Venez manifester votre colère face aux renvois forcés d’enfants de la Suisse et le bafouement de leurs droits avec le Collectif Droit de Rester et d’autres le mardi 20 Novembre à 17h30 à Saint Laurent, pour la journée internationale des droits de l’enfant!
Amanil, 20 mois et sa mère, ont été renvoyés de force le 4 Septembre dernier vers la Grèce, pays réputé pour ses conditions misérables d’accueil des personnes exilées. Il a été séparé de sa mère en pleurs par une dizaine de policiers et de fonctionnaires du Service de la Population (SPOP), lorsqu’ils sont venus les chercher au foyer de l’EVAM à Ecublens. Il a été réuni avec elle, seulement lors de leur arrivée à Athènes.
Des dizaines d’autres enfants vivent sous la menace d’un renvoi forcé dans le canton de Vaud. Ils vivent dans la peur constante d’une descente de police ce qui, ajouté au régime cruel de l'aide d'urgence, nuit à leur santé mentale et à leur stabilité matérielle. Leur intérêt est pourtant garanti par l’article 3 de la Convention relative aux droits de l’enfant, ratifiée par la Suisse: “dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociales, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale”.
Le canton de Vaud doit prendre ses responsabilités face aux droits des enfants migrants et cesser de mettre en execution des renvois forcés de mineurs, même accompagnés de leurs parents, vers des pays où leur droits fondamentaux sont en danger!
mercredi 14 novembre 2018
Journée internationale des droits de l’enfant: Les enfants migrants sont des enfants comme les autres!
Libellés :
droit des enfants,
Manif,
Mobilisation
lundi 12 novembre 2018
Sabina, 7 ans, née en Suisse, expulsée en Bosnie
Sabina, née en Suisse en 2011,
a été expulsée par la force avec sa maman et son grand frère le 23 mai 2018.
Son papa, en dépression grave, était hospitalisé. A Sarajevo personne ne les
attendait.
jeudi 8 novembre 2018
Prise de position d’employé-e-s de l’EVAM (assistant-e-s sociales-aux, éducateurs-trices, surveillants, coordinateur-trices de programme d’occupation…)
Nous relayons la prise de position des employé-e-s de l'Evam
Prise
de position d’employé-e-s de l’EVAM (assitant-e-s sociales-aux, éducateurs-trices, surveillants, coordinateur-trices de
programme d’occupation…)
Le 4 septembre
2018, une mère isolée et son fils de 20 mois, Amanil, ont été renvoyés
subitement et de force vers la Grèce lors de l’irruption d’une dizaine de
policier, à 6h du matin, dans sa chambre.
Privé du réconfort
de sa mère pour assurer la « réussite » de l’expulsion, Amanil,
paniqué, n’a cessé de hurler pendant près de 5heures. Ce n’est qu’arrivés à
Athènes que sa mère a pu le prendre dans ses bras pour tenter de le
réconforter.
Cette intervention
de police s’est déroulée au foyer EVAM d’Ecublens, sous les yeux des employés
présents et d’autres bénéficiaires. Depuis cet évènement, les familles « à
l’aide d’urgence » vivent dans la crainte permanente d’être les prochains.
Certaines
choisissent de se cacher. Pour leurs enfants, qui connaissent déjà l’angoisse
du renvoi, commence une véritable errance d’un logement précaire à l’autre,
entre les nuits chez des amis et les chambres d’un soir. L’impact sur leur
santé, sur leur scolarisation et sur leur développement est
catastrophique !
Au sein des foyers
EVAM, de tels événements laissent également des traces. Et ce au moment-même où
– quelle ironie ! - l’EVAM met sur pied un groupe de travail visant à
améliorer les conditions de vie dans ces foyers. Il ne s’agit pas d’une
question de confort, c’est le cœur du travail des professionnel-le-s qui est
menacé : la relation de confiance entre assistant social, éducateur ou
encadrant et le ou la bénéficiaire.
