L’annonce faite hier du cas d’une Syrienne
ayant perdu son bébé faute de soins est une illustration de plus du mépris dont
la Suisse fait preuve à l’égard des migrants. L’enchaînement des faits, tel que
présenté par 10vor10, est sidérant et plusieurs éléments choquants doivent être
soulignés.
La non-assistance à personne en danger est
grave. Dans le cas présent, les conséquences ont été particulièrement
dramatiques puisqu’il s’agissait d’une femme enceinte dont le bébé est mort à suite
à la négligence des gardes-frontières suisses. Malgré les appels à l’aide
répétés du mari, aucune assistance n’a été fournie à la femme. Cela montre le
mépris des autorités suisses face aux migrant-e-s en général. La rhétorique de
l’abus, instillée par l’UDC et reprise en cœur par la plupart des
politicien-ne-s et des médias, a tellement faussé la réalité qu’un migrant
n’est généralement vu que comme un menteur ; ses plaintes sont
disqualifiées, sa souffrance est niée.
On ne peut que s’insurger du ballotement
subi par cette famille, à l’instar de tant d’autres, entre les frontières
italiennes, suisses et françaises. Ce transfert des personnes comme des
marchandises se fait au nom des lois migratoires européennes dont la Suisse est
complètement partie prenante. Chaque Etat cherche à se débarrasser du plus
grand nombre « d’indésirables » et, en vertu des accords Dublin, la
Suisse renvoie à tour de bras en Italie des personnes venues chercher refuge.
Ces renvois se font au mépris de l’humanité des personnes. Dans le cas présent,
la famille cherchait à rejoindre Paris, où elle a peut-être des amis, des connaissances
qui l’auraient aidée, mais toute autonomie dans son choix de refuge lui est
niée, et le fait d’être passée par l’Italie rend caduque toute autre
possibilité.
Est-il besoin de rappeler que cette famille
a fui un conflit d’une violence et d’une cruauté extrêmes ? Il est
inacceptable de ne pas accueillir celles et ceux qui demandent une protection.
La Suisse ne fait que peu de cas des réfugié-e-s syrien-ne-s, et l’épisode
douloureux auquel nous venons d’assister n’en est qu’une illustration de plus.
Nous exigeons immédiatement un permis stable en Suisse pour ces personnes, si
elles le souhaitent, et l'installation d'une cellule de crise pour l'accueil
des réfugié-e-s qui, fuyant la guerre et la violence, se voient fermer les
portes par un pays riche qui se targue d'humanitaire.
Le père Syrien témoigne de l’absurdité de
la situation dans l’émission 10vor10 : « Nous avons quitté en Syrie
la guerre et la mort, et qu’avons-nous trouvé ici ? Une autre guerre et la
mort de ma fille.». Nous ne pouvons, malheureusement, que lui donner
raison : c’est une guerre que l’Europe mène contre les migrant-e-s,
barricadée derrière des frontières toujours plus infranchissables, comme le
révélait hier encore un rapport d’Amnesty. Rien ne pourra ramener ce bébé à ses
parents mais une enquête doit être ouverte immédiatement et les coupables d'autant de négligence
doivent être punis.
L'accueil des réfugié-e-s ne peut plus être
laissé dans les mains de l'Administration ! Il est grand temps d’opter
pour une politique d’accueil respectueuse qui prend en compte les droits de
toutes et tous et qui défend les personnes les plus vulnérables.
10 juillet 2014
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