Nous relayons la prise de position des employé-e-s de l'Evam
Prise
de position d’employé-e-s de l’EVAM (assitant-e-s sociales-aux, éducateurs-trices, surveillants, coordinateur-trices de
programme d’occupation…)
Le 4 septembre
2018, une mère isolée et son fils de 20 mois, Amanil, ont été renvoyés
subitement et de force vers la Grèce lors de l’irruption d’une dizaine de
policier, à 6h du matin, dans sa chambre.
Privé du réconfort
de sa mère pour assurer la « réussite » de l’expulsion, Amanil,
paniqué, n’a cessé de hurler pendant près de 5heures. Ce n’est qu’arrivés à
Athènes que sa mère a pu le prendre dans ses bras pour tenter de le
réconforter.
Cette intervention
de police s’est déroulée au foyer EVAM d’Ecublens, sous les yeux des employés
présents et d’autres bénéficiaires. Depuis cet évènement, les familles « à
l’aide d’urgence » vivent dans la crainte permanente d’être les prochains.
Certaines
choisissent de se cacher. Pour leurs enfants, qui connaissent déjà l’angoisse
du renvoi, commence une véritable errance d’un logement précaire à l’autre,
entre les nuits chez des amis et les chambres d’un soir. L’impact sur leur
santé, sur leur scolarisation et sur leur développement est
catastrophique !
Au sein des foyers
EVAM, de tels événements laissent également des traces. Et ce au moment-même où
– quelle ironie ! - l’EVAM met sur pied un groupe de travail visant à
améliorer les conditions de vie dans ces foyers. Il ne s’agit pas d’une
question de confort, c’est le cœur du travail des professionnel-le-s qui est
menacé : la relation de confiance entre assistant social, éducateur ou
encadrant et le ou la bénéficiaire.
Comment maintenir
ce lien de confiance avec les bénéficiaires après avoir été les témoins
impuissants, et donc en apparence consentant-e-s, d’une scène où d’autres
fonctionnaires, travaillant pour le même Etat, presque des collègues, arrachent
un petit enfant aux bras de sa mère ? Pire encore lorsqu’on nous demande
de collaborer aux expulsions, comme en témoigne cet extrait du « journal
événement » d’un foyer :
« 10h.16 : Reçu appel de la gendarmerie,
pour nous informer que demain 15.08.2018 ils viendront au foyer vers 9h00 –
9h15 matin pour chercher M. X. Ils m’ont précisé de ne pas transmettre l’info
au bénéficiaire bien évidemment et leurs contacter rapidement si ce dernier
essaye de partir, demain matin avant que
la gendarmerie arrive au foyer. »
Le renvoi forcé
d’Amanil et de sa mère n’est qu’un exemple des nombreuses discriminations et maltraitances visant les mineurs
migrants, notamment dans l’accès aux activités extra-scolaires et dans le domaine
de l’hébergement.
Ces pratiques portent atteinte à nos
conditions de travail et à notre santé, d’autant plus qu’elles vont à
l’encontre de la mission de l’EVAM -l’accueil des migrants-, de notre éthique
professionnelle et de notre attachement aux droits humains, notamment ceux
garantis par la convention internationale
relative aux droits de l’enfant. Celle-ci précise que « Les Etats parties prennent toutes les
mesures appropriées pour que l'enfant soit effectivement protégé contre toutes
formes de discrimination ou de sanction motivées par la situation juridique,
les activités de ses parents, de ses représentants légaux ou des membres de sa
famille. »
Nous ne pouvons
rester passifs et donc complices de ces pratiques et souhaitons rendre la
présente prise de position publique et interpeler notre direction, le cas
échant le conseil d’Etat sur les problématiques suivantes :
- Descentes
de police visant à des expulsions pour des familles avec enfants mineurs
dans les foyers EVAM.
- Implication
des employé-e-s dans les expulsions, y compris de majeur-e-s.
- Prise
en compte des besoins spécifiques des enfants hébergés dans les foyers
EVAM.
- Prise
en charge pour les mineur-e-s « à l’aide d’urgence » des
activités culturelles et sportives sous l’angle de l’équité de traitement
avec les enfants permis N et F et Mineurs Non Accompagnés, assisté-e-s par
l’EVAM.
Nous donnons
mandat à notre syndicat, le SSP, et sa délégation de nous accompagner dans ces
buts.
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