En avril, on apprenait avec
une certaine stupeur la signature d’un nouvel accord migratoire avec l’Éthiopie:
désormais il sera possible de renvoyer des personnes déboutées de l’asile vers
cette dictature. Le canton de Vaud, soi-disant à la traine des renvois selon
Berne, a-t-il décidé d’être cette fois un exemple en renvoyant le premier des Éthiopien∙ne∙s
vers une destination où ils et elles risquent la torture et la détention
arbitraire?
Les opposant∙e∙s politiques sont en Éthiopie durement réprimé∙e∙s. Amnesty
International comme Human Rights Watch ont souvent dénoncé la situation. Et
pourtant, la Suisse a signé ce printemps un accord qui facilite les expulsions
vers ce pays. Un accord qui prévoit la transmission aux services secrets éthiopiens
des données personnelles des personnes renvoyées de force. Ces services secrets
participent activement aux actes de tortures que dénoncent les ONG. Ils sont à
la solde du régime au pouvoir dont les forces spéciales ont exécuté plusieurs
centaines de personnes, parmi elles des bébés. Des milliers d’Éthiopien∙ne∙s sont
encore détenu∙e∙s arbitrairement, parmi elles des militant∙e∙s politiques et
des manifestant∙e∙s pacifiques. Non contentes de renvoyer des êtres humains
vers la torture, la Suisse et l’Union européenne facilitent le travail de leurs
bourreaux !
Cet accord inique, qui éloigne encore plus la réputation du pays des droits
humains de la réalité, n’a pourtant été signé que pour environ 300
personnes qui sont sur la sellette d’un renvoi. Mais près de 1500 autres Éthiopien∙ne∙s
attendent dans l’angoisse une décision à leur demande d’asile.
Dans le canton de Vaud, une trentaine de personnes vivent dans la crainte
d’être renvoyées directement dans les bras des services secrets éthiopiens. Plusieurs
personnes sont déjà assignées à résidence et sous la menace d’une expulsion
imminente. Est-ce pour répondre aux critiques de Berne que les autorités
mettent désormais la pression sur ces personnes?
Le collectif Droit de rester s’inquiète du sort des opposant∙e∙s politiques
qui seront renvoyé∙e∙s. Le canton de Vaud n’a pas à participer à cette
violation des droits humains ! Le Conseil d’État présentera-t-il platement
ses excuses lorsque nos ami∙e∙s renvoyé∙e∙s auront été torturé∙e∙s? Le SEM
devra-t-il les ramener en Suisse, comme il avait dû le faire avec deux Sri
Lankais en 2014?
Nous demandons que les autorités vaudoises cessent immédiatement de
collaborer à un tel déni des droits et fassent tout leur possible pour que le
SEM accorde aux ressortissant∙e∙s éthiopien∙ne∙s un droit de séjour. En
attendant, les renvois doivent être suspendus !
Voir le
rapport d’Amnesty International sur l’Ethiopie, 2017/2018 :
https://www.amnesty.org/fr/countries/africa/ethiopia/report-ethiopia/