La nouvelle
structure « d’accueil » ouverte par l’EVAM à Morges le 21 mai dernier
n’a pas fini de faire parler d’elle… L’ancien centre carcéral « Le
Tulipier » a été reconverti pour offrir chaque soir 24 lits à des hommes
mis à l’aide d’urgence. Les déboutés de l’asile qui veulent y dormir doivent
aller chaque matin à Lausanne chercher un bon par leurs propres moyens (alors
qu’ils n’ont pas le droit de travailler et ne reçoivent pas d’argent), en
espérant y trouver de la place. Ces migrants sont ici et leur rendre la vie la
plus insupportable possible pour les inciter à partir relève de l’absurdité et
du mépris.
Nous avons
dénoncé le projet de sleep-in en novembre 2011 déjà. Philippe Leuba nous avait
alors répondu qu’il en étudierait la constitutionalité. Qu’en est-il
donc ?
L’EVAM a décidé
d’ouvrir le centre de Morges qui pourrait, selon son communiqué du 15 mai 2012,
servir d’essai pour un autre sleep-in à Lausanne. Il s’agit là d’une
dégradation progressive des conditions d’hébergements que l’EVAM réserve aux
requérants d’asile.
Pour rappel, le
20 mai 2008, une délégation du Grand conseil vaudois avait visité les centres
de Vennes, toujours en activité en 2012, et du Simplon (celui-ci est désormais fermé),
destinés à accueillir les requérants d’asile déboutés. La délégation était
revenue choquée des conditions de vie précaires des habitants de ces centres.
La libérale Elisabeth Ruey expliquait ainsi dans la presse que ces conditions
sont « inhumaines sur la durée » (dépêche ATS 20.5.8). On est en
2012, et on y retrouve aujourd’hui encore les mêmes personnes. En 2009, l’EVAM
ouvre le premier abri PC pour loger des requérants d’asile déboutés. Ces abris
se sont désormais multipliés, à Orbe, Pully, Gland, au Mont-sur-Lausanne, etc.
et il est devenu banal de faire dormir des gens sur une longue durée dans des
dortoirs étouffants, sans fenêtre, et de les obliger à se rendre la journée
dans des structures de jour.
L’EVAM pousse
désormais la déshumanisation plus loin avec le centre de Morges puisqu’il n’est
même plus possible d’y conserver des affaires personnelles, ni d’avoir de
garantie de dormir deux nuits de suite dans le même lit.
Ces conditions
sont telles que des employé-e-s de l’EVAM ont décidé de briser le silence et
d’exprimer publiquement leur désaccord avec les méthodes d’une institution
publique qui a théoriquement comme mission première l’ « accueil »
des migrant-e-s. Dans une lettre ouverte envoyée au journal Le Temps (édition du 5.6.12), que nous
nous sommes aussi procurée, sept personnes qui travaillent régulièrement avec
des hommes à l’aide d’urgence dénoncent une mesure « qui n’a d’autre but
que de provoquer une souffrance humaine inutile, voire contre-productive ».
Ces professionnel-le-s
tirent la sonnette d’alarme : il est temps d’arrêter cette spirale de
dégradation de la vie des migrant-e-s !
Nous exigeons la fin du régime de l’aide
d’urgence et la réintégration des personnes déboutées de l’asile dans le régime
de l’aide sociale, ce que font plusieurs cantons. Ce régime leur permettrait de
travailler et de se prendre en charge de manière digne et n’est pas plus cher
pour le canton. Nous exigeons la fermeture des hébergements collectifs qui
nuisent à la santé psychique des migrant-e-s.
Nous exigeons la création d’une commission d’enquête
sur le fonctionnement de l’EVAM, institution publique qui trahit sa mission
d’accueil des migrant-e-s.
Nous demandons aux député-e-s du Grand Conseil de se
saisir de la question et d’aller visiter les centres d’hébergement des
migrant-e-s.
Nous demandons au Conseil d’Etat de faire respecter le
droit inaliénable à la dignité humaine.
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