samedi 6 décembre 2008

chronique accompagnante, samedi 6 décembre

Comme la bise accentue le froid extérieur, toutes les fenêtres de la cage d'escalier sont fermées: les odeurs restent prisonnières, se décomposent et leur installation dans mes narines 'est pas très appréciée. Etrangement, aujourd'hui j'étouffe dans ce centre.
Tout d'abord, visite au deuxième étage: j'apporte les photographies promises. Chacun des membres de la famille s'en empare, se regarde, se critique et triture la photo. Très rapidement elles sont froissées. Dois-je m'en offusquer ou simplement accepter leur lecture active, brouillonne? La maman aurait bien voulu m'offrir un café, mais pas d'eau cet après-midi. Pas avant cinq heures, précise une des filles. 
Je change d'univers et entre dans l'antre de deux célibataires: comme je dois intervenir pour l'un d'eux, il cherche les papiers. Finalement, il sort de derrière sa mousse à raser et un pot de nourriture quelques enveloppes soigneusement pliées et repliées, les lettres pliées à l'intérieur. Tout est plié, trop plié. "et toutes tes affaires sont pliées comme ça? tu fais comment pour t'y retrouver?" demandé-je. "ô, je regarde. Mais je ne retrouve pas tout." Nous déplions son désordre  avec soin. Tout est plié mais tout et mélangé. Tout est gardé, plié soigneusement.
Je lui propose d'y mettre un peu d'ordre, de déplier un peu sa vie ici en Suisse. Je quitte sa chambre, un sac rempli de plis.
Une dernière visite : c'est tellement silencieux, ici. Mais peut-on parler de silence quand l'absence de musique amplifie les bruits d'autrui? Elle me regarde, triste de ne pas pouvoir m'offrir un café. On rit aussi en parlant de nos filles!

Chacun de mes hôtes d'un instant m'a raccompagnée jusqu'au bout du couloir, consciencieusement. Ce simple geste marque leur territoire: il est aussi une manière de dire merci, une sorte de respect. Je l'apprécie pleinement et le reçoit à chaque fois comme un don.

Witness

Aucun commentaire: