lundi 29 septembre 2014

arrestation de Fatmir!

Ce matin notre ami Fatmir Krasniqi a été arrêté à son domicile en vue de le renvoyer au Kosovo, Fatmir affirme être ressortissant de Macédoine et non du Kosovo. Il vit en Suisse depuis 18 ans! Il a appris rapidement le français, a fait diverses formations et travaillé successivement dans l’agriculture, comme traducteur pour l'EVAM, puis pour une entreprise de transports. Un grave accident de travail en 2005 l’a forcé cependant à cesser de travailler pour une longue période.
Fatmir a cherché plusieurs fois à être régularisé. Mais malgré son long séjour en Suisse, son intégration avérée et sa volonté de vivre de manière autonome, les autorités ont toujours refusé de le soutenir, et ont régulièrement exercé des menaces de renvoi. 
Depuis plusieurs années nous accompagnons Fatmir dans ses démarches. Nous avons vu comme la procédure d’asile et les menaces proférées régulièrement par le Service de la population l’ont marqué, l’ont fragilisé. Sa vie a été rythmée durant des années par la peur du renvoi, la crainte que la police ne vienne le chercher, comme elle l’a fait ce matin.
Et pourtant, malgré cette situation très pénible, Fatmir est déterminé à rester ici. Après 18 ans de vie en Suisse, il est impossible de retourner dans son pays d'origine!
Nous sommes scandalisés par l’arrestation de Fatmir et exigeons sa libération immédiate et sa régularisation, pour lui permettre de continuer à vivre légalement dans ce pays qui est devenu son lieu de vie. 

dimanche 21 septembre 2014

Stop bunker! Solidarité avec les personnes en lutte pour leurs conditions de vie et leurs droits!

Piquet de protestation mardi 23 septembre, 13h30 à 14h devant le Grand Conseil, sur les marches du palais de Rumine, place de la riponne à Lausanne. 
Depuis le mois d’août 2014, un collectif de demandeurs d’asile érythréens est entré en lutte pour exiger de bonnes conditions d’hébergement dans le canton de Vaud. Epuisés par des conditions de vie profondément dégradées dans les abris PC de l’EVAM, ils ont entrepris une première action de grève de la faim. Ce collectif a exigé une rencontre avec la direction de l’EVAM durant laquelle ils ont exposé leurs revendications. Face à l’urgence de la situation et la réponse insatisfaisante de l’EVAM, un premier piquet de protestation s’est tenu devant le Grand Conseil.
Aujourd’hui, de nombreux requérants d’asile sont logés dans les abris de la Protection Civile gérés par l’EVAM. Ils sont contraints de vivre dans des locaux sous terre, sans fenêtre, dans des dortoirs collectifs parfois insalubres, sans intimité. L’accès à une cuisine leur est impossible. Ces personnes sont obligées de partir chaque jour à 10h de l’abri sans possibilité d’y retourner avant le soir. Dans ces conditions, la santé mentale et physique des personnes est dégradée, le sommeil difficile. Le droit de vivre décemment et dignement leur est refusé.
Ce collectif exige un logement décent, c’est-à-dire un lieu de vie non souterrain et accessible 24h sur 24. Ils revendiquent un hébergement non surpeuplé, où l’accès à une cuisine est donné, et leur assure l’autonomie qui leur est indispensable. Nous refusons que des personnes soient contraintes de vivre dans un abri PC.
Nous sommes solidaires de la lutte exemplaire de ce collectif et nous soutenons pleinement leurs revendications. La politique menée ici est un laboratoire de réduction des droits fondamentaux qui frappe toujours les plus faibles d’abord et qui est amenée à se généraliser.
Nous appelons toutes et tous à soutenir cette lutte par des déclarations et des actions. Un nouveau piquet de manifestation se tiendra le mardi 23 septembre 2014, à 13h30, devant le Grand Conseil vaudois, Palais de Rumine, Pl. de la Riponne.

 Collectif Droit de rester, SOS Asile Vaud, Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers, Collectif des Sans-Papiers de La Côte, Solidarité sans frontières, Fédération syndicale SUD, Association de défense des chômeurs/euses, L’Autre Syndicat, UNIA Vaud, Jeunes socialistes Vaudois, Parti Ouvrier Populaire & GM, Jeunes POP (NE), La Gauche Vaud, Organisation Socialiste Libertaire, Mouvement pour le socialisme (MPS), SolidaritéS Vaud, Jeunes VertEs Vaudois, Verts Vaudois, Gauche Anticapitaliste, Syndicat des services publics - Région Vaud

vendredi 12 septembre 2014

Stop Bunker!