Comment maintenir
ce lien de confiance avec les bénéficiaires après avoir été les témoins
impuissants, et donc en apparence consentant-e-s, d’une scène où d’autres
fonctionnaires, travaillant pour le même Etat, presque des collègues, arrachent
un petit enfant aux bras de sa mère ? Pire encore lorsqu’on nous demande
de collaborer aux expulsions, comme en témoigne cet extrait du « journal
événement » d’un foyer :
« 10h.16 : Reçu appel de la gendarmerie,
pour nous informer que demain 15.08.2018 ils viendront au foyer vers 9h00 –
9h15 matin pour chercher M. X. Ils m’ont précisé de ne pas transmettre l’info
au bénéficiaire bien évidemment et leurs contacter rapidement si ce dernier
essaye de partir, demain matin avant que
la gendarmerie arrive au foyer. »
Le renvoi forcé
d’Amanil et de sa mère n’est qu’un exemple des nombreuses discriminations et maltraitances visant les mineurs
migrants, notamment dans l’accès aux activités extra-scolaires et dans le domaine
de l’hébergement.
Ces pratiques portent atteinte à nos
conditions de travail et à notre santé, d’autant plus qu’elles vont à
l’encontre de la mission de l’EVAM -l’accueil des migrants-, de notre éthique
professionnelle et de notre attachement aux droits humains, notamment ceux
garantis par la convention internationale
relative aux droits de l’enfant. Celle-ci précise que « Les Etats parties prennent toutes les
mesures appropriées pour que l'enfant soit effectivement protégé contre toutes
formes de discrimination ou de sanction motivées par la situation juridique,
les activités de ses parents, de ses représentants légaux ou des membres de sa
famille. »
Nous ne pouvons
rester passifs et donc complices de ces pratiques et souhaitons rendre la
présente prise de position publique et interpeler notre direction, le cas
échant le conseil d’Etat sur les problématiques suivantes :
- Descentes
de police visant à des expulsions pour des familles avec enfants mineurs
dans les foyers EVAM.
- Implication
des employé-e-s dans les expulsions, y compris de majeur-e-s.
- Prise
en compte des besoins spécifiques des enfants hébergés dans les foyers
EVAM.
- Prise
en charge pour les mineur-e-s « à l’aide d’urgence » des
activités culturelles et sportives sous l’angle de l’équité de traitement
avec les enfants permis N et F et Mineurs Non Accompagnés, assisté-e-s par
l’EVAM.
Nous donnons
mandat à notre syndicat, le SSP, et sa délégation de nous accompagner dans ces
buts.
lundi 29 octobre 2018
Les droits des enfants doivent passer avant leur permis de séjour ou leur couleur de peau !
Amanil (2 ans), Uliana (5 ans), Vera (4 mois), Daria et Abigail (9 ans) sont des enfants. Et tous
les enfants ont des droits, affirmés notamment dans la Convention
Internationale des Droits de l’Enfant, que la Suisse a signée.
Mais aux yeux des autorités suisses, Amanil, Uliana, Vera et
tant d’autres sont des migrant∙e∙s, des réfugié∙e∙s, des exilé∙e∙s avant tout,
et plus que leur âge, c’est leur permis de séjour qui compte. En l’occurrence,
ici c’est l’absence de permis. Leurs parents ont demandé l’asile en Suisse, un
asile refusé.
Amanil a été renvoyé en Grèce le 4 septembre. Uliana,
Abigail, Daria et les autres vivent sous la menace constante d’un renvoi. Elles
n’arrivent plus à dormir, à suivre l’école, ou n’ont pas le droit de participer
aux excursions scolaires hors de Suisse. Les enseignant∙e∙s, les psys, leurs
proches sont inquiet∙e∙s et constatent tous les jours leur stress, leur
angoisse, qui les empêchent de grandir comme les autres enfants.
Le Collectif Droit de rester est confronté toujours plus
souvent à ces situations d’enfants dont les droits sont bafoués, à des enfants
paniqué∙e∙s à l’idée d’un renvoi, le plus souvent vers des pays dont ils n’ont
aucun souvenir. Les autorités vaudoises n’ont plus aucun scrupule à renvoyer de
force des familles avec des enfants en bas âge, au mépris complet de leurs
droits, de leurs besoins et de leur avenir.
