Pendant près de 4 mois, nous avons tenu un refuge pour des requérant-e-s d'asile menacé-e-s de renvoi. Cette action de solidarité a fait avancer le dossier de quelques personnes et les a protégés de l'expulsion. La fermeture du refuge ne signifie pas pour autant l’arrêt de notre résistance vis-à-vis de la politique de refus d’asile aux personnes qui en font la demande.
Nous dénonçons une fois de plus la situation des personnes déboutées de l'asile soumises au régime de l'aide d'urgence (privation de toute aide sociale, hébergement collectif contraint, en principe aucun argent). Depuis des années, ces personnes croupissent dans des centres, sont privées des droits de base et de toute dignité, sont déplacées comme des marchandises d’un bout à l'autre du canton et d'un centre à l'autre, quand elles ne sont pas enfermées dans des abris PC sous-terrains. Condamnées à l’inactivité par l’interdiction de travail, ces personnes, hommes, femmes et enfants, vivent constamment dans l’angoisse d’une arrestation, d’un renvoi forcé. Cette angoisse leur enlève toute force de vie et les rende malades. Seule leur détermination à ne pas quitter la Suisse reste intacte, dictée par l’impossibilité d’un retour dans le pays d’origine dans la dignité.
Néanmoins l’Etat reste sourd et aveugle face à cette réalité et persiste à vouloir les expulser par la force en leur refusant protection et respect de leurs droits. Mais les autorités sont-elles conscientes de l’aberration d’une telle politique ? Se rendent-elles compte qu'elles ne cessent de multiplier des outils de répression coûteux et honteux contre des êtres humains à qui on refuse de plus en plus de droits?
La Suisse et le canton perdent une occasion de construire une vraie politique d’accueil, en reconnaissant des droits à ces personnes qui vivent ici depuis des années et font la richesse et la diversité de notre société. Avec cet aveuglement, la Suisse et le canton vont droit dans le mur : cette politique coûte très cher au canton, sépare les citoyens en « bons » et « mauvais », criminalise les personnes à l’aide d’urgence et crée un climat d’insécurité et de peur inadmissible. Ceci ne fait que qu'intensifier les forces déjà trop présentes dans le canton qui poussent vers toujours plus de fermeture, de renfermement et de discrimination raciste. Rien n'arrêtera l’arrivée inévitable de refugié-e-s des pays appauvris et déstabilisés. L’arrivée importante de ressortissant-e-s de Tunisie en Italie est la preuve.
Nous demandons un vrai changement: une politique qui octroie des droits aux migrant-e-s venu-e-s chercher un refuge et une vie digne et qui favorise la régularisation de leur statut de séjour. Nous demandons également que les débouté-e-s de l'asile ne soient plus soumis-e-s au régime discriminatoire et inhumain de l'aide d'urgence, et qu'elles et ils ne soient plus interdit-e-s de travail.
La politique du siège éjectable et le refrain de l'abus
Les lois actuelles sur l’asile n’ont fait que criminaliser les migrant-e-s et instaurent un climat de suspicion, qui renforce le racisme. Cette politique instaure l'image de l'étranger synonyme de problème et d'abus et met en question l’Etat de droit (droits fondamentaux) et l’Etat social (droit à des prestations). Ce qui arrive aux requérant-es d’asile aujourd’hui n’est que l’exemple de ce que vont subir les les plus fragilisé-es parmi les Suisses demain, et que subissent déjà de nombreuses personnes précarisées.
Réagissons et refusons une telle logique discriminatoire!
tract du 19 février 2011
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