Nous avons fui l’Erythrée pour échapper à de graves persécutions en espérant pouvoir ensuite avoir une vie paisible, travailler, vivre en famille. Nous avons accompli un voyage long et dangereux pour arriver en Suisse. Nous étions tous heureux d’être arrivés dans ce pays dont nous connaissions la tradition d’accueil et d’humanisme. Lorsque nous avons été attribués au canton de Vaud nous avons été hébergés dans des abris de protection civile.
Les conditions de vie dans ces bunkers sont pratiquement insupportables : Nous manquons de sommeil, il est impossible de s’y reposer. Nous n’y sommes pas en sécurité et nous ne pouvons nous y nourrir normalement.
Nous appelons les autorités politiques vaudoises à tout mettre en œuvre pour mettre fin dès que possible à l’hébergement de migrants en abris de protection civile.
Dans cette attente, nous avons transmis à l’EVAM (Etablissement Vaudois d’Accueil des Migrants) des propositions de mesures permettant de rendre notre hébergement en abris d’avantage supportable :
·       Ouverture des abris 24h/24 pour que nous puissions y rester nous reposer si nous sommes malades ou fatigués.
·       Moins de personnes hébergées dans le même bunker. Nous voulons habiter avec des personnes qui, comme nous, cherchent à vivre paisiblement.
·       La possibilité de cuisiner dans le bunker. Nous voulons pouvoir préparer et choisir nous-mêmes notre nourriture.
A ce jour, si la direction de l’EVAM a pris note de nos demandes, elle n’a donné aucune réponse concrète.
Nous appelons les autorités politiques vaudoises à faire pression sur la direction de l’EVAM pour que soient immédiatement mises en place des mesures améliorant drastiquement les conditions d’hébergement en abris PC.

Des migrants hébergés en abris PC dans le canton de Vaud, avec le soutien de Droit de rester

J’ai été emprisonné 6 mois en Erythrée. Ils m’ont torturé avec de l’électricité parce que je refusais de faire mon service militaire. Dans mon pays, on ne sait jamais quand ça va finir, ça peut durer toute la vie. Ma famille a dû payer beaucoup d’argent pour me faire sortir. J’ai pu fuir par le Soudan. Des passeurs m’ont abandonné dans le désert, je n’avais que très peu d’eau et j’ai cru mourir de soif. En Lybie, des gens m’ont fait payer très cher un passage en bateau en nous disant qu’il y avait de l’eau et de la nourriture à bord. Mais il n’y avait rien. Je suis resté presque trois jours en mer sans boire ni manger avant d’arriver en Italie. Des Italiens nous ont dit qu’on ne nous aiderait pas ici et de partir au Nord. Cela fait maintenant neuf mois que je suis logé dans un abri de protection civile de la région lausannoise. Je n’arrive pas à dormir la nuit, il y a toujours du bruit et la gale me démange terriblement. Je l’ai attrapée en Lybie, on m’a soigné, mais comme le bunker est très sale, je l’ai attrapée de nouveau. La nuit dans ma tête je n’arrête pas de penser à la prison et au désert. Je me sens très mal. Tous les matins, le samedi et le dimanche aussi, on nous réveille vers 7h.30. Le pire c’est quand je réussis à m’endormir juste avant. 
Efrem*, 19 ans

Je suis parvenu à déserter l’armée érythréenne et à fuir au Soudan, en laissant ma femme et mes deux enfants. Des hommes armés m’ont capturé. J’ai essayé de fuir, mais j’ai reçu une balle dans la jambe. Ma famille a dû payer beaucoup d’argent pour me libérer. En Lybie j’ai trouvé un bateau pour l’Europe. Il y avait beaucoup trop de gens sur le bateau et pas assez à boire. Certains sont tombés à l’eau durant le trajet et se sont noyés. En Italie il n’y a presque rien. Souvent on dort dans la rue. Alors je suis venu en Suisse. Cela fait une année que je suis dans un bunker. Tous les jours le personnel de l’EVAM nous dit de sortir du bunker. Si on a pas l’école on peut aller à la structure de jour. Il faut marcher et ma jambe me fait mal. Cela met très longtemps pour voir un docteur. Une fois je suis tombé malade. Je vomissais et j’avais la diarrhée. J’aurais voulu manger juste une soupe ou un fruit, mais tous les jours je reçois les mêmes sandwich et plats tout préparés à réchauffer au micro-onde. L’hiver passé, je me suis acheté une veste chaude. On a forcé mon armoire dans le bunker et on me l’a volée. J’envoie presque tout l’argent que je reçois de l’EVAM à ma famille et je ne sais pas comment en acheter une autre. Souvent la nuit, il y a des bagarres dans le bunker. Plusieurs de mes amis se sont fait frapper. J’ai peur pour moi et ma famille.
Ammanuel*, 33 ans

distribué le 9.9.14


dimanche 7 septembre 2014

Manifestation mardi 9 septembre devant le Grand Conseil vaudois, 13h30, place de la Riponne Lausanne

