mardi 7 mai 2013

Bonne nouvelle !


« Je le dis en tant que votre concitoyenne. Je l’affirme en tant que ministre de la justice. Et je le répète en tant que membre de notre gouvernement national : rien n’a plus de prix que la dignité humaine» (Simonetta Sommaruga, Berne, le 11 avril 2013)

Voici donc, 22 jours après, un petit conte de la vie ordinaire.

Le 2 mai, au petit matin, la police débarque au sleep-in de Morges. Elle menotte A. et l’emmène à la prison de Morges. Quelques heures plus tard, il est transféré à l’aéroport de Genève, toujours menotté et sans aucun effet personnel.

De quoi est-il coupable ? D’avoir quitté le Burkina Faso et transité par la Belgique avant d’arriver en Suisse. La Belgique est ainsi responsable de traiter sa demande d’asile, et sa demande lui ayant été refusée, son renvoi définitif.

De crainte de se voir renvoyé dans le pays qu’il a quitté, A. décide de venir en Suisse où il dépose une demande d’asile. Le règlement de Dublin fait de lui un renvoyable en Belgique, sans que sa demande soit analysée par le autorités suisses. Après trois mois de « sleep-in » à Morges et des errances quotidiennes dans les rues de Lausanne, avec ses affaires sur le dos, l’heure du renvoi est arrivée. 

A Genève, A. fait part de son refus de monter dans l’avion. La police l’informe qu’il a le choix : partir ou aller immédiatement en prison. Dans ce cas, on utilisera la force pour le renvoyer dans un vol spécial.

Sous le coup de cette menace, A. prend l’avion pour Bruxelles, accompagné de 2 policiers. Il est pris de violentes nausées pendant le voyage. A son arrivée, il est libéré sous condition qu’il se présente au commissariat le lendemain. Donc laissé seul, à la rue, sans argent, sans habits de rechange. La nuit arrive, A. a froid et doit se trouver une veste et de la nourriture. Sa longue mésaventure en Europe continue.

La Suisse a renvoyé un jeune homme dans un pays qui ne le veut pas et qui ne lui offre aucune aide. Quid de la dignité humaine ?

Les motifs d’asile ne sont pas pris en compte, l’individualité des personnes est niée.
Comment expliquerons-nous ces déportations à nos descendants dans quelques décennies ? Comment justifierons-nous le fait que des démarches administratives ont traumatisé des milliers d’êtres humains et les ont condamnés à vivre dans des conditions inhumaines, au mieux cachés, au pire enfermés dans des centres de détentions administratifs ?     
Lausanne, le 7 mai 2013

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