Chercheurs, experts en sciences juridiques et hauts
fonctionnaires se réunissen ce 26 janvier à l’UNIL pour une journée dédiée à la
participation des enfants dans les décisions qui les concernent, sous
l’impulsion du département de la formation de la jeunesse et de la culture du
canton de Vaud. Au même moment, depuis le début de l’année le canton a assigné
à résidence de nombreuses familles en vue de les renvoyer. Le Collectif Droit
de rester est particulièrement inquiet pour trois familles, soit cinq enfants,
dont quatre scolarisés, menacées de renvoi immédiat.
Enfants mis en danger par
la politique migratoire suisse et vaudoise
Alors même que l’événement
dénommé Réflexe Participatif cherche à mettre en place des réponses aux
besoins des enfants du canton, trois familles différentes sont tétanisées
chez-elles, assignées à résidence en vue d’un renvoi forcé. Quatre quatre
scolarisés depuis plusieurs années et un né en suisse voient leur vie menacée
par une décision politique qui ne les a aucunement pris en compte.
Trois familles :
trois menaces de renvois impitoyables
En 2011 Abdullah et Nazmie Useinov arrivent en Suisse avec leur petite
fille Mendie. Ils fuient la Macédoine où M. Useinov est menacé par des
groupes violents locaux et où ils sont discriminés en tant que Roms. En 2012
naît leur deuxième enfant, Enes. Après des réponses négatives à leur demande
d’asile, la famille fait en 2017 une demande de régularisation. Malgré leur
parfaite intégration et la promesse de contrat de travail présenté par
M. Useinov, la demande est refusée. Dès lors, ils vivent sous la menace
constante d’un renvoi de force. Les enfants vont à l’école à Yverdon depuis
plusieurs années et ne connaissent pas le macédonien. Leur maman est malade et
ils souffrent tous de cette situation instable et sont suivis par des
psychologues. En Suisse, ils pourraient finalement bénéficier d’une vie stable
et en sécurité mais le canton en a décidé autrement.
Mme Tegy, 29 ans, éthiopienne, et son fils d’une
année ont quitté la Grèce après la disparition du père de l’enfant. Seule
en Grèce avec son bébé, et bien qu’elle ait obtenu la protection de cet Etat,
Mme Tegry n’avait pas accès à un logement stable ni à des soins médicaux
pourtant indispensable. Ils ne survivaient que grâce aux distributions de
nourriture gratuite. Seule avec son enfant Mme Tegry a entrepris un
difficile voyage vers la Suisse où elle a demandé l’asile. Sa demande a été
rejetée et les autorités suisses cherchent à la renvoyer avec son fils en Grèce.
Afin de faciliter son renvoi, Mme Tegry est assignée à résidence au foyer EVAM.
Le 16 janvier 2018 une dizaine de policier sont venu la chercher. Face à son
refus de lâcher son enfant qui s’était réfugié dans ses bras, les policiers
sont repartis en la menaçant de revenir bientôt, de la menotter et de la séparer
de force de son enfant durant le vol vers Athènes.
La famille X. vit depuis
quatre ans en Suisse, ces deux parents ukrainiens et leurs enfants, aujourd’hui
âgés de 11 et 13 ans, se sont parfaitement intégrés. Parlant français, le père,
plurilingue, travaille comme auxiliaire pédagogique et la mère a suivi une
formation d’auxiliaire de santé. Les enfants, scolarisés depuis tout ce temps
en Suisse, sont des élèves exemplaires avec d’excellentes notes, la fille
suivant aujourd’hui la voie prégymnasiale.
Les quatre membres de la famille X. font
actuellement l’objet d’une assignation à résidence au Foyer EVAM Ste-Agnès à
Leysin en vue d’un renvoi, car leur demande d’asile n’a pas été acceptée. Ils
vivent dans un état d’angoisse permanent par peur de se faire arrêter.
Une situation inacceptable pour les enfants exilés
L’article 12 de la Convention
Internationale de L’ONU Relative aux Droits de l’Enfant stipule que chaque
enfant a le droit de s’exprimer et est pris en considération sur les décisions
qui le ou la concerne. Or ces enfants n’ont
nullement été entendus par les autorités malgré le fait qu’un renvoi les
séparera de tout ce qui leur est familier et sécurisant.
Le Collectif Droit de Rester Lausanne dénonce ces renvois inhumains et
souhaite pointer du doigt l’hypocrisie du canton, qui se targue de prendre en
compte la voix des enfants vaudois alors même qu’il ignore celles des plus
démunis. Le collectif demande l’arrêt immédiat de la procédure de renvoi ainsi
que la régularisation de ces deux familles.