mercredi 28 mars 2018

« Écarte les jambes »


20 mars 2018    « Ils sont venus à 5 ou 6 policiers, que des hommes, entre 6h et 6h30 du matin. Ils toquent juste un petit peu et ils entrent, je n’ai même pas eu le temps de me réveiller. Je dormais en tee-shirt avec une culotte et ils m’ont dit de me lever. La pièce est assez petite et j’étais là, au milieu de ces hommes qui m’ont ordonné de m’habiller et de prendre au maximum 27 kg. Ils ne m’ont pas autorisée à me mettre à l’écart et j’ai dû m’habiller dans la salle de bain avec la porte ouverte. Ensuite ils m’ont emmenée au poste. Ils m’ont dit que j’allais être conduite à Genève où je prendrai l’avion pour retourner dans mon pays. Ils m’ont enfermée dans une cellule toute petite. Il faisait froid et ils m’avaient obligée d’enlever mon manteau. Je grelottais. J’étais seule et très angoissée. Vers les 10h30 ils sont venus et m’ont donnée à d’autres policiers qui devaient me conduire à Lausanne. Ils m’ont menottée et m’ont fait monter dans un fourgon de transfert de prisonniers. Ce sont de minuscules cabines où on s’assoit les coudes serrés contre soi, comme dans une boîte de sardines. Il y a une caméra juste au-dessus pour nous surveiller tout le temps et regarder ce qu’on fait. On ne peut rien faire dans cette boîte, même pas se lever, juste se sentir épiée. Tout y est métallique même le siège et j’avais toujours très froid. A Lausanne, j’ai été soumise à la fouille. On m’a enfermée dans une pièce et une femme policière m’a dit de me déshabiller. Je ne voulais pas enlever ma culotte parce que j’avais mes règles et que je me trouvais honteuse. Je ne voulais pas qu’elle voie. Mais elle m’a dit que ce n’est pas grave et m’a quand même ordonné d’enlever la culotte. Je me sentais humiliée. J’ai dû ôter la serviette devant elle et la lui tendre. Elle l’a mise dans un gant pour la palper. Je ne sais pas ce qu’elle cherchait. Je ne suis pas une évadée ni une criminelle. Qu’est-ce que j’aurais caché ? Ensuite, elle m’a dit « Ecarte les jambes ». Je vous assure, je suis passée par la Hongrie où la police est brutale et les migrants sont maltraités, et j’ai été emprisonnée là-bas, mais jamais on ne m’avait demandé d’enlever ma culotte. Elle a regardé en se penchant. Je ne sais pas ce qu’elle voulait voir. C’était sans doute un des pires moments de ma vie. J’ai été très choquée. Je me sentais dévastée, rabaissée et contrôlée comme un objet, sans dignité. Ensuite ils m’ont enfermée dans une cellule sans fenêtre, avec seulement un judas sur la porte. Il y avait un lit, un matelas, une couverture et une cuvette de WC. J’ai été très angoissée dans cet endroit. J’ai tapé sur la porte et j’ai appelé. J’ai entendu un autre détenu me dire d’appuyer sur le bouton. Je n’avais même pas vu le bouton. Quand ils sont venus, j’ai dit que j’avais besoin de parler à quelqu’un, que je ne supportais pas d’être enfermée là et laissée seule. Ils m’ont demandé « pourquoi tu pleures ? », comme si je devais trouver ça normal. Finalement, une dame qui me connaissait et qui a su que j’avais été arrêtée est venue. Je ne sais pas ce qu’elle a discuté, mais vers midi j’ai été libérée. J’ai dû être conduite vers ma psychiatre parce que je suis sortie en état de choc et déstabilisée. Je tremblais et je me sentais mal. »

Pour citer ou reproduire l’article :
« Ecarte les jambes », mars 2018, http://droit-de-rester.blogspot.ch/

samedi 17 mars 2018

MANIFESTATION merc.21 mars 17h30: stop aux renvois vers le sri lanka!