Un groupe de personnes venues d'Erythrée protestent actuellement contre leurs conditions de logement à l'EVAM (établissement vaudois d'accueil des migrants). Ces personnes sont en procédure d'asile, et logées dans des abris de protection civile. Elles n'en peuvent plus de dormir dans des bunkers fermés, de ne pas pouvoir y rentrer la journée pour se reposer, de devoir manger des sandwichs et des plats précuisinés tous les jours. Elles ont discuté avec la direction de l'Evam, mais n'ont pas obtenu de réponses concrètes satisfaisantes.
Les autorités politiques vaudoises sont appelées à intervenir pour que soient immédiatement prises des mesures pour améliorer l'hébergement! 

Mardi 9 septembre entre 13h30 et 14h, ce groupe sera présent devant le Grand Conseil avec le soutien de Droit de Rester. Venez les soutenir!

Les familles à l’aide d’urgence manquent de tout

5 septembre 2014     Depuis juillet 2014, la famille Behida est logée dans le nouveau centre d’aide d’urgence à Yverdon. Elle explique ceci :

La famille ne reçoit aucun argent, seulement des bons pour prendre des aliments dans l’épicerie de l’EVAM ou des vêtements-chaussures au vestiaire de Caritas. Leurs enfants sont âgés de 1 ½ ans à 15ans. Ceux qui sont scolarisés ont reçu en tout et pour tout 50 frs en début d’année scolaire pour leurs fournitures. Cette somme est insuffisante et ils manquent de tout : feutres, crayons de couleur, plume, effaceur, calculatrice, tabliers, vêtements et chaussures de sport appropriés, sac d’école, etc. La petite a des chaussures trouées et c’est la seule paire qu’elle possède. Il n’y a pas sa taille au vestiaire de Caritas et ses parents n’ont pas pu lui trouver des chaussures correctes pour l’école, et rien pour le sport. Il en est de même pour les autres enfants. Il est difficile de trouver la bonne pointure, la bonne taille ou les vêtements recherchés au vestiaire de Caritas. Le garçon n’a pas pu payer les 5 frs pour la photographie de classe. Les enfants reçoivent les réprimandes régulières de leurs enseignants en raison de leur manque de matériel, et ils ne savent pas comment expliquer leur situation.

En ce qui concerne la nourriture, la famille se nourrit essentiellement de riz et de pâtes. Il n’y a jamais de salade dans l’épicerie et la viande n’est pas halal. Ils ne peuvent pas la manger et ils n’en prennent jamais. Il y a du poisson panné industriel qu’ils prennent de temps en temps dont les enfants disent qu’il est « bizarre ». Il y a beaucoup de boissons gazeuses en grandes bouteilles et pas de thé froid, alors que les enfants préfèrent le thé froid. Les fournitures pour l’enfant en bas âge sont inexistantes. Il n’y a pas de lolette, ni de biberon par exemple.

Les parents ont demandé à pouvoir faire un programme d’occupation mais cela leur a été refusé. Ils ne reçoivent aucune prestation en espèce et n’ont donc pas le libre choix de leurs achats. Ils ne peuvent pas vivre comme ils l’entendent et cette situation affecte plus particulièrement les enfants. Les deux aînées ne peuvent faire aucun achat personnel alors qu’elles sont en âge de sortir avec leurs copines et d’avoir leurs propres activités. Elles ne peuvent pas se rendre à un anniversaire par exemple, si elles sont invitées, car elles ne peuvent pas acheter ni amener aucun cadeau. Les enfants n’ont aucune activité extrascolaire, ni aucun loisir. Leurs parents ne peuvent leur payer aucune activité ni aucun objet personnel. Ils rentrent au centre en dehors des heures de classe, ils y passent tout leur temps, et leurs journées entières les fins de semaine. Le câble n’est pas branché de sorte que la famille ne reçoit pas la télévision. Les parents ne peuvent acheter aucun jouet, aucun jeu, ni aucun livre, et le parc avoisinant a été interdit aux enfants du centre.

