Le 11 avril à 4 heures du matin, 30 policiers font irruption
dans un centre EVAM : une mère, quatre enfants et une adolescente sont
emmenés sans la possibilité de faire leur valise. Le père, en détention
administrative depuis 3 mois à Frambois, les rejoindra avec les mêmes méthodes.
Pour des raisons de procédure, reste dans l’appartement la grand-mère de 75
ans, aveugle, impotente et sans assistance (pourquoi pas 29 policiers et 1 pour
elle ?...). Embarquement dans un vol spécial affrété uniquement pour eux.
Les adultes sont attachés. Belle image que garderont les enfants (6, 9, 10 et
14 ans) de leurs parents « criminels ». Le budget étant maintenant
largement dépassé, chacun recevra 50 euros pour vivre à Sarajevo, sans famille
et sans contact, et pour les enfants sans possibilité de comprendre la langue.
En effet, la famille, d’origine Rrom, en Suisse depuis 5
ans, a dû fuir la Bosnie dans les années 90, après avoir perdu maison et terres
durant la guerre. Après un long périple en Europe, où ils tentent en vain de
trouver refuge, ils arrivent en Suisse et déposent une demande d’asile :
les populations Rroms sont victimes de discriminations sévères et avérées en
Bosnie. Les enfants, ayant débuté leur scolarisation en Suisse, ont évidemment
le français comme langue de référence.
Décidemment, l’Histoire se
répète. Le même 11 avril, Mme Sommaruga présentait les excuses officielles aux
victimes des mesures de contraintes et des placements forcés d’enfants, dans
les années 60 :
« Nous ne
pouvons plus continuer à détourner le regard, car c'est précisément ce que nous
avons fait pendant bien trop longtemps », « C'est
une violation de la dignité humaine"[1]
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