Nous vous appelons à venir manifester votre solidarité à
l’égard de ces enfants le mardi 20 novembre à Lausanne. Nous demandons :
-
L’arrêt immédiat des exécutions de renvois
forcés de mineur∙e∙s, même accompagné∙e∙s de leurs parents, vers des pays où
ils et elles n’ont aucun repère, mettant ainsi en péril leur bon développement
et la poursuite de leur scolarité. Aucun renvoi forcé ne doit avoir lieu durant
l’année scolaire ni dans les foyers EVAM.
-
La prise en compte systématique de l’intérêt
supérieur de l’enfant dans toutes les décisions de l’EVAM et du SPOP lorsque
des enfants sont concerné∙e∙s, en particulier à propos de l’hébergement.
-
L’accès aux apprentissages pour les mineur∙e∙s
et jeunes adultes à l’ « aide d’urgence ».
-
La prise en charge à 100%, jusqu’à concurrence
de CHF 400.00 par année civile des activités culturelles et sportives pour
tou∙te∙s les mineur∙e∙s assisté∙e∙s par l’EVAM.
Collectif
Droit de rester.
Avec
le soutien de :
POP
Vaud, SolidaritéS, SUD Étudiant-e-s et Précaires, SUD Éducation, Collectif R, Jeunesse Socialiste vaudoise, AVESAC: association vaudoise des enseignant-e-s en structure d'accueil, SSP région Vaud
(au
7 novembre 2018)
mardi 16 octobre 2018
Comme Chagall, la familleToustsik cherche refuge.
Marc
Chagall était Biélorusse, juif, pendant la Deuxième Guerre mondiale il a trouvé
refuge et protection aux États-Unis. La famille Toustsik est aussi
ressortissante de Biélorussie. Ce n’est pas le nazisme, mais la dictature qui a
poussé la famille à l’exil. Mais eux n’ont toujours pas trouvé un refuge. La
Suisse, fermant les yeux sur les violences subies par le couple Toustsik, en
particulier par Madame, s’acharne à vouloir renvoyer la famille dans les mains
du dictateur.
Pourtant, le
Secrétariat d’État aux Migrations (SEM) a reçu tous les documents prouvant les
violences subies par la famille, menaces et avis de recherche compris!
La Suisse
est-elle prête, sans scrupules, à faire subir à Madame Toustsik et ses enfants
le même sort qu’elle a déjà réservé à sa mère? En effet, la mère de Madame
Toustsik, qui avait demandé asile et protection à la Suisse en 2014, a été expulsée en 2015 vers la Biélorussie où elle s’est
retrouvée dans les geôles du dictateur! À l’époque les autorités helvétiques connaissaient
le sort réservé aux dissident∙e∙s de ce pays en cas de renvoi, mais elles n’ont
pas hésité à renvoyer Madame, faisant preuve d’irresponsabilité totale.
Allons-nous
assister une fois de plus à un exemple de non-assistance à personne en danger? À
un exemple de cynisme et de connivence avec des dictateurs de la part des
autorités suisses? Nous le craignons fortement, d’autant plus que nous avons
appris l’ouverture d’un consulat de Biélorussie à Lausanne au mois de septembre
dernier. Dans quel but? Pour mieux surveiller les ressortissant∙e∙s
biélorusses? Pour une présence accrue des sbires de L.? Toute la famille
Toutstsik est en grave danger en ce moment, non seulement les parents, mais
aussi leurs trois filles, Daria (9 ans), Uliana (5 ans) et la petite Vera (3
mois), les deux dernières nées en Suisse.
La famille
vit en Suisse depuis 7 ans et tou∙te∙s parlent parfaitement français. Daria et
Uliana sont scolarisées. Leur seul souhait, retrouver liberté et espoir dans un
avenir plus tranquille.
Nous
refusons d’accepter le renvoi de cette famille. Une pétition a été déposée au Grand
Conseil en juin. Nous sommes toujours dans l’attente de la décision de la
Commission des pétitions. Nous demandons que la famille puisse retrouver calme
et sécurité. Nous demandons que les autorités compétentes du canton de Vaud
agissent pour la protection du droit des enfants et du droit d’asile pour cette
famille.
Lien vers le texte de la pétition déposée en juin pour la famille
Amnesty dénonce régulière la persécution des opposant-e-s au régime. Retrouvez les dernières informations ici.
