Et les échos de la conférence de presse du lundi 13 mai:
Dans 24 heures, 13 mai, en ligne
Le Matin, 13 mai, en ligne
dans Le Courrier du mardi 14 mai:
Le renvoi forcé d’une famille scandalise
Des députés vaudois tirent la sonnette d’alarme sur les conditions d’expulsion d’une famille en Géorgie.
ASILE
Des représentants de la société civile et des députés tirent la sonnette d’alarme. Les conditions de renvoi d’une famille géorgienne en avril dernier les scandalisent. Ils demandent au Conseil d’Etat de tout mettre en œuvre pour la faire revenir.
L’expulsion de la famille D. à Tbilissi est-elle la goutte de trop? C’est ce que semblait affirmer hier le Collectif Droit de rester, soutenu par cinq députés vaudois. Tous sont choqués et scandalisés par les procédés utilisés lors de ce renvoi forcé.
Rappel des faits. Marina et Erik D. habitaient à Leysin avec leurs enfants. Alexander, 7 ans, Emily, 4 ans, et Miron, 2 ans. Tous trois sont tous nés en Suisse et ne parlent pas un mot de géorgien. Les deux plus grands étaient scolarisés. La famille logeait depuis six ans à Leysin dans l’appartement situé au deuxième étage d’une maison partagée avec la famille de Nicolas Vaudroz. Ce voisin a assisté le 14 avril à l’expulsion «brutale» de la famille. Au petit matin, des policiers ont débarqué et forcé la porte de leur appartement. «Des cris d’effroi ont résonné dans tout le quartier pendant une heure», témoigne-t-il. Il a tenté de s’interposer, mais en vain. Les policiers l’ont repoussé à plusieurs reprises.
Un renvoi dramatique
En Suisse depuis huit ans, toutes les demandes d’asile de la famille D. ont été refusées. Pourtant, le frère du père dispose d’une autorisation de séjour en bonne et due forme. Selon le député d’Ensemble à gauche Jean-Michel Dolivo, les circonstances du renvoi sont dramatiques: «La mère était ligotée aux poignets et aux jambes, attachée à une chaise roulante avec un masque sur la tête.» Elle aurait été transférée dans un fourgon séparé de ses enfants jusqu’à Genève. Le père, lui, a tenté de se suicider et a été ramené en ambulance jusqu’à l’aéroport.
La famille est pourtant déjà bien vulnérable. Les parents souffrent de problèmes de santé graves attestés par des médecins reconnus. Et l’aîné, Alexander, est atteint d’un trouble du spectre autistique ainsi que d’un trouble du développement de la parole et du langage.
«Après de telles conditions de renvoi, le Conseil d’Etat peut-il se regarder dans le miroir?» demande Jean-Michel Dolivo. Le député déposera ce mardi au Grand Conseil une interpellation et deux questions orales. Il s’interroge sur la prise en charge de l’aîné en Géorgie et souhaite davantage d’informations sur l’application du principe de proportionnalité.
Le Collectif Droit de rester s’est aussi adressé au Conseil d’Etat ainsi qu’au médecin cantonal pour demander pourquoi les certificats médicaux ne sont pas pris en compte lors des renvois. Une demande restée sans réponse. Plus encore, Droit de rester déplore le travail des médecins de la société privée Oseara, mandatée pour assurer une présence médicale lors des vols spéciaux.
De même avis, Raphaël Mahaim souhaite que les procédures médicales ne soient plus exécutées par cette société dont les médecins et infirmiers sont engagés «dans des conditions troubles». Le député dénonce une tendance «lourde» du Secrétariat d’Etat aux migrations à arrêter de prendre en compte les circonstances personnelles et la santé des personnes dans ses décisions d’expulsion. Il propose entre autres que plus de compétences soient octroyées au médecin cantonal pour bloquer des décisions pour considérations médicales.
Une pétition lancée
Le député socialiste Alexandre Démétriadès a rappelé quant à lui qu’il est «impératif que toute autorité d’exécution prenne en compte l’intérêt supérieur de l’enfant». Il a aussi pointé la non-application de l’amendement ajouté à la loi vaudoise sur l’asile qui prévoit que les mesures de contrainte ne soient appliquées qu’en dernier recours. C’est précisément ce point qui a fait réagir le vert’libéral Régis Courdesse. «Mon groupe au Grand Conseil est choqué de la façon dont cette famille a été renvoyée. Il faut respecter ce qu’il y a dans la loi.» Serge Melly, de l’Alliance du centre, a souligné que les procédés utilisés ont scandalisé au-delà des cercles habituels des défenseurs de l’asile.
Présent à la conférence de presse, le frère a expliqué que la situation de la famille en Géorgie n’était pas bonne. «Six organismes ont refusé de prendre en charge Alexander. Il ne veut pas parler, il veut rentrer à la maison, ici.» Une pétition, lancée par le voisin Nicolas Vaudroz, a déjà réuni plus de 1000 signatures. Elle demande que le Conseil d’Etat mette en œuvre toutes les démarches nécessaires pour le retour de cette famille à Leysin. Pour Graziella de Coulon, du Collectif Droit de rester, ses démarches sont tout à fait possibles: «Des familles sont déjà revenues.»
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