3 mars 2014 La loi oblige les demandeurs
d’asile à déposer leur demande dans un centre d’enregistrement. Ces centres
sont gérés par l’Office fédéral des migrations (ODM) qui organise et contrôle
le séjour des intéressés directement et par l’intermédiaire de sociétés privées
mandatées, notamment Securitas et ORS Service. Ce sont des lieux interdits au
public où règne la discipline. Les intéressés sont logés dans des dortoirs de
16 personnes meublés de lits métalliques superposés. Les sanitaires sont
spartiates : WC turcs et grandes salles de douches communes, sans rideaux
ni séparations. Le réfectoire est une longue salle, résonnante et bruyante aux
heures des repas. Il faut faire la queue avec un plateau et malheur à celui qui
aura le mauvais ton de réclamer une tranche pain supplémentaire. Si le
cantinier la lui refuse et qu’il proteste, l’intéressé aura un
« rapport » et sera sanctionné pour son mauvais comportement. Les sanctions
sont prononcées par le personnel sans aucune transparence, pour toutes les
raisons qui plaisent aux employés. Il y a bien un règlement du centre qui
prévoit certains motifs de sanction et une certaine procédure, mais ce
règlement n’est pas respecté et aucune procédure n’a jamais lieu. Les sanctions
vont de l’exclusion du centre avec obligation de passer la nuit dans la salle
d’attente à l’extérieur du centre, qui est une salle vitrée, toute en béton et
très mal chauffée, notamment pour être arrivé au centre avec quelques minutes
de retard sur l’horaire prescrit, à la privation de repas à midi pour le même
motif ou pour avoir contesté une Xème fouille à l’entrée du centre
ou la saisie de ses biens, en passant par la suppression du droit de sortie du centre
pendant un jour, ou la suppression de l’argent de poche qui se monte à 21 frs
par semaine. Une autre pratique est la confiscation des téléphones portables
afin que les intéressés ne puissent pas prendre d’images de ce qui se passe à
l’intérieur du centre.
On entend aussi des familles raconter
comment les agents de sécurité jettent à la poubelle le yaourt ou le paquet de
biscuits qu’ils avaient acheté pour leurs enfants, parce que les denrées
alimentaires qui ne sont pas distribuées par la cantine, sont interdites dans
le centre. Les enfants peinent à accepter la nourriture distribuée, essentiellement
calorifique et insipide. Spécialement les petits enfants ne se nourrissent
pratiquement que de pain blanc pendant leur séjour au centre qui peut durer plusieurs
semaines. Actuellement, une famille avec deux enfants de moins de 2 ans et de 6
½ ans, accompagnée de leur grand-mère âgée, séjourne depuis le 26 décembre 2013
au centre d’enregistrement soit depuis près de deux mois. Le plus jeune enfant
refuse de se nourrir, il souffre des bronches et passe ses nuits à tousser. Les
parents sont épuisés. Ils souffrent du manque d’espace privé et de la
promiscuité. La famille est logée dans un dortoir avec trois autres familles
dont 8 enfants, sur des lits métalliques superposés. Il n’y a ni table ni
chaise dans le dortoir, aucun espace de jeu et on ne peut pas se tenir assis
sur le lit du bas. Quelle est leur punition ? Ils ont déposé un recours
auprès du Tribunal administratif fédéral contre la décision négative de l’ODM.
On leur a dit qu’ils seraient transférés uniquement s’ils ne déposaient pas de
recours. Mais ils n’ont pas obéi. Ils ont contesté la décision par un recours et
l’autorité a décidé de prolonger leur séjour au centre d’enregistrement pour
une durée inconnue, car aucune information à ce sujet ne leur sera communiquée.
Ils doivent attendre et endurer.
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