Nous avons fui l’Erythrée pour échapper
à de graves persécutions en espérant pouvoir ensuite avoir une vie paisible,
travailler, vivre en famille. Nous avons accompli un voyage long et dangereux
pour arriver en Suisse. Nous étions tous heureux d’être arrivés dans ce pays
dont nous connaissions la tradition d’accueil et d’humanisme. Lorsque nous
avons été attribués au canton de Vaud nous avons été hébergés dans des abris de
protection civile.
Les conditions de vie dans ces bunkers
sont pratiquement insupportables : Nous manquons de sommeil, il est
impossible de s’y reposer. Nous n’y sommes pas en sécurité et nous ne pouvons
nous y nourrir normalement.
Nous appelons les
autorités politiques vaudoises à tout mettre en œuvre pour mettre fin dès que
possible à l’hébergement de migrants en abris de protection civile.
Dans cette attente,
nous avons transmis à l’EVAM (Etablissement Vaudois d’Accueil des Migrants) des
propositions de mesures permettant de rendre notre hébergement en abris
d’avantage supportable :
·
Ouverture des abris 24h/24 pour que nous
puissions y rester nous reposer si nous sommes malades ou fatigués.
·
Moins de personnes hébergées dans le même bunker. Nous voulons habiter avec des personnes qui, comme nous, cherchent à
vivre paisiblement.
·
La possibilité de cuisiner dans le bunker. Nous
voulons pouvoir préparer et choisir nous-mêmes notre nourriture.
A ce jour, si la direction de l’EVAM a pris note de nos demandes, elle n’a
donné aucune réponse concrète.
Nous appelons les
autorités politiques vaudoises à faire pression sur la direction de l’EVAM pour
que soient immédiatement mises en place des mesures améliorant drastiquement les
conditions d’hébergement en abris PC.
J’ai été emprisonné 6 mois en Erythrée. Ils m’ont torturé avec de
l’électricité parce que je refusais de faire mon service militaire. Dans mon
pays, on ne sait jamais quand ça va finir, ça peut durer toute la vie. Ma
famille a dû payer beaucoup d’argent pour me faire sortir. J’ai pu fuir par
le Soudan. Des passeurs m’ont abandonné dans le désert, je n’avais que très
peu d’eau et j’ai cru mourir de soif. En Lybie, des gens m’ont fait payer
très cher un passage en bateau en nous disant qu’il y avait de l’eau et de la
nourriture à bord. Mais il n’y avait rien. Je suis resté presque trois jours en
mer sans boire ni manger avant d’arriver en Italie. Des Italiens nous ont dit
qu’on ne nous aiderait pas ici et de partir au Nord. Cela fait maintenant
neuf mois que je suis logé dans un abri de protection civile de la région
lausannoise. Je n’arrive pas à dormir la nuit, il y a toujours du bruit et la
gale me démange terriblement. Je l’ai attrapée en Lybie, on m’a soigné, mais
comme le bunker est très sale, je l’ai attrapée de nouveau. La nuit dans ma
tête je n’arrête pas de penser à la prison et au désert. Je me sens très mal.
Tous les matins, le samedi et le dimanche aussi, on nous réveille vers 7h.30.
Le pire c’est quand je réussis à m’endormir juste avant.
Efrem*, 19 ans
|
Je suis parvenu à déserter l’armée érythréenne et à fuir au Soudan, en
laissant ma femme et mes deux enfants. Des hommes armés m’ont capturé. J’ai
essayé de fuir, mais j’ai reçu une balle dans la jambe. Ma famille a dû payer
beaucoup d’argent pour me libérer. En Lybie j’ai trouvé un bateau pour
l’Europe. Il y avait beaucoup trop de gens sur le bateau et pas assez à
boire. Certains sont tombés à l’eau durant le trajet et se sont noyés. En
Italie il n’y a presque rien. Souvent on dort dans la rue. Alors je suis venu
en Suisse. Cela fait une année que je suis dans un bunker. Tous les jours le
personnel de l’EVAM nous dit de sortir du bunker. Si on a pas l’école on peut
aller à la structure de jour. Il faut marcher et ma jambe me fait mal. Cela
met très longtemps pour voir un docteur. Une fois je suis tombé malade. Je
vomissais et j’avais la diarrhée. J’aurais voulu manger juste une soupe ou un
fruit, mais tous les jours je reçois les mêmes sandwich et plats tout
préparés à réchauffer au micro-onde. L’hiver passé, je me suis acheté une
veste chaude. On a forcé mon armoire dans le bunker et on me l’a volée.
J’envoie presque tout l’argent que je reçois de l’EVAM à ma famille et je ne
sais pas comment en acheter une autre. Souvent la nuit, il y a des bagarres
dans le bunker. Plusieurs de mes amis se sont fait frapper. J’ai peur pour
moi et ma famille.
Ammanuel*, 33 ans
|
distribué le 9.9.14
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