Lundi 6 août 2012,
plusieurs personnes hebergées par l'Etablissement vaudois d'accueil des
migrants ont reçu une lettre les informant de la fin de l'aide d'urgence. Ces
personnes, qui vivent ici pour la plupart depuis des années, ont été sommées de
quitter la chambre collective qu'elles occupent dans le foyer de Vennes et
ceci, du jour au lendemain, les sacs sur le dos, sous menace d’être délogées
par la police et criminalisées (plainte pénale en cas de non-collaboration !).
Pour comprendre
toute l'absurdité et la violence de ce courrier, voici quelques rappels:
-l'aide d'urgence est un droit garanti par la
constitution fédérale.
Art. 12 Cst : Quiconque
est dans une situation de détresse et n’est pas en mesure de subvenir à son
entretien a le droit d’être aidé et assisté et de recevoir les moyens
indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine.
- cette aide est distribuée en nature (de la
nourriture, un toit et des vêtements) ou en espèce pour les personnes dites
vulnérables (9.50 par jour en tout et pour tout, ceci étant censé couvrir la
nourriture, les vêtements, hygiène et transport). Il s'agit de la moitié de ce qui est considéré
comme la limite du seuil de pauvreté en Suisse et les personnes n’ont pas le
droit de travailler.
- Nous ne
connaissons personne pour qui l’aide d’urgence est confortable. Les personnes
soumises à ce régime vivent dans des conditions matérielles très précaires et
dans une grande détresse psychologique. Si elles restent ici à ces conditions
depuis si longtemps (parfois depuis plus de 4 ans), c'est qu'elles ne peuvent
pas faire autrement (risque vital en cas de retour au pays, retour
matériellement impossible, racines
implantées ici)
L’aide d’urgence a
pourtant été prévue pour durer un court laps de temps (quelques semaines).
- L'EVAM n'est pas responsable de l’octroi de cette
aide mais uniquement de fournir les prestations qui en découlent – c’est le SPOP , service de la population,
qui renouvelle le droit à l’aide d’urgence. La lettre envoyée par l’EVAM est
intitulée « Echéance de votre attestation d’aide d’urgence »,
instituant un doute pervers sur ses compétences. Elle s’abstient d’indiquer le
droit des personnes à continuer de toucher l’aide d’urgence, leur faisant
croire qu’elles n’ont plus d’autres solutions que la rue.
Jusqu’où ira
l’EVAM dans la violation des droits fondamentaux? Qui s’inquiète de sa
participation active à la violation des droits des personnes ? Quel rôle
joue l’EVAM dans le passage des personnes dans la clandestinité et dans la rue ?
Qu’attendons-nous
pour nous donner les moyens de répondre à ces questions et nous pencher
sur le traitement inacceptable que l’on réserve aux personnes concernées ?
La
durée passée à l’aide d’urgence devrait être pour nous le signe d’une impasse
de notre politique migratoire, d’une nécessité à régulariser les personnes dont
la vie est ici. Le constat de cet échec ne devrait pas être un motif pour
violer les droits des gens au point de les mettre à la rue et de les pousser à
disparaître !
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