Le
collectif Droit de rester est témoin depuis trop longtemps de renvois violents
de personnes déboutées de l’asile ou en procédure Dublin. Ces renvois sont
traumatisants, pour les personnes concernées et les témoins, et de nombreuses
personnes reviennent par la suite en Suisse malgré cela, comme le montrent ces
derniers cas.
Mai 2023, L'Auberson, renvoi violent de la famille V.
Le 2 mai
2023, une dizaine de policiers fait irruption au foyer EVAM de L'Auberson. Les
policiers arrachent un enfant des bras de ses parents pour les contraindre à
les suivre. Cette famille afghane est renvoyée en Croatie où elle avait déjà
subi des violences. Traumatisée, elle parvient à revenir en Suisse en juin.
Alors, on les loge à cinq dans la même pièce avec une aide d’urgence de moins de
10 francs par personne et par jour pour vivre. Quasi impossible de chercher de
l’aide : l’usage des billets de train est limité aux rendez-vous médicaux et
surtout à aller renouveler l’attestation d’aide d’urgence au Service de la
Population (SPOP). Souvent. Là, il faut attendre pour rien pendant des heures.
Il faut subir les brimades et les menaces d’une descente de police à l’aube.
Encore. Les enfants en font des cauchemars toutes les nuits.
Et après de
trop longs mois de ce traitement, on leur dit que c’est bon, qu’on ne les
renverra plus : la famille ne sera pas renvoyée en Croatie et est
actuellement en procédure d’asile fédérale. Tout ça pour ça ?
16 janvier
2024 : M. A., renvoyée en Espagne par vol spécial
Elle a 29 ans
et est diplômée de l’université de Balkh en Afghanistan. Quand les Talibans ont
pris le pouvoir, elle a fondé une école pour filles, mais le régime ne l’a pas
laissé faire. Pour sauver sa vie, elle a dû se résoudre à fuir. Il faut
franchir les mers, les montagnes et toutes ces frontières.
Alors
parfois, on se retrouve avec un visa pour l’Espagne alors que son frère a un
statut légal en Suisse. Et si on a le malheur de tout de même vouloir rester
proche de sa famille, c’est parti comme d’habitude : arrestation matinale,
violence, avion, Madrid.
Mais en Espagne,
on lui dit : « débrouille-toi, bonne journée ». Elle n’a pas accès aux soins
médicaux dont elle a besoin. Le canton de Vaud n’a même pas pris la peine de
vérifier son état de santé avant de la renvoyer.
Alors, comme
elle ne peut retourner en Afghanistan, son choix n’en est pas un. Comme la
famille afghane renvoyée en mai, elle doit revenir. Espérons que le canton de
Vaud saura, cette fois aussi, revenir sur sa décision et permettre à cette
femme courageuse de rester dans le pays où réside son frère.
Et tou·te·s
les autres
Nous
n’oublions pas qu’un jeune homme, E., arrêté le 1er novembre 2023, a
été maintenu en hospitalisation pénitentiaire jusqu’à être mis de force dans un
avion pour Zagreb, malgré sa grande fragilité psychologique.
Nous
n’oublions pas non plus ce jeune homme qui, en décembre 2023, s’est jeté par la
fenêtre du centre où il était hébergé quand la police a débarqué.
Nous sommes
témoins de tant de cas de renvois violents que nous ne parvenons pas toujours à
dénoncer.
Mais nous
n’oublions pas tou·te·s les autres.
L’inhumanité
de ces renvois forcés devrait suffire à abolir définitivement la pratique.
Mais puisque les autorités insistent, nous devons malheureusement en dénoncer
aussi l’absurdité : non seulement un coût humain, mais aussi financier,
écologique, pour rien : ces personnes reviennent, et reviendront. Tout ça pour
ça ?
Nous
revendiquons des conditions de vie dignes pour tou·te·s, quel que soit le
statut administratif :
-
Arrêt de toutes les expulsions
-
Arrêt de la maltraitance administrative au SPOP
-
Droit au travail et à la formation
-
Droit à un logement digne
-
Droit à se déplacer et à chercher de l’aide
-
Indexation et augmentation de l’aide d’urgence et de tous les
minimums vitaux
Stop deportations !
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