Le collectif Droit de rester à Lausanne et la section Vaudoise de la ligue suisse des droits de l’homme vous invitent à une soirée d’information sur le référendum contre Frontex, et pour discuter de l’implication de la Suisse dans les violations massives des droits des personnes migrantes aux frontières externes de l’UE.
dimanche 28 novembre 2021
Referendum contre Frontex
lundi 22 novembre 2021
Feministasylum
Droit de rester participe à la campagne Feministasylum, pour une reconnaissance effective des motifs d'asile propre aux femmes, aux filles et aux personnes LGBTIQA+.
Nous voulons que les motifs d'asile spécifiques aux femmes et personnes LGBTIQA+ soient reconnus et qu'une protection particulière soient accordées à toute personne subissant des violences de genre.
Ce n'est pas le cas en Suisse. Il est temps que cela change!
Pour signer la pétition, c'est ici!
jeudi 18 novembre 2021
Jawid Y.: renvoyé de Suisse vers la Suède sous l'oeil hypocrite des autorités vaudoises
Il y a une semaine, ce que nous craignions est arrivé. Notre ami Jawid, arrivé en Suisse en octobre 2020 fuyant la Suède où il était en danger d’expulsion pour l’Afghanistan, après 5 ans de séjour, a été renvoyé. Son délai Dublin était pour le 10 décembre 2021. L'avion le transportant est arrivé en Suède le 10 novembre. Après un contrôle sommaire des autorités suédoises, Jawid s’est retrouvé à la rue, sans aucun soutien de l’état. Heureusement, il est à l’heure actuelle hébergé par des solidaires.
Nous sommes amené.es une fois de plus à dénoncer un renvoi violent et le régime Dublin qui traite les êtres humains comme de la marchandise pouvant être ballotée d’un pays à l’autre, sans considération pour le trauma que cela provoque pour les personnes exilées.
Voici un compte rendu des événements ayant menés au renvoi de Jawid.
Le 4 novembre 2021 Jawid a été arrêté par 4 policiers à 6h30 à Bex dans sa chambre. Il n’a pas opposé résistance et il a été transporté à la Blecherette, puis à Frambois. Il a pu avertir deux personnes par téléphone.
A Frambois, il a été mis en quarantaine car il n’était pas vacciné. Il ne pouvait pas avoir de contact avec d’autres détenus mais il a pu être visité par des aumônières. Il nous a dit que sa cellule était froide et les draps glaciaux. Il a eu droit à une avocate d’office qu’il n’a pas vu mais avec laquelle il a eu un contact téléphonique. Nous avons pu avoir contact avec lui en passant par le téléphone des gardiens. Lors de sa détention, il était très déprimé mais espérait encore pouvoir retrouver la liberté.
Le 7 novembre on lui a proposé un test covid. Il a refusé et on lui a dit qu’il avait la possibilité de refuser encore une fois. A la troisième demande, s’il persistait à refuser on l’aurait soumis au test sous contrainte.
Le 9 novembre il nous a informé.e.s qu’on le ramenait à Lausanne, au Spop. Puis pendant 24h plus personne n’a pu avoir de ses nouvelles malgré nos demandes de renseignements à la police et au spop.
Le 10 novembre, à la suite d’une intervention de l’avocate sur une demande de notre part, le Spop a informé du renvoi de Jawid en Suède depuis Zürich le matin tôt. L’avocate d’office n’a pas eu le temps de faire recours contre sa détention.
Arrivé à l’aéroport de Stockholm, la police l’a libéré après l’avoir contrôlé, sans lui fournir aucune aide.
Il a pu contacter la famille qui l’avait aidé pendant son premier séjour en Suède et depuis il est hébergé par cette même famille.
Il reste en contact avec nous et nous attendons un compte rendu écrit de sa déportation. Les 9 et 10 novembre, nous savons qu’il a été déplacé trois fois de cellule à Lausanne, réveillé à 3h du matin et mis dans un fourgon pour Zürich. Cette fois, fatigué et apeuré, il n’a pas résisté et il a accepté le test covid. En route vers l’avion, Jawid était menotté et accompagné de 10 policiers qui sont restés avec lui pendant la durée du vol. Sur l’avion, il y avait une autre personne afghane, qui était, elle, Dublinée Hollande.
Photo: remise de la pétition "Soutenons les Afghan-es réfugié-es dans le canton de Vaud" le 3 novembre au bâtiment du Grand Conseil vaudois à Lausanne. Jawid était parmis les Afghan-es présent-es.
mardi 9 novembre 2021
DANGER DE RENVOI IMMINENT
RISQUE DE TEST PCR PAR LA FORCE EN VIOLATION DES PRINCIPES ETHIQUES FONDAMENTAUX DE LA MEDECINE
Nous sommes très inquièt·es que Jawid soit renvoyé en Suède d’ici la fin de la semaine. Il a eu le courage de refuser une première demande de se soumettre à un test COVID. Ses gardes lui ont dit qu’ils lui demanderont encore deux fois. Si au bout de la troisième fois, il refuse toujours, ils le feront par la force. La commission centrale d’Éthique des Académies suisses des sciences (ASSM) et la conférence des médecins pénitentiaires suisses (CMPS) ainsi que l’organisation d’aide Suisse aux Réfugiés (OSAR) ont pourtant tous dénoncé le caractère invasive et contraire à la déontologie médicale des tests PCR obligatoires.
Jawid va mal. Détenu à Frambois depuis cinq jours, sa cellule est froide, ses draps de lit glaciaux. Il doit faire une quarantaine de 10 jours. Tiendra-t-il après tout ce qu’il a déjà dû endurer ? Nous le sentons fatigué et terrifié à l’idée d’être renvoyé en Suède, où il n’a ni famille, ni de possibilité d’un séjour légal.