Vol spécial vers le Sri Lanka pour expulser des opposants au régime: Manifestons mercredi 21 mars, place Chauderon, 17 h 30!
இலங்கைக்கு அகதிகளை திருப்பி அனுப்பாதே! : ஆர்ப்பாட்டப் பேரணி



Mardi 13 mars, la Suisse a renvoyé de force une diazine de sri lankaisTamouls par vol spécial, alors que le pays est actuellement sous l’état d’urgence. Dans ce vol se trouvaient deux de nos amis. Toutes les personnes renvoyées ont été auditionnées par la police sri lankaise à leur arrivée, et l’une arrêtée quelques heures.
Nous craignons pour leur vie. Les arrestations et tortures des opposants sont fréquentes au Sri Lanka. Mais le Secrétariat d’État aux migrations n’en a rien à faire. Et le canton de Vaud exécute les ordres.
Qu’en est-il de nos amis maintenant? Comment se sont passés ces renvois forcés et leur arrivée dans ce Sri Lanka troublé? Nous craignons le pire et nous faisons tout ce qui est possible pour avoir de leurs nouvelles.
Nous accusons le SEM, mais aussi le Conseiller d’État Leuba et le SPOP de non-assistance à personne en danger. Expulser ces jeunes vers le Sri Lanka et ses dangers est aussi criminel que les agissements du gouvernement sri lankais.
Nous demandons l’arrêt immédiat des renvois vers le Sri Lanka, la régularisation des Tamouls qui ont demandé l’asile en Suisse. 
Stop aux renvois! Manifestation mercredi 21 mars, 17 h 30, Place Chauderon à Lausanne. 


La manifestation est autorisée



 

jeudi 15 mars 2018

Vaud expulse deux ressortissants du Sri Lanka, opposants au régime : Manifestons mercredi 21 mars!


Mardi 13 mars, la Suisse a renvoyé de force 21 Tamouls par vol spécial, accompagnés par la traditionnelle horde de policiers...comme des criminels. Leur crime ? Avoir demandé l’asile en Suisse, avoir cherché protection dans ce pays. 


Dans ce vol spécial se trouvaient 2 Tamouls qui résidaient dans le canton de Vaud depuis plusieurs années. Ce sont nos amis. Ils avaient fui le Sri Lanka pour sauver leur vie. Pour ne pas être arrêtés. Pour ne pas être torturés. 

Les autorités vaudoises ne les ont pas crus. Eux ils obéissent à Berne, la Berne sourde à toute mise en garde. Depuis octobre 2016, le Secrétariat d’Etat aux Migrations a changé sa pratique et considère « raisonnablement exigibles » les renvois des requérants d’asile sri lankais. La Suisse a signé un accord migratoire avec le gouvernement sri lankais pour faciliter la réadmission des déboutés de l’asile en provenance de ce pays. Mais la Suisse semble ignorer que la situation post-conflit dans ce pays n’est pas encore stabilisée et sûre pour tous les habitants du Sri Lanka.

Pour la première fois depuis la fin de la guerre en 2009, l’État d’urgence a été instauré le 6 mars au Sri Lanka et les réseaux sociaux ont été bloqués suite à de graves violences intercommunautaires. Des foules bouddhistes ont mené des émeutes anti-musulmanes ayant fait au moins trois morts, plus d’une dizaine de blessés et détruits de nombreux bâtiments, commerces et mosquées. La chaîne Al Jazeera a également récemment diffusé un documentaire hallucinant sur les tortures et les mauvais traitements subis actuellement par des opposants tamouls au Sri Lanka.

Qu’en est-il de nos amis maintenant ? Comment se sont passés ces renvois forcés et leur arrivée dans ce Sri Lanka troublé ? Nous craignons le pire et nous faisons tout ce qui est possible pour avoir de leurs nouvelles.

