et met en question l’Etat de droit (droits fondamentaux) et l’Etat social (droit à des prestations). Ce qui arrive aux requérant-es d’asile aujourd’hui n’est que l’exemple de ce que vont subir les les plus fragilisé-es parmi les Suisses demain, et que subissent déjà de nombreuses personnes précarisées.
Réagissons et refusons une telle logique discriminatoire!
tract du 19 février 2011

vendredi 4 février 2011

Après quatre mois de refuge, le Collectif Droit de Rester retourne dans la rue

En octobre 2010 s’ouvrait un refuge à l’Eglise St-Jacques pour protéger plusieurs personnes sans statut légal concrètement menacées de renvoi, mais aussi et surtout pour attirer l’attention de la population et des autorités sur le caractère insoutenable de la situation des requérant-e-s débouté-e-s de ce canton, plongé-e-s depuis des années dans un quotidien de contrainte, de misère et dans la peur constante d’un renvoi vers un pays où elles/ils n’ont pas ou plus de liens.
Aujourd’hui, suite à nos divergences avec les autorités des églises catholique et protestante nous fermons le dernier refuge à l’Eglise St. Esprit de Lausanne.
Nous regrettons que les Eglises ne mettent pas à profit leur autorité morale et symbolique pour dénoncer les conditions de vie faites à des centaines de personnes sans statut qui ne demandent qu’à vivre normalement. En leur tournant le dos et en refusant de soutenir leur droit à une vie digne, elles renient leurs valeurs les plus fondamentales et se rendent complices des politiques discriminatoires et attentatoires à la vie des migrant-e-s.
Pendant les 4 mois de refuge, de nombreuses personnalités politique ou individuelles, des paroisses, des paroissiennes et paroissiens ont manifesté leur soutien aux personnes soumises au régime de l’aide d’urgence et à notre action.
Fort-es de ce soutien, nous sommes déterminé-e-s à poursuivre notre lutte pour des régularisations. Nous attendons des instances cantonales et fédérales qu’elles ouvrent enfin des portes à celles et ceux qui veulent construire une nouvelle vie.  Les autorisations de séjour sont le premier pas pour permettre aux gens de vivre en paix. Nous dénonçons l’absurdité de politiques qui visent à enfermer les requérant-e-s d’asile dans des non-lieux, les excluant de la société ce qui coûte des sommes faramineuses, alors que la plupart de ces personnes pourraient être autonomes.
Aujourd’hui, nous invitons les représentant-e-s de la société civile à réclamer du département de M. Leuba des critères de régularisation plus larges et plus en lien avec la réalité. Ce débat ne doit évidemment pas s’arrêter au niveau du canton, mais aussi être relayé à Berne.
La démocratie nous appartient…faisons-la vivre dans notre vision d’ouverture ! Cessons de fermer les yeux et demandons plus de justice et d’équité !

Une autre Suisse est possible et nécessaire et notre lutte continue !