Le Parlement européen débat de la Biélorussie ici.
Amnesty dénonce régulière la persécution des opposant-e-s au régime. Retrouvez les dernières informations ici.
Le Parlement européen débat de la Biélorussie ici.
Libellés :
communiqué - presse,
pétition
mardi 11 septembre 2018
Le canton de Vaud sera-t-il le premier à renvoyer vers l’Ethiopie ?
En avril, on apprenait avec
une certaine stupeur la signature d’un nouvel accord migratoire avec l’Éthiopie:
désormais il sera possible de renvoyer des personnes déboutées de l’asile vers
cette dictature. Le canton de Vaud, soi-disant à la traine des renvois selon
Berne, a-t-il décidé d’être cette fois un exemple en renvoyant le premier des Éthiopien∙ne∙s
vers une destination où ils et elles risquent la torture et la détention
arbitraire?
Les opposant∙e∙s politiques sont en Éthiopie durement réprimé∙e∙s. Amnesty
International comme Human Rights Watch ont souvent dénoncé la situation. Et
pourtant, la Suisse a signé ce printemps un accord qui facilite les expulsions
vers ce pays. Un accord qui prévoit la transmission aux services secrets éthiopiens
des données personnelles des personnes renvoyées de force. Ces services secrets
participent activement aux actes de tortures que dénoncent les ONG. Ils sont à
la solde du régime au pouvoir dont les forces spéciales ont exécuté plusieurs
centaines de personnes, parmi elles des bébés. Des milliers d’Éthiopien∙ne∙s sont
encore détenu∙e∙s arbitrairement, parmi elles des militant∙e∙s politiques et
des manifestant∙e∙s pacifiques. Non contentes de renvoyer des êtres humains
vers la torture, la Suisse et l’Union européenne facilitent le travail de leurs
bourreaux !
Cet accord inique, qui éloigne encore plus la réputation du pays des droits
humains de la réalité, n’a pourtant été signé que pour environ 300
personnes qui sont sur la sellette d’un renvoi. Mais près de 1500 autres Éthiopien∙ne∙s
attendent dans l’angoisse une décision à leur demande d’asile.
Dans le canton de Vaud, une trentaine de personnes vivent dans la crainte
d’être renvoyées directement dans les bras des services secrets éthiopiens. Plusieurs
personnes sont déjà assignées à résidence et sous la menace d’une expulsion
imminente. Est-ce pour répondre aux critiques de Berne que les autorités
mettent désormais la pression sur ces personnes?
Le collectif Droit de rester s’inquiète du sort des opposant∙e∙s politiques
qui seront renvoyé∙e∙s. Le canton de Vaud n’a pas à participer à cette
violation des droits humains ! Le Conseil d’État présentera-t-il platement
ses excuses lorsque nos ami∙e∙s renvoyé∙e∙s auront été torturé∙e∙s? Le SEM
devra-t-il les ramener en Suisse, comme il avait dû le faire avec deux Sri
Lankais en 2014?
Nous demandons que les autorités vaudoises cessent immédiatement de
collaborer à un tel déni des droits et fassent tout leur possible pour que le
SEM accorde aux ressortissant∙e∙s éthiopien∙ne∙s un droit de séjour. En
attendant, les renvois doivent être suspendus !
Voir le
rapport d’Amnesty International sur l’Ethiopie, 2017/2018 :
https://www.amnesty.org/fr/countries/africa/ethiopia/report-ethiopia/
mardi 4 septembre 2018
Amanil, âgé de 20 mois et né en Suisse a été renvoyé ce matin à 6h45 vers la Grèce.
Amanil est né en Suisse le 1er
décembre 2016. Sa maman est originaire d’Erythrée, où elle a rencontré son
papa, avec qui elle s’est mariée en 2013. Le couple a fuit l’Erythrée et après
un long voyage est arrivé en Grèce. La maman d’Amanil y a obtenu l’asile, mais
pas son papa. La maman d’Amanil a eu la chance d’être ponctuellement aidée par
une église éthiopienne, mais elle n’avait pas de logement, ni argent, ni accès
aux soins, ni nourriture. Lorsqu’elle est tombée enceinte d’Amanil, elle a
décidé de quitter le pays et de demander l’asile en Suisse où Amanil est né il
y a presque deux ans.