Seront-ils eux aussi dédommagés par la Confédération suisse en raison de mauvais traitements subis suite à leur renvoi forcé par la Suisse ? En effet, deux Tamouls ont déjà été dédommagés par la Suisse après avoir été arrêtés et torturés après leur renvoi au Sri Lanka. La dernière décision en date vient d’ailleurs d’être rapportée ce dimanche 11 mars par la SonntagsZeitung et la Zentralschweiz Sonntag. Après un recours au Tribunal fédéral, un arrangement extrajudiciaire a été proposé à l’avocat du Tamoul torturé suite à son renvoi par le Département des finances. Combien de cas similaires la justice suisse devra-t-elle encore juger suite à ces nouveaux renvois forcés ?

Nous accusons le SEM, mais aussi le Conseiller d’État Leuba et le SPOP de non-assistance à personne en danger. Expulser ces jeunes vers le Sri Lanka et ses dangers est aussi criminel que les agissements du gouvernement sri lankais.
Nous exigeons l’arrêt immédiat de tout renvoi au Sri Lanka et l’octroi d’un permis stable à ses ressortissants qui luttent depuis longtemps pour plus de justice. Droit de rester pour tou.te.s appelle à manifester contre les renvois aux Sri Lanka mercredi prochain 21 mars à Lausanne. Un rassemblement aura lieu à 17h30 à la Place Chauderon. La manifestation traversera le centre ville avant de se terminer symboliquement devant le Tribunal fédéral.

