vendredi 21 janvier 2011

Lettre au conseil synodal de l'Eglise réformée vaudoise et au Conseil de l'Eglise catholique vaudoise

Au Conseil synodal de l'Eglise réformée vaudois
Au Conseil de l'Eglise catholique vaudoise

Fermeture du refuge

Lausanne, le 20 janvier 2010

Mesdames, Messieurs,

Le 17 janvier 2011, vous avez décidé de fermer le refuge qui avait été ouvert en octobre 2010 dans des églises protestantes et catholiques de Lausanne et environs, pour héberger momentanément des requérants d'asile menacés de renvoi imminent.
Tout en reconnaissant le gros effort qui a été fait par vous-mêmes et plusieurs paroisses pour accueillir ce refuge et que celui-ci ne saurait constituer une solution de longue durée, nous aimerions vous dire la très vive inquiétude des milieux qui sont soucieux de la dignité humaine et de la santé des requérants d'asile.
Persuadés que les Eglises sont une force de protestation contre l'injustice et un lieu de refuge pour les exclus, nous regrettons que vous soyez entrés dans la logique de nos gouvernants, au niveau fédéral comme au niveau cantonal, selon laquelle il ne serait pas possible de protéger des personnes n’ayant que de faibles chances de recevoir une réponse favorable à leur demande de régularisation. Dans un contexte marqué par une forte montée de l’hostilité envers les étrangers , l’Etat joue son rôle de « policier » ; les Eglises ont un tout autre rôle à jouer.
Nous pensons que les Eglises doivent précisément avoir à cœur les "cas désespérés", comme elles l'ont fait dans le passé, à l’image de leur engagement "pour les 523", engagement qui a été couronné de succès. Nous pensons aussi que les Eglises ont à prendre la défense de personnes qui courent des risques graves dans le pays où l'on veut les renvoyer, quelles que soient les fautes commises en Suisse ou ailleurs, surtout s'il y a un espoir de réhabilitation et de nouveau départ dans la vie . Si les Eglises ne se tiennent pas aux côtés de ceux qui vivent dans la crainte et qui n’ont plus d’espoir, qui le fera ?
Il est vrai que le refuge est une solution de dernier recours et que celui-ci ne saurait être éternel. Toutefois, on sait que les démarches entreprises en faveur des personnes hébergées nécessitent beaucoup de temps. Une décision unilatérale de mettre fin au refuge avant qu'une solution ne soit trouvée pour ces personnes ne peut être comprise que comme un grave retour en arrière .
Pour l'heure, seules deux personnes sont hébergées au refuge Mais ce sont des cas graves qui méritent notre soutien. De plus, au-delà des deux personnes hébergées , c’est le rôle joué par les Eglises et le destin de nombreuses personnes qui sont en cause ici.
En outre, nous regrettons la soudaineté avec laquelle vous avez décidé de fermer le refuge et la mise à l'écart de toutes les autres personnes impliquées dans le processus de décision.
Nous sommes conscients que l'organisation d'un refuge est une tâche délicate posant de nombreuses questions douloureuses, mais nous savons aussi que plusieurs paroisses se sont proposées pour l'accueillir. Des solutions peuvent certainement être trouvées, même pour des personnes qui ne sont pas hébergées dans un refuge. Mais elles nécessitent un engagement fort ; nous espérons vivement que les autorités des Eglises seront prêtes à y participer.
En espérant pouvoir nous associer à cette réflexion avec vous, et qu'en attendant vous autoriserez les paroisses volontaires à accueillir le refuge, nous vous prions de recevoir, Mesdames et Messieurs, l'expression de notre engagement solidaire

 Premières signatures:
Anne-Catherine Menétrey, anc. conseillère nationale
Jacques Neirynck, professeur, conseiller national
Raphaël Mahaim, député
Jean-Michel Dolivo, député
Sandrine Bavaud, députée
Michéle Gay-Vallotton, députée
Graziella de Coulon, co-présidente de Solidarité sans frontières
François de Vargas, ancien directeur d'institution
Myriam Schwab Ngamije, Centre social protestant VD

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