Le cynisme de nos autorités n’a-t-il donc pas de limites ? Forcer un jeune Afghan à retourner dans un pays où il a vu sa demande d’asile refusée, l’exposer gratuitement à une précarité certaine alors qu’il a tissé des liens à Lausanne, que sa sœur et ses neveux et nièces se trouvent en Suisse, le contraindre à se soumettre à un test PCR ; toute cette violence pour quoi ? Pour que la Suisse se targue d’accueillir une personne en moins sur son territoire, au nom de l’État de droit. Écœurant.
jeudi 4 novembre 2021
Le canton de Vaud continue de renvoyer des réfugié·es afghan·es !
Jeudi matin 4 novembre, notre ami Jawid a été arrêté par la police vaudoise. Originaire d’Afghanistan, il a fui son pays de naissance en quête de protection en Europe. Il a d’abord atterri en Suède, avant d’atteindre il y a une année la Suisse, pour y rejoindre sa sœur qui y vit. Mais voilà, qui dit Suède dit accords Dublin, et les autorités ont décidé que c’est dans ce pays qu’il doit rester, alors même que la Suède n’accorde que très difficilement l’asile aux personnes afghanes.
Nous ne savons à l’heure actuelle pas où est Jawid, s’il est
déjà dans un avion pour la Suède ou encore emprisonné en Suisse.
Ce que nous savons en revanche, c’est que les autorités
vaudoises, en particulier Philippe Leuba, en charge de l’asile, ne reculent
devant aucune hypocrisie dans la question des refugié·es afghan·es. Le 20
octobre 2021, Philippe Leuba se gargarisait dans la presse de son geste
humanitaire en faveur de vingt cyclistes afghanes, exfiltrées et arrivées en
Suisse pour obtenir l’asile. La préparation de l’arrestation de Jawid se
faisait en parallèle.
Comble de l’ironie, les député·es du Grand Conseil ont voté
le 12 octobre 2021 une résolution (21_RES_14) demandant
au Conseil d’Etat de soutenir les personnes réfugiées afghanes. Pour notre
part, mardi 2 novembre, nous avons déposé une pétition munie de 823 signatures
demandant aux autorités vaudoises de tout faire pour faciliter l’accueil des
réfugié·es afghan·es, y compris de suspendre tous les renvois prévus. Mais
apparemment le Conseil d’Etat et l’administration vaudoise restent de marbre.
Nous sommes inquiètes pour Jawid, fragilisé par des années
de procédures et de pression (comme il l’explique dans son témoignage en pièce
jointe) et demandons la suspension immédiate de son renvoi, ou son retour en
Suisse. Les autorités helvétiques doivent lui accorder la protection à laquelle
il a droit et arrêter de persécuter les réfugié·es afghan·es dont le sort émeut
tout le monde sans pour autant donner lieu à un accueil digne de ce nom.
Témoignage de Jawid Y. :
Jawid est débouté, Non entrée en matière
Dublin, à l’aide d’urgence depuis le 10 juin 2021. En Suisse depuis le 1er
octobre 2020, il est menacé de renvoi Dublin en Suède, d’où il est menacé de
renvoi en Afghanistan car il a été débouté en Suède où il avait demandé l’asile
à son arrive en Europe. Quand il a quitté l’Afghanistan mi-2015, il avait 21
ans. Aujourd’hui il a 27 ans .
I want to live like a normal person, I want to
have the same rights, I want to study, I want to work.
I want to speak to my family (in Tadjikistan
now) and not lie to them.
Since 6 years I’m lying to them because I don’t
want to tell them what I’m going through.
It would destroy them. My mom would be
destroyed if she knew what I’m going through.
I say that I’m fine, that I’m waiting for my asylum answer, that I’m ok, that I have French courses…
My dream is to have a normal life. I don’t
demand anything else, just to have a normal life. I don’t want to live in a
refugee camp anymore.
I just want to do things that I want.
I don’t want every night security guards knock
on my door and check if I’m here.
I don’t want to be forced to go to SPOP and EVAM offices every day, or every two days…and to wait there for the white paper and to get 9.- CHF per day to survive here.
My dream in Afghanistan was to get a diploma in
IT ingeniring. I was studying IT in Kaboul Technic University and I liked it. I
studied 2 and ½ years at this University.
But I was forced to live my country very
quickly.
I even could not say good-bye to my family before leaving Kaboul because they live in the countryside.
During all this years in Sweden, I was
studying.
I studied hard Swedish language. I passed the
Swedish test in 1 and 1/2 year. Usually people need 4 to 5 years to succeed
with this Swedish test.
I went to school in Sweden.
I was just ready to start University there.
I had every possibility to enter to University…expect the permit.
Now I don’t have the energy anymore to study.
I want to stop.
I question myself. Is this life really fair to
stress myself…and to try to survive here…
I don’t have hope anymore.
I even committed suicide while in Bex.
I see the doctor once a week and I see the psychologist from the hospital every day in Bex. It’s boring to see them, to talk to them, knowing that nothing will change.
And the doctor, what they can do? When they ask
me how I am feeling, I answer: « Well, I’m pissed of like all the other
days ».
I asked them not to come on Friday. But they
say “No”, because their boss took the decision that the doctor have to see me
every day.
I don’t see any light. For me, my life is like walking in a dark
room and I don’t know when I’ll crash the wall.
(AF, récit récolté le 4.10.21, Lausanne, pour DDR)