jeudi 8 mars 2018

Violence contre les femmes : L’indifférence du SEM



2 mars 2018 
 « Nous devions quitter la Côte Ivoire à cause des menaces, parce que nos familles désapprouvaient notre mariage. Un ami nous a proposé d’aller en Libye et de nous aider à y trouver du travail. Il était commerçant. Il faisait souvent les allers-retours et il connaissait bien la route et le pays. Nous sommes partis avec lui et sa famille (son épouse et son enfant), dans sa voiture. Le voyage était difficile et a duré une semaine. Il y avait des check-points partout pour le contrôle des ethnies et nous devions souvent traverser à pied par la brousse pour les contourner. Après, il a fallu payer les passeurs parce qu’on ne pouvait pas franchir la frontière du Niger. Notre ami connaissait les passeurs et il a payé. Nous sommes entrés en Libye. Il ne pouvait pas nous garder chez lui, car il vivait dans une pièce avec sa famille, mais il nous a adressés à une famille arabe.
Chez cette famille, nous avons vécu en 2014 et 2015 dans une pièce. Mon mari partait travailler pour le bâtiment et la construction tandis que je faisais les tâches ménagères et la cuisine chez nos logeurs.
Puis les troubles ont éclaté subitement. Les avions passaient au-dessus de nos têtes et la population arabe s’est subitement soulevée contre les noirs. Nous vivions dans le quartier où se trouvaient une majorité de populations d’origine noire africaine et une minorité d’Arabes. Ils savaient à quelles portes frapper, car ce sont les Arabes qui nous louaient nos logements. Ils étaient armés. Ils cassaient les portes et emportaient les gens. La famille nous a alertés pour que nous fuyions, mais nous n’avons pas su ce qui se passait et nous ne savions pas où aller. Peu après, nous avons été pris aussi. Ils ont emmené mon mari je ne sais où et, avec ma fille de 10 ans, nous avons été conduites dans une espèce de prison pour les femmes.
C’était un endroit vaste, comme un terrain vague, avec des barres de fer autour, une balustrade. Nous étions très nombreuses et serrées les unes contre les autres. Certaines avaient des nouveau-nés ou des petits avec elles, d’autres étaient enceintes et même certaines ont accouché dans cet endroit, directement par terre, sans aucune assistance médicale. Nous dormions à même le sol, serrées les unes contre les autres. On ne pouvait même pas payer de rançon pour être libérées. Avec ma fille, nous sommes restées trois semaines là-dedans. La nuit, quand le patron de la prison n’était pas là, les petits gardes nous surveillaient. Ils faisaient du trafic. Ils nous vendaient à d’autres Arabes, qu’ils amenaient. Ils ouvraient la prison et leur faisaient choisir celles qui leur plaisaient. Celles qui refusaient étaient abattues sur place, directement, devant tout le monde. Il y en a une qui a été assassinée juste devant mes yeux. On lui a tiré dans la poitrine. Il y avait du sang partout et elle suffoquait en mourant. C’était terrifiant. Ils m’ont prise toutes les nuits. J’ai été violée et brutalisée toutes les nuits. Des fois ils étaient cinq, des fois ils étaient dix, des fois ils étaient trois. Chaque nuit ils venaient et ça recommençait. A un moment, dans la prison, ils sont venus pour acheter une fille dans l’après-midi, et ils ont choisi une petite fille, mais sa mère n’a pas voulu. […] […] Je ne peux pas raconter la suite. […] Ils choisissaient et tout se passait au milieu et devant tout le monde. Ils nous violaient sur place. Quand ce n’était pas mon tour, je serrais ma fille contre moi pour qu’elle ne regarde pas. Mais elle entendait les cris et les bruits et elle pleurait.
Notre patron connaissait certains des ravisseurs. Grâce à Dieu, il a pu négocier avec eux et il a payé une rançon. Ils ont accepté de nous laisser nous enfuir. Nous avons quitté comme des évadées, en rampant par terre avec ma fille, pour nous cacher. Il y avait des problèmes de rivalités entre gangs qui nous échappaient, mais j’avais compris que c’était dangereux, qu’ils n’étaient pas tous au courant, et que nous risquions d’être attrapées. 
Nous avons traversé par la mer. J’ai eu très peur parce que nous savions que beaucoup de gens meurent noyés. Mais nous avons été secourus et amenés en Italie. Nous avons d’abord été hébergés sous une bâche avec notre fille, pendant presque deux mois. L’endroit était juste un terrain non aménagé. Il n’y avait pas de sanitaires et les gens devaient faire leurs besoins par terre. Mon mari a eu la chance de trouver du travail à la journée, 25 euros par jour, pour ouvrir les huitres. Après nos plaintes, parce que ce n’était pas une vie, nous avons été transférés dans une ville et hébergés dans un vieil immeuble pour demandeurs d’asile.
Dans cet endroit, l’eau entrait dans la chambre et il fallait régulièrement éponger. Les matelas étaient vieux et sales, posés à même le sol. Ils étaient mouillés. Quand nous nous sommes plaints auprès du personnel d’intendance, ils nous ont menacés de nous enlever notre fille pour la remettre aux services sociaux, en faisant un faux rapport ! J’étais effrayée à l’idée d’être séparée d’elle. On ne nous donnait que des spaghettis à manger et parfois la nourriture était avariée. Nous avons trouvé des asticots dans nos repas. C’était insupportable pour moi. Je souffrais et je n’avais personne à qui parler. On ne s’occupait pas de nous. Notre fille n’allait pas à l’école et je la savais dans la même détresse que moi. Je ne savais pas quoi lui dire. Nous étions dans le centre et c’est tout. Nous sommes restés 4 ou 5 mois dans cet endroit qui était insalubre à cause de l’humidité, puis nous avons quitté pour la Suisse.
