Concerne :
renvoi famille Grabanica - Lettre
ouverte
Monsieur
le Directeur,
Vous,
vous saviez dans quelle détresse vous plongiez Liridona, seule avec ses trois
filles lorsque, dans un premier temps, vous emprisonniez Nexhad.
Vous,
vous saviez que Liridona était à l’hôpital lorsque Nexhad a été dans un
deuxième temps liberé et vous imaginiez le soulagement de la famille fragilisée
lors de leurs retrouvailles.
Vous,
vous saviez en libérant Nexhad que sa sortie de la prison administrative de
Favra, n'était pas une libération mais une porte grande ouverte vers l'avion.
Lui, il ne le savait pas! Vous, vous avez donc accepté la libération de Nexhad
pour ensuite mieux profiter de leur vulnérabilité avérée afin de les renvoyer!
Ses
geôliers lui ont dit "Vous êtes libre" et il a cru à ces paroles.
Rentré chez lui à nouveau plein d'espoir, il a été menotté et expulsé de
force,48h après, avec toute sa famille.
Vous,
vous saviez, quand au Spop, après sa sortie de Favra, vous lui avez renouvelé
son papier blanc pour 12 jours qu'il n'en aurait plus besoin. Avez-vous vu son
espoir, son soulagement dans ses yeux quand il s'est présenté? Personne, par
contre, n’a vu son regard quand à 6h du matin le lendemain la police a débarqué chez lui pour le jeter avec sa
famille hors de ce pays qui ne le voulait pas. "Respirez
tranquillement" lui a dit la police "Tout va bien se passer. Il y a
un médecin dans l'avion qui va prendre soin de vous"! A l'aéroport, il
s'est défendu, il a dit qu'il venait d'être libéré deux jours auparavant de
prison. 10 policiers l'ont immobilisé et violemment ligoté mains et pieds,ainsi
que sa femme, sans aucune retenue vis à
vis des petites filles témoins de la violence sur leurs parents. C'est ligoté
et attaché au siège de l'avion qu'ils sont arrivés au Kosovo, comme l'ont été
tous et toutes les expulsé.e.s de Suisse.
Vous,
vous saviez que toute la famille serait expulsée ce jour-là. Mais pour Nexhad,
pour sa femme Liridona, pour Suela (5 ans) Sumea (3 ans) et pour la petite Esma
(3 mois), toutes les trois nées en Suisse, ce départ avait été effacé de leurs
soucis 48h avant. Ils pensaient pouvoir à nouveau espérer rester en Suisse.
"Vous êtes libre"...ils n'ont pas voulu lui dire que c'était une
liberté de 48h et vous, vous n'avez rien dit non plus. Vous avez juste continué
à accomplir votre "devoir envers Berne", comme vous dites, et cela,
quitte à le faire dans une forme extrême d'inhumanité.
L'ensemble
des personnes connaissant la famille, leur parcours et ayant eu écho de cet
événement a été extrêmement choqué de ces agissements alarmants.
Nous
vous accusons d'avoir tendu un piège à cette famille, d'avoir trahi leur
confiance en profitant de leurs retrouvailles pour les arrêter tous ensemble,
par surprise.
Nous
vous accusons d'avoir employé des méthodes perverses, manipulatrices et
dénudées d'humanité à l'encontre de cette famille et d'avoir usé d'une sérieuse
forme de maltraitance psychologique. Nous vous accusons d'un dangereux manque
d'humanité et et d'une violation du respect et de la dignité auxquels chaque
être humain a droit. Nous vous accusons d'user d'une violence institutionnelle
traumatisante sur la famille et ses trois enfants. Quelles seront les séquelles
psychologiques sur Suela, Sumea et Esma ? Avez-vous seulement un instant
pensé aux conséquences de ces actes sur la famille ?
La
famille Grabanica était en Suisse depuis 6 ans, ils avaient suivi une
intégration parfaite: deux promesses d'embauche pour Nexhad, l'école et
l'avenir pour les filles. C'est bien vous, le Spop et non Berne qui a dit non à
sa demande de régularisation. Pourquoi?
Aujourd’hui, ils sont au Kosovo, dans une
chambre unique et sans fenêtres et sans avenir dans cet autre pays. Les
menaces, motifs de leur exil en Suisse, sont toujours présentes.
Nexhad
et sa famille, Fatmir et tous et toutes les autres expulsé.e.s ne sont pas des
marchandises à déplacer comme des surplus incommodants. Ces personnes ont le
droit de connaître une vie familiale sereine en Suisse, là où ils ont déployés
déjà tant d'efforts pour se forger une place légitime et ils ont droit à une
dignité d’être humain.
Leur
seule désignation comme des personnes illégales, ne vous permet pas, à vous, ni
aux autorités suisses, de les traiter avec une telle violence et un tel mépris.
Au
vue de tout ce qui précède, nous vous demandons, Monsieur le Directeur, vous
qui saviez, le rapatriement immédiat en Suisse de la famille Grabanica pour que
leur dignité d'êtres humains puisse être rétablie et que réparation leur soit
faite.
Collectif Droit de rester
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