Ci
- dessous le résumé de l'humiliation
dont
j'ai été l'objet le dimanche 3/02/2019
Invité par
l’ARAVOH pour une tournée de conférences dans quelques villes de Suisse-Romande,
je revenais de Gorgier où je venais de faire une intervention dans l’église évangélique
dans l’avant midi quand je me vois arrêté par la police sous prétexte de
contrôle d’identité pendant qu’il y avait des centaines de passagers blancs et
blanches qui passaient sans être inquiétés.
En effet
: ce dimanche 03 février 2019 à 15 h 45, je descends du train à la
gare de Lausanne et je me dirige vers l’endroit où l’on s’est fixé rendez –
vous avec Danilo Gay pour nous rendre à Ecublens où je devais tenir la
conférence à 17 h. Je suis le seul homme de couleur au milieu des hommes
et des femmes blancs (blanches) lorsque je vois deux jeunes hommes (en
civil) qui se dirigent vers moi. L’un d’eux me dit :
« Monsieur, je suis policier en me montrant sa carte. Il me demande de lui
présenter mes pièces d’identité. Je lui montre ma carte d’identité et il
garde ça en me demandant de lui donner mon petit sac à main que
j’avais pour qu’il contrôle.
Moi :
Je leur dis « Monsieur, vous savez que ce que vous faites est
une infraction » ?
Policier :
« Comment ça » ?
Moi :
Oui c’est une infraction parce que c’est un contrôle au faciès, il y a beaucoup
de gens qui passent ici, mais vous ne leur demandez rien.
Seulement moi, pourquoi ? Vous
savez que le contrôle au faciès est interdit par la loi ou pas ? Je vous
ai montré ma carte et laissez-moi partir.
Policier :
Non, Monsieur, c’est notre travail et vous venez avec nous.
Moi :
Oui, c’est votre travail, mais je vous ai montré ma carte d’identité.
C’est tout.
Police :
Oui mais nous avons un problème avec les cartes d’identité néerlandaises.
Donc il faut venir avec nous.
Moi :
Aller avec vous, où ? Je ne vous connais pas.
L’un d’eux
ouvre une porte de cave et me demande d’y entrer. Je lui dis que je ne peux pas
entrer là-bas. Il n’y a rien qui indique que c’est un bureau de police et
vous-même, vous n’êtes pas en uniforme de police. Qu’est qui me rassure pour
entrer dans cette cave ?
Le
policier insiste pour que j’entre et moi, je refuse.
L’un
d’eux dit à l’autre d’envoyer un sms à un troisième policier qui
vient et se met à l’écart pour observer. Ils insistent pour que j’entre dans la
cave. J’ai refusé en leur répétant que c’est un contrôle au faciès et que
rien ne me rassure d’entrer dans cette cave. Je ne vois aucune
mention de la police là. Comment expliquer que tout le monde passe et il n’y a
que moi que vous contrôlez. Parce que j’ai la peau noire, donc je
suis criminel !
Sur ce, il
ferme la cave et me dit de remonter avec eux les escaliers. L’un des policiers
dit à l’autre de partir avec moi au bureau pour me prendre les empreintes.
Je sors mon téléphone pour appeler Danilo, mais ces policiers m’intiment
l’ordre de ne pas appeler. Il prend mon téléphone et le garde.
Nous
remontons et nous arrivons devant un bureau où il y avait la
mention « Borders control » nous y entrons. Ils me
demandent de sortir tout ce que j’avais dans les poches. Ils
m’ont fouillé et ont fouillé mon petit sac à main. Ils n’ont rien
trouvé qui pouvait menacer la sécurité de la Suisse à part le flyer et le
programme de la conférence. Il me demande de remettre mes effets dans le
petit sac, pourtant c’est lui qui avait sorti ça.
Policier :
Vous venez faire quoi en Suisse ?
Moi :
Je viens pour une tournée de conférences, ce matin j‘ai été à Gorgier dans
une église et on m’attend pour partir à Ecublens pour une autre conférence ce
soir et je lui montre le flyer et le programme.
Policier :
Conférence dans quel cadre ?
Moi :
dans le cadre de la migration.
L’un des
policiers demande à l’autre de prendre mes empreintes, mais le troisième leur
dit : si vous n’avez rien trouvé, il faut le laisser partir.
C’est
comme ça qu’ils m’ont laissé et je leur dis que je me sens humilié.
Cette
humiliation je l’ai subie encore le 31 janvier 2019 vers 21 h., juste
avant de sortir de la gare de Bâle. Un douanier en uniforme m’a demandé ma pièce
d’identité, que je lui ai donnée. Il l’a gardée et pendant qu’il me demandait
de contrôler ma valise, Claude Braun qui était venu m’accueillir à la gare
arriva. On se salue … Sans contrôler
ma valise le policier me pose la question : si Claude
Braun était mon ami qui venait m’accueillir, je réponds que oui et le policier
me remet ma carte et me dit de prendre ma valise et partir.
Et dans
leur bureau qui était juste à côté, il y avait un homme de couleur noire comme
moi qui était arrêté et qui se plaignait du contrôle au faciès. Cet homme
je l’ai laissé là.
Je
déplore et condamne ce contrôle au faciès qui n’est
qu’une humiliation des personnes de couleurs. Rien n’indique qu’il n’y a
que des personnes de couleurs qui commettent des crimes en Suisse !
Emmanuel
Mbolela, Lausanne, le 4.2.2019
Auteur et
militant des droits de l'homme