Au centre fédéral à Vallorbe et à Perreux, c’était difficile. Nous sommes restés pendant trois mois avec notre fille, sans savoir ce qu’on allait faire de nous. A Vallorbe, nous n’avions pas accès aux soins. Mon mari est tombé une fois. Il a dû faire une sorte de crise de panique ou de stress, je ne sais pas au juste. L’infirmière du centre lui a juste donné un verre d’eau en disant que ça ira mieux, que c’était un peu de fatigue. Un verre d’eau, vous vous rendez compte ? Il a fait une nouvelle chute le 1er février. Cette fois nous étions à Lausanne. Il s’est mis à délirer. Il croyait qu’il était en Libye et il ne savait plus où il était et son psychologue a décidé de l’hospitaliser. Quand j’ai été lui rendre visite, il ne me reconnaissait pas et il parlait de choses qui n’étaient pas normales. Il est resté trois semaines à l’hôpital.
Nous avons reçu une décision Dublin de renvoi vers l’Italie et le recours a été rejeté en quelques jours. Nous étions encore au centre fédéral. En Italie nous n’avions pas de prise en charge médicale. Ma fille devenait dépressive à cause de ce que nous avions vécu en Libye. Il n’y avait que des pâtes à manger, tous les jours, tous les jours des pâtes, des pâtes. Au bout d’un moment, elle ne voulait plus manger et je ne savais pas quoi faire. Elle n’avait aucune activité là-bas. Elle n’allait pas à l’école. Elle et moi, nous pensions tout le temps à ce que nous avions vécu et nous n’avions personne à qui parler. Nous étions seules avec des problèmes qui nous dépassaient et nous avaient gravement choquées et meurtries.
Ici, ça va. Ma fille fait du théâtre et elle va beaucoup mieux. Elle est contente d’aller à l’école et elle suit bien. Elle essaye d’oublier. Nous avons trouvé des activités pour les enfants sur internet et elle y va tous les mercredis. Moi aussi, je suis une psychothérapie de soutien et j’essaie d’oublier.
Nous sommes toujours menacés d’être renvoyés en Italie manu militari par la police, débarquant en nombre au petit matin dans notre domicile quand nous serons encore au lit. C’est comme ça qu’ils font ici. Chaque heure je prie Dieu que notre fille n’ait pas à vivre ça. Je ne supporte plus toute cette brutalité. Je veux seulement vivre en paix et que ma fille puisse continuer d’aller à l’école. »
Dans cette affaire, ni le SEM, ni le Tribunal (TAF) n’ont pris en considération la gravité des violences vécues par chacun des membres de la famille. Celles-ci n’avaient pas même pu être exposées au cours de l’audition expéditive que conduit le SEM dans les situations « Dublin », portant sur les vagues motifs d’asile et les vagues arguments contre un renvoi en Italie. Les gens ne sont pas entendus et leurs problématiques médicales sont ignorées, simplement en les privant d’accès à un médecin pendant toute la durée de la procédure, ce qui empêche tout diagnostic. « Vous serez soignés dans le canton », leur répète-t-on. Mais trois mois plus tard, lorsqu’ils sont enfin attribués à un canton, le recours au TAF est déjà rejeté, et ils ne doivent plus attendre que l’exécution de leur renvoi.
Les autorités, censées statuer sur la protection que la Suisse offrirait aux victimes de tortures, ont dénié les violences endurées par cette famille et leur douleur. Elles ont organisé la procédure de telle sorte que les événements importants concernant leur demande de protection ne puissent pas être formulés à temps. La famille est maintenant exposée à une exécution forcée du renvoi. Le canton de Vaud a déjà prononcé une assignation à résidence, c’est-à-dire prépare une descente de police prochainement au centre EVAM de Valmont pour une opération de renvoi musclée, à l’encontre de personnes ayant subi des atteintes extrêmes et multiples à leur intégrité, donc fragilisées, désorientées et déstabilisées.
L’enfant elle-même a été témoin d’horreurs effroyables qu’elle ne peut pas expliciter à son âge. L’arrivée soudaine de la police pendant son sommeil et le changement radical de son environnement induit par l’exécution du renvoi seront une nouvelle expérience de la force extrême des adultes sur son existence, et de l’impossibilité que ses parents ont de la protéger, une nouvelle atteinte contre son sentiment de sécurité. En tant qu’enfant, sa situation personnelle est négligeable du point de vue des autorités qui considèrent qu’elle ne fait que suivre le sort de ses parents.
La procédure de renvoi Dublin fonctionne ainsi comme un multiplicateur de violence, un processus administratif par lequel la torture est niée ou ignorée, dans le but politique impérieux de renvoyer hors du territoire suisse le plus grand nombre possible de requérants d’asile considérés, en tant que tels, comme indésirables. L’objectif de répression dépasse de très loin toute considération en rapport avec les fondements mêmes des droits de l’homme, qui sont la lutte contre la torture et la protection accordée aux victimes d’actes inhumains et dégradants.

Pour citer ou reproduire l’article :
Violence contre les femmes : l’indifférence du SEM, mars 2018, http://droit-de-rester.blogspot.ch/