La maman d’Amanil a voulu éviter
à son fils de connaître la précarité de la rue. C’est pourquoi elle s’opposait
à son renvoi à Athènes. La Suisse a en effet refusé d’entrer en matière sur sa
demande, au prétexte qu’elle avait le statut de réfugiée en Grèce – les
persécutions subies en Érythrée ont en effet été reconnues et la Grèce a admis
qu’elle ne pouvait pas rentrer dans son pays d’origine.
Le HCR, Amnesty International,
Human Rights Watch et MSF dénoncent régulièrement la situation des réfugié∙e∙s
en Grèce. Les services d’aide aux réfugiés étant extrêmement précaires en
Grèce, la plupart des réfugié∙e∙s n’ont ni logement ni travail et vivent dans
la rue. C’est le cas non seulement des demandeurs d’asile, mais aussi des
personnes qui ont obtenu la reconnaissance de leur statut de réfugié.
Amanil ne connait ni l’Érythrée
ni la Grèce. Il ne connait pas non plus son papa, dont la trace s’est perdue en
Grèce. Il ne connait que le foyer EVAM d’Ecublens. Mais aujourd’hui, ce matin à
4h, il a été réveillé par une dizaine de policiers ; il a vu sa maman
pleurer et il a été obligé de partir avec elle.
À l’heure actuelle, nous sommes
sans nouvelle d’Amanil et de sa maman, qui doivent pourtant être arrivés à
Athènes. Nous exigeons de savoir où est la famille, quelle a été leur prise en
charge à leur arrivée, et s’il est garanti qu’Amanil et sa maman auront un toit
pour vivre et une aide sur le long terme en Grèce. Nous avons malheureusement
de bonnes raisons d’en douter.
Mais aussi nous voulons savoir
pourquoi les autorités vaudoises s’acharnent ainsi sur les plus faibles,
renvoient des familles, des petits enfants ; comment est-il possible de ne
pas comprendre qu’une jeune mère souhaite à son bébé de ne pas grandir dans la
rue ? comment est-il possible de parler d’un renvoi « sans
contrainte » (communication du spop), lorsqu’il y a une dizaine de policiers pour embarquer une
jeune femme, des cris, des larmes, et ceci devant témoins ? Les autorités
vaudoises ont apparemment perdu tout sens des notions de bienveillance,
d’accueil, comme de violence et de contrainte. Ont-elles aussi perdu tout sens
des responsabilités qu’elles renvoient ainsi une maman et son fils de 20 mois
dans les rues athéniennes ?
Nous exigeons des réponses et
l’arrêt de tous les renvois mettant en cause des enfants.
Collectif Droit de rester, 4
septembre 2018
Libellés :
banalité du mal,
communiqué - presse
mercredi 29 août 2018
L’improbable permis B - Une politique d’exclusion du canton de Vaud
22 aout 2018 La loi permet l’octroi d’une
autorisation de séjour aux personnes titulaires d’une admission provisoire qui
montrent des signes positifs d’intégration et qui séjournent en Suisse depuis
au moins 5 ans.
Le canton de Vaud rechigne à autoriser l’octroi de ce permis
B et de plus en plus de familles restent durablement coincées avec un permis F,
qui est un sous-statut extrêmement précaire, discriminatoire, retenant dans la
marginalité et la pauvreté tout un groupe de population.
Voici l’exemple de la famille Temnay, qui vit en Suisse
depuis plus de 9 ans. Les 4 enfants suivent leur scolarité avec succès. Ils
sont nés en Suisse et ne connaissent rien de leur pays. L’aîné est brillant à
l’école. Les deux garçons font du foot et la fille de la gymnastique.
Les parents parlent couramment le français. Le père indique
dans son CV qu’il comprend 6 langues ! le français, l’arabe, l’italien,
l’anglais et deux langues de son pays. Il maîtrise l’informatique. Il a d’abord
travaillé en Suisse comme mécanicien dans un garage puis il a été engagé à la
Migros où il a entrepris un apprentissage de vendeur et de gestionnaire des
stocks. Après l’obtention de son diplôme, il n’a pas pu poursuivre dans
l’entreprise et ses recherches d’emploi sont restées vaines depuis, les
employeurs refusant d’engager des personnes titulaires d’un permis F, jugé trop
instable. Les recherches d’emploi de son épouse sont également restées vaines,
pour la même raison. Une agence de placement a expliqué qu’elle n’acceptait
aucun permis F parce que les délais pour obtenir l’autorisation auprès du SPOP
sont trop longs.
