La Loi
fédérale sur l’asile (LAsi) vient de subir un noveau tour de vis. Désormais, il
n’est plus possible de déposer une demande d’asile dasn une ambassade
suisse ; plus possible non plus de demander protection en cas de désertion
d’une armée en guerre ; le Conseil est autorisé à mener des
« essais » dans les procédures, comme par exemple réduire les délais
de recours. La révision, adoptée à une écrasante majorité par le Parlement le
28 septembre, est entrée en vigueur le lendemain, sous prétexte de l’urgence.
Ce nouveau
durcissement de la LAsi vide encore plus de sa substance un texte qui devrait
pourtant servir à secourir les personnes qui viennent demander protection à un
pays qui se targue d’être la Patrie des droits humains. Il est plus que jamais
nécessaire de résister au démantèlement du droit d’asile et à la violation
conséquente et bien réelle des droits fondamentaux des demandeurs d’asile.
Que faire
face à cette spirale de durcissements subis depuis l’entrée en vigueur de la
LAsi en 1981 ? Que faire pourtant face à un Parlement qui adopte en masse
(à 122 contre 49 voix au Conseil national et 36 contre 9 au Conseil des Etats)
cette nouvelle révision ? Les Parlementaires de gauche, que l’on attendait
plus critiques, plus près des valeurs de justice sociale et d’égalité, n’ont
pas répondu présent-e-s. Comment dès lors s’opposer à des lois déjà entrées en
vigueur ?
Une
coalition d’associations et de partis ont opté pour la voie référendaire. Face
aux nouvelles dégradations du droit d’asile, ces militant-e-s n’ont pas vu
d’autres réponse possible que la récolte des 50'000 signatures nécessaires pour
faire se prononcer le « peuple », c’est-à-dire les citoyen-ne-s
majeur-es et légaux, et non les habitant-e-s de ce pays. Cette coalition espère
faire entendre la voix de la résistance et rassembler un large front de soutien
durant la campagne référendaire. Les personnes qui désirent joindre le
mouvement et signer le référendum peuvent le faire sur www.asile.ch.
Le
Collectif Droit de rester a décidé de ne pas rejoindre le comité référendaire
et ne participera pas à la récolte des signatures. Et pourtant nous ne nous
résignons pas ! Au contraire, nous allons continuer, comme nous le faisons
malheureusement depuis trop longtemps, à combattre sur le terrain l’application
de ces lois iniques et à apporter concrètement notre solidarité aux refugié-e-s
débouté-e-s, en désobéissant s’il le faut – puisqu’il le faut.
Notre
décision de ne pas rejoindre le mouvement référendaire tient principalement en
trois raisons :
1)
Nous
rejetons en bloc la LAsi et pas uniquement les nouvelles modifications. Nous
refusons de participer à la légitimation par le « peuple » de ces
changements.
2)
Nous
sommes présent-e-s par nos actions de solidarité auprès des migrant-e-s qui
vivent actuellement dans des conditions indignes d’êtres humains. Les
débouté-e-s de l’asile sont logé-e-s la nuit dans des abris de protections
civiles froids et mal ventilés, sans espace privatif, et èrent le jour en
comptant les heures, sans droit au travail, sans moyen de subsistance. Dans le
canton de Vaud uniquement, on compte actuellement plus de 890 personnes
(hommes, femmes et enfants) qui (sur)vivent à l’aide d’urgence.
La récolte des signatures pour un référendum
nous éloigne de notre action sur le terrain. Or, après ce référendum, il faudra
en lancer un second lorsque la loi sera à nouveau révisé en décembre, puis un
troisième en 2013…
Il faut impérativement résister aux lois sur le
terrain, par des actions de désobéissances civiles qui doivent prendre deux
formes : des actions de protestations symboliques comme par exemple
l’occupation de centres de détention administrative ; des actions de
désobéissance civile menées par toutes les personnes qui, dans le cadre de
leurs fonctions, sont amenées à exercer la LAsi : policiers, assistant-e-s
sociaux, fonctionnaires, refusez de dénoncer, de renvoyer, de déloger des êtres
humains sous le seul motif qu’ils ne sont pas ce qu’ils devraient être !
3)
Nous
ne voulons plus être confiné-e-s sur le terrain que nous désigne le monde
politique dominant. Non, nous ne voulons plus avoir à répondre encore et
toujours aux discours d’abus, d’urgence, de surpopulation étrangère. Nous qui
sommes des migrant-e-s, nous qui contoyons des migrant-e-s, nous avons un autre
discours à tenir et un autre projet à défendre. Nous sommes toutes et tous des
êtres humains avec des droits fondamentaux (droit à la dignité, droit au
logement, droit à la vie privée, droit à la formation, droit au travail, etc)
et nous refusons d’être enfermé-e-s dans un débat stérile entre
« nous » et « eux », entre « les légaux » et les
« illégaux », les « bons étrangers » et les « mauvais
étrangers ».
Par
conséquent, nous ne participerons pas à la campagne référendaire. Nous ne
pouvons qu’encourager nos camarades dans leur combat politique et souhaiter
qu’effectivement cette nouvelle lutte éveille quelques consciences et vienne
renforcer le front de résistance à la xénophobie montante. Les personnes qui
désirent signer le référendum sont invitées à le télécharger depuis www.asile.ch.
Le
collectif Droit de rester continue à dénoncer l’application du droit d’asile,
qui n’en est plus un et qui s’est transformé en machine à broyer la dignité.
Nous
demandons :
- la fin de
la détention administrative et des vols spéciaux
- la fin du
régime d’aide d’urgence qui prive les requérant-e-s d’asile débouté-e-s du
droit au travail et à la dignité
- la fin
des déplacements forcés d’un centre à l’autre pour les requérants d’asile
débouté-e-s
- la régularisation
de tou-te-s les habitant-e-s de Suisse la reconnaissance de nos droits
- une
nouvelle loi sur l’asile qui tienne compte des engagements internationaux de la
Suisse
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