Berne, le 29 juin 2010
Madame la Conseillère Fédérale,
Nous, sans-papiers et sans-papières, requérant.e.s d'asile débouté.e.s, personnes de toute la Suisse avec ou sans permis de séjour, avons décidé de sortir de l'ombre et de revendiquer nos droits: les un.e.s le droit à un séjour légal, les autres le droit à la solidarité. Nous* n'avons pas choisi l'illégalité: elle nous a été imposée par les lois suisses et par un Etat qui ne garantit pas nos droits. Est-il normal de devoir passer par l'illégalité pour parvenir à la légalité?
En tant que requérant.e.s d'asile débouté.e.s, nous sommes soumis.es à un régime d'aide d'urgence indigne et anticonstitutionnel qui n'est qu'un outil de pression pour nous faire disparaître. En tant que travailleurs-euses sans statut légal, nous fournissons un travail indispensable dans les foyers, restaurants, usines et entreprises agricoles suisses, dans des conditions d'exploitation et sans protections sociales. A tout moment, nous sommes emprisonné.e.s et menacé.e.s d'expulsion alors que nous ne cherchons qu'à vivre une vie digne. Nous revendiquons le droit à la migration.
Sous prétexte d'une lutte contre les abus, l'Etat et les politiques dominantes créent un climat de suspicion, de racisme, de xénophobie et de division; ce climat nous criminalise et justifie un système inégalitaire. Comment pouvons-nous avoir encore confiance dans un Etat qui, par ses lois, bafoue toutes les conventions internationales de protection des êtres humains, alors que nous devrions attendre de cet Etat la protection des plus faibles?
Depuis le 26 juin, nous venons de toutes les régions de Suisse pour occuper le parc de la Kleine Schanze à Berne. Nous dénonçons une politique d'asile et de migration inhumaine, vous demandons avec fermeté de vous positionner par rapport aux points suivants et de nous répondre.
• Régularisation collective des sans-papiers et sans-papières et des débouté.e.s de l'asile résident-e-s en Suisse
• Acceptation de toutes les demandes d'asile en cours et à venir
• Arrêt immédiat des expulsions
• Abolition de l'interdiction de travailler
• Abolition du régime d'exception de l'aide d'urgence
• Droit au mariage et au regroupement familial
• Droit à la formation
• Respect des droits syndicaux
• Respect de la primauté des Droits humains fondamentaux
Tant que ces revendications ne seront pas entendues, nous continuerons à nous mobiliser et utiliserons la désobéissance civile afin d'instaurer une véritable démocratie en mouvement pour toutes et tous.
Dans l'attente de votre réponse et en espérant de vous rencontrer bientôt, nous vous adressons, Madame la Conseillère Fédérale, nos meilleures salutations.
Les collectifs Droit de rester Suisse
* Pour ne pas nous laisser diviser, nous utilisons le « nous » pour des énoncés qui nous concernent à différents niveaux, selon notre statut.
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