L’octroi du permis B résoudrait ces problèmes et permettrait
à la famille de s’installer durablement en Suisse, de construire de réels
projets d’avenir, et d’avoir un statut qui corresponde à la réalité de leur
séjour en Suisse, où les enfants grandissent et ont toute leur vie ici.
Mais voilà, le SPOP refuse depuis 4 ans d’accorder
l’autorisation et maintient ainsi la famille dans une situation sociale
difficile qui empêche leur intégration réelle. Plus l’attente pour l’octroi du
permis B sera longue, plus il sera difficile au père de retrouver du travail,
et plus les chances pour la famille d’accéder à l’autonomie économique seront
réduites. Les pratiques cantonales restrictives en matière de régularisation
entraînent pour de nombreuses familles une dépendance de plus en plus durable à
l’aide sociale.
En outre, elles poussent les gens à accepter n’importe quel
emploi dans des conditions abusives. M. Temnay a notamment travaillé plus d’un
an comme livreur de produits surgelés à domicile. Il parcourait presque 200 km
par jour avec un camion frigorifique, 70 heures par semaine pour un salaire en dessous
du minimum vital. Il ne voyait plus ses enfants et a été contraint de cesser
cet emploi par épuisement.
L’autorité cantonale sait que les personnes titulaires d’une
admission provisoire ne trouvent pas de travail ou seulement une très faible
proportion d’entre eux. Le refus d’octroi d’une autorisation de séjour est une
politique de rétention de tout un groupe de population dans la marginalité et
l’absence de perspectives, une politique d’exclusion.
Ces pratiques dégradent l’image des requérants d’asile aux
yeux du public et aggravent ainsi les risques de discrimination, de précarité
et d’isolement social.
De nombreuses entraves rendent la vie impossible aux
titulaires d’une admission provisoire, épuisent moralement les gens, les
découragent et les excluent. Les conditions de logement, fixées par l’EVAM,
sont souvent particulièrement difficiles. La famille Temnay par exemple vit à 6
personnes dans un appartement de trois pièces. De nombreuses communes refusent
l’allocation d’un logement subventionné aux titulaires d’un permis F ce qui les
empêche de rechercher par eux-mêmes un appartement où ils ne vivraient pas
entassés les uns sur les autres. Il en va de même des agences qui refusent
systématiquement les titulaires d’un permis F, même avec la caution d’une
personne suisse, ce dont la famille Temnay a fait plusieurs fois l’expérience.
Elle se trouve dans l’impossibilité de déménager et de choisir par elle-même
son appartement.
À noter que la famille Temnay a le statut de réfugiés. Leur
retour en Érythrée est impossible où ils risquent l’arrestation et la détention
arbitraires ainsi que la torture, couramment pratiquées dans ce pays à
l’encontre des déserteurs et des dissidents ou perçus comme tel.
Leur séjour en Suisse est donc durable et c’est le sens même
de la décision du SEM, de leur reconnaître la qualité de réfugiés afin de leur
permettre de refaire leur vie en Suisse.
Or, les entraves à l’intégration des titulaires de
l’admission provisoire vont à l’encontre des engagements de la Suisse au titre
de la Convention relative au statut des réfugiés, qui prévoit des facilités
d’insertion en faveur des réfugiés reconnus, précisément pour les protéger
contre les discriminations politiques, économiques et sociales qui sont trop
souvent le lot des étrangers.
Leur enclavement dans un statut précaire qui les empêche de
participer à la vie économique et de conduire leur existence avec de réelles
perspectives de développement personnel, porte atteinte au droit des réfugiés
de s’installer effectivement et de manière viable dans le pays d’accueil.
Pour citer ou reproduire l’article : L’improbable
permis B, aout 2018, http://droit-de-rester.blogspot.ch/
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