Un jeune homme renvoyé de force dans un pays
qui n’est pas le sien
Il vivait en Suisse depuis bientôt
10 ans, Abdoul, citoyen somalien arrivé seul à 19 ans, renvoyé en Guinée.
Et pourtant Abdoul avait tout fait
juste en suivant un parcours d’intégration exemplaire dans notre pays. Orphelin
de maman, il avait fui l’Afrique avec son papa, à la recherche d’un bout de
monde pour s’installer, pour arrêter l’errance. Au cours de leur long périple,
son papa est mort et c’est seul qu’Abdoul a demandé l’asile en Suisse.
Mais la Suisse n’a pas voulu lui
accorder sa protection et tous les recours aux différentes voies juridiques
pour faire changer la décision ont été un échec.
Malgré cela, Abdoul s’accroche à la
possibilité de donner un sens à sa vie. Il
apprend le français et termine plusieurs formations. Il réussit
brillamment un CFC de cuisinier et trouve un travail, malgré l’absence de
permis de séjour. Il travaille au CHUV à grande satisfaction de son employeur.
Il dépose alors une demande de
permis B pour cas de rigueur (art. 14 al.2 LAsi). Les autorités suisses
refusent sa demande. Son intégration n’a pas un caractère exceptionnel pour
Berne ! Malgré le fait qu’il a réussi à rembourser une grande partie
de l’aide reçue et qu’il est financièrement autonome.
Et une fois de plus, le recours est
négatif.
Abdoul continue de travailler,
d’espérer jusqu’au jour où la police vient le prendre, l’arrête et le renvoie
de force en Guinée.
Mais la Guinée n’est pas son pays.
Depuis qu’il y est, il a fait
plusieurs démarches pour avoir un permis de séjour guinéen. Même avec l’aide
d’un juriste, sa demande a été refusée. Il n’a pas de famille en Guinée, il
doit se débrouiller tout seul, une fois de plus.
Et des questions se posent :
pourquoi la Suisse ne lui a pas permis de continuer la vie qu’il s’était
construit ici ? Qu’aurait-il dû faire de plus pour être accepté ?
La Suisse était devenue la patrie
qu’il n’avait jamais eue, dans laquelle il croyait.
Aujourd’hui, il est malade en Guinée
et les soins ne lui sont pas dispensés facilement. Son médecin suisse, qui
l’avait suivi ici, est toujours en contact avec lui et il a pu constater qu’il
manque des soins indispensables pour sa santé. Pas de permis de séjour, pas
d’accès aux soins ou seulement si on paie... mais Abdoul n’a pas d’argent. Lors
des différents contrôles de police qu’il a subi, on lui a soustrait tout son
avoir.
Maintenant la Guinée menace de le
renvoyer en Somalie. Abdoul est devenu un paquet qu’on envoie d’un pays à
l’autre.
Au Collectif Droit de Rester nous ne
nous posons plus de questions, nous accusons les autorités :
- · le
SEM (Secrétariat d’État aux Migration) de n’avoir jamais accepté la demande d’asile d’Abdoul ;
- · le
TAF (Tribunal Administratif Fédéral) de ne jamais avoir accepté les différents
recours d’Abdoul et
- · le
SPOP (Service de la population du Canton
de Vaud) d’avoir ordonné l’arrestation, l’emprisonnement et le renvoi de force
de ce jeune vers un pays qui n’est pas le sien et qui ne l’accepte pas.
Pour obéir à Berne, afin de ne pas
être pénalisé financièrement, le Canton de Vaud éjecte Abdoul n’importe où avec
la collaboration du consulat guinéen.
Ce n’est pas ça qu’on est en droit
d’attendre des autorités du Canton de Vaud.
Avec sa mandataire, ses amis, ses
médecins et toutes les personnes qui ont eu la chance de connaître Abdoul, nous
demandons le retour immédiat de ce jeune homme pour qu’il puisse finalement
occuper la place qui est la sienne en Suisse et où son employeur l’attend.
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