En l’absence d’espace de jeu, les enfants du centre jouent et crient dans les escaliers, dans le couloir principal qui est donc très bruyant, toute la journée. Les portes ne sont pas insonorisées de sorte qu’il y a un bruit permanent du couloir et de la route dans l’appartement. C’est encore pire la nuit. Les gens se disputent et crient, il y a des bagarres, les enfants crient et pleurent, les petits ne dorment pas, souvent très tard dans la nuit. Cela est inapproprié pour les enfants scolarisés qui ont de la peine à dormir et à se reposer.

L’appartement consiste en 4 pièces pauvrement meublées de lits métalliques et d’armoires de récupération dont certaines menacent de s’écrouler. Dans le hall d’entrée, qui est dépourvu de fenêtre et qui sert de salle à manger, il y a deux petites tables de 75x75 cm, une armoire et trois petites caisses de rangement en plastique. La porte d’entrée ne ferme pas car la serrure est défectueuse. En outre, la famille n’a pas la clé. L’enfant de 1 an ½ cherche à sortir et il faut en permanence le surveiller. Il est déjà sorti dans le couloir, il est passé à travers les montants de la balustrade des escaliers et il a failli tomber la tête la première en bas. Sa grande sœur est parvenue de justesse à le rattraper. Cette situation est une source d’inquiétude permanente pour la famille. En outre, les fenêtres des chambres sont basses (à moins de 1m de hauteur) de sorte que l’enfant risque de s’y hisser et de tomber dans la rue.

Il n’y a pas de salle de séjour où la famille pourrait mener leur vie commune. Ils n’ont pas d’autre choix que de stationner dans une chambre ou l’autre, ou dans l’espèce de hall d’entrée qui est un endroit très moche, sans intimité à cause des bruits du couloir et de la porte qui ne ferme pas, où on n’a pas envie de rester.

Les parents signalent que la sortie du centre est très dangereuse. Elle donne pratiquement sur la route qui est très fréquentée. Il n’y a pas de trottoir, ni aucun signalement de la partie réservée aux piétons et de celle où circulent les voitures, qui est très proche de l’entrée du centre, ni aucune barrière. Il y a beaucoup d’enfants dans le centre.

La famille est venue avec une armoire personnelle, mais l’employé de l’EVAM leur a ordonné de la jeter au motif que « les gens qui ont un papier blanc [une attestation d’aide d’urgence] n’ont pas le droit d’avoir des choses comme ça ».

La famille n’a pas d’intimité. Le couloir d’entrée de leur appartement est considéré par l’EVAM comme un lieu commun et les employés entrent pratiquement sans frapper. Ces derniers ont déjà souvent dit à la famille que « ce n’est pas un appartement ici, vous n’êtes pas chez vous ici. ». Tous les jours, l’agent de sécurité leur fait des reproches à propos de la porte d’entrée en leur disant : « Vous devez laisser la porte ouverte pour qu’on vous voie ! ». Au début de leur séjour, un autre résident du centre venait là tous les matins pour utiliser la douche. L’agent de sécurité leur demande également quotidiennement de jeter leurs trois bacs de rangement en plastique et les deux tables qui se trouvent dans le hall d’entrée au motif qu’ils n’y ont pas droit. La famille manque de place de rangement et a besoin de tables pour les devoirs des enfants et pour les repas.


La famille se trouve ainsi en rupture de toute autonomie économique ce qui affecte dans une large mesure les enfants, qui n’ont ainsi aucune possibilité d’avoir des activités en dehors de l’école. Leur intégration sociale, leur apprentissage de l’autonomie personnelle ou le développement de leur personnalité par la création de liens sociaux et l’exercice d’activités, sont prétérités par les mesures d’aide d’urgence que l’EVAM applique sans discrimination à toute personne dépendante de leurs prestations qui, soi-disant n’ont pas « droit aux prestations en espèces ». Il s’agit d’un euphémisme de la loi pour dire qu’ils n’ont pas le droit d’exister, de vivre la vie ordinaire de tous les jours, d’avoir des contacts avec d’autres gens, de choisir leurs horaires, leur nourriture, leurs biens personnels ou leur mode de vie, et qu’on les considère comme des animaux, aptes tout juste à se nourrir de la nourriture distribuée par l’autorité, et à dormir dans l’abri collectif où l’autorité les affecte.