Vol spécial, le film de Fernand Melgar qui montre les conditions de détention dans une prison spéciale pour requérants d’asile en attente de leur expulsion, dérange.
Après la polémique née à Locarno, voilà que M. Leuba, chef du département concerné par le dossier de l’asile dans le canton de Vaud, profite d’informations publiées dans la presse du dimanche pour attaquer le film (voir 24 Heures du 3 octobre 2011) en espérant tuer ainsi l’émotion suscitée par le film parmi la population.
L’exercice est facile, on s’appuie sur le passé pénal d’une des personnes vues dans le film, on remet à la une la criminalisation des requérants d’asile, on donne des chiffres et on légitime ainsi leur enfermement, leur renvoi forcé, les conditions inhumaines et contraires aux droits humains dans lesquelles ils sont mis.
Or, cette démarche devrait nous interpeller.
Qui a donné à la presse les informations confidentielles et en partie mensongères sur des dossiers ? Nous ne pouvons pas préjuger de l’identité des auteurs mais nous nous demandons qui d’autres que des fonctionnaires du département de M. Leuba pouvaient donner ce genre d’information. C’est visiblement une violation du secret de fonction, du droit de la personnalité et de la Loi sur la protection des données. Au lieu de dénoncer cette publication, avec identité et photo, M. Leuba en profite pour défendre sa politique des renvois.
Vol spécial n’a rien caché, il a braqué les caméras sur une réalité qu’on voulait dans l’ombre. Dans le film, les détenus sont tous dans la même situation, ceux qui ont des dossiers pénaux et ceux qui n’en ont pas. Le traitement qu’ils subissent est d’ailleurs le même.
Ce n’est pas le parcours du requérant débouté qui est en cause mais la façon dont le canton se libère de ceux qu’il ne veut pas. M. Leuba refuse une réflexion sérieuse et urgente sur le sort des requérants d’asile en Suisse.
Nous dénonçons :
1) le non respect des droits des personnes à la confidentialité de leur dossier,
2) L’amalgame classique de criminels et requérants d’asile.
3) La tentative de diminuer l’impact du film consacré à une réalité méconnue qui touche de nombreuses personnes dont on ne parle jamais.
Nous demandons à M. Leuba, qui est très respectueux du droit, une enquête sur la source des informations reçues par la presse et la dénonciation de ses auteurs pour violation du droit de la personnalité, de la Loi sur la protection des données et du secret de fonction.
Nous soutenons la pétition pour la fermeture des centres de détentions et la suppression des vols spéciaux http://www.stop-vols-speciaux.ch
Lausanne, 6 octobre 2011
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