« On nous enterre dans des bunker, on nous fait manger de la
merde : y’en a marre ! » Les cris de révolte des réfugiés
résonnent depuis une semaine dans les rues de Genève. En cause, leur prochain
transfert dans des abris PC. L’État de Genève invoque la nécessité de faire de
la place dans les foyers pour les familles. Mais à Genève comme à Lausanne,
cette pénurie de place d’accueil est due à une politique délibérée des
autorités qui, après avoir fermé des hébergements sous le mandat de Blocher à
la tête de l’asile, n’ont pas voulu planifier de nouvelles structures, adaptées
à l’accueil d’êtres humains.
À Genève, comme ailleurs en Suisse, les autorités préfèrent entasser
les réfugiés sous-terre, les éloigner des centres-ville, les invisibiliser,
montrant ainsi leur mépris de l’humanité des migrant.e.s. Mais, comme à
Lausanne l’année passée avec le mouvement Stop Bunker, les migrants ne sont pas
prêts à se laisser enterrer, et ils sont soutenus par toute une partie de la
population qui manifeste à leurs côtés.
Enfermer les réfugiés dans des bunkers sous prétexte de manque de
place, ou les renvoyer en Italie sous prétexte cette fois d’accords
internationaux procède de la même logique : il s’agit de se débarrasser le
plus possible des «indésirables», infime minorité de la population. En effet,
seul 1 % des personnes résidant en Suisse relèvent de l’asile – or on veut
nous faire croire que la Suisse serait «envahie» par «un afflux massif» de
migrant.e.s prêt.e.s à risquer leur vie en Méditerranée pour rejoindre le
paradis helvétique.
L’occupation du Grütli à Genève et celle de l’église St-Laurent à
Lausanne montrent que cette situation de mépris ne peut plus durer et qu’il
faut arrêter de fermer les yeux. Que les migrant.e.s refusent d’habiter
sous-terre ou d’être transféré.e.s en Italie pour y dormir dans les rues ou les
gares déjà surpeuplées par des milliers de rescapés du voyage en Méditerranée,
leur combat est le même : il s’agit d’une lutte pour le droit de vivre
dignement là où ils ont choisi.
Nous soutenons toutes ces personnes dans leur révolte qui est aussi la
nôtre. Nous estimons que la migration est une force pour ce pays et non une
menace. Nous voulons une politique d’hospitalité à l’égard des migrant.e.s
fuyant la guerre, la misère ou la dictature. Nous exigeons donc la fermeture
des abris PC et la suspension immédiate de tous les renvois, en particulier
vers l’Italie, qui fait face à une crise humanitaire sans précédent.
Collectif Droit de rester, 20.06.15
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