Amanil est né en Suisse le 1er
décembre 2016. Sa maman est originaire d’Erythrée, où elle a rencontré son
papa, avec qui elle s’est mariée en 2013. Le couple a fuit l’Erythrée et après
un long voyage est arrivé en Grèce. La maman d’Amanil y a obtenu l’asile, mais
pas son papa. La maman d’Amanil a eu la chance d’être ponctuellement aidée par
une église éthiopienne, mais elle n’avait pas de logement, ni argent, ni accès
aux soins, ni nourriture. Lorsqu’elle est tombée enceinte d’Amanil, elle a
décidé de quitter le pays et de demander l’asile en Suisse où Amanil est né il
y a presque deux ans.
La maman d’Amanil a voulu éviter
à son fils de connaître la précarité de la rue. C’est pourquoi elle s’opposait
à son renvoi à Athènes. La Suisse a en effet refusé d’entrer en matière sur sa
demande, au prétexte qu’elle avait le statut de réfugiée en Grèce – les
persécutions subies en Érythrée ont en effet été reconnues et la Grèce a admis
qu’elle ne pouvait pas rentrer dans son pays d’origine.
Le HCR, Amnesty International,
Human Rights Watch et MSF dénoncent régulièrement la situation des réfugié∙e∙s
en Grèce. Les services d’aide aux réfugiés étant extrêmement précaires en
Grèce, la plupart des réfugié∙e∙s n’ont ni logement ni travail et vivent dans
la rue. C’est le cas non seulement des demandeurs d’asile, mais aussi des
personnes qui ont obtenu la reconnaissance de leur statut de réfugié.
Amanil ne connait ni l’Érythrée
ni la Grèce. Il ne connait pas non plus son papa, dont la trace s’est perdue en
Grèce. Il ne connait que le foyer EVAM d’Ecublens. Mais aujourd’hui, ce matin à
4h, il a été réveillé par une dizaine de policiers ; il a vu sa maman
pleurer et il a été obligé de partir avec elle.
À l’heure actuelle, nous sommes
sans nouvelle d’Amanil et de sa maman, qui doivent pourtant être arrivés à
Athènes. Nous exigeons de savoir où est la famille, quelle a été leur prise en
charge à leur arrivée, et s’il est garanti qu’Amanil et sa maman auront un toit
pour vivre et une aide sur le long terme en Grèce. Nous avons malheureusement
de bonnes raisons d’en douter.
Mais aussi nous voulons savoir
pourquoi les autorités vaudoises s’acharnent ainsi sur les plus faibles,
renvoient des familles, des petits enfants ; comment est-il possible de ne
pas comprendre qu’une jeune mère souhaite à son bébé de ne pas grandir dans la
rue ? comment est-il possible de parler d’un renvoi « sans
contrainte » (communication du spop), lorsqu’il y a une dizaine de policiers pour embarquer une
jeune femme, des cris, des larmes, et ceci devant témoins ? Les autorités
vaudoises ont apparemment perdu tout sens des notions de bienveillance,
d’accueil, comme de violence et de contrainte. Ont-elles aussi perdu tout sens
des responsabilités qu’elles renvoient ainsi une maman et son fils de 20 mois
dans les rues athéniennes ?
Nous exigeons des réponses et
l’arrêt de tous les renvois mettant en cause des enfants.
Collectif Droit de rester, 4